DRAKE « Certified Lover Boy »
Sorti depuis moins d’une semaine, le 6ème et très attendu album de Drake, au titre bravade de « Certified Lover Boy », littéralement « Garçon Amoureux Certifié », culmine déjà au sommet des charts. En tout 18 titres sur près de 90 minutes de musique et comme d’hab une armada de hits potentiels et de guests prestigieux, le Canadien dépassera t’il son fameux prédécesseur de 2018 « Scorpion » qui était parvenu à battre le record du nombre de singles simultanés jusque-là détenu par … les Beatles … les paris sont ouverts !
C’est sans doute un clin d’œil comme Drake est si souvent accoutumé car son 6éme CD, le successeur de son « Scorpion» à succès ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/le-scorpion-de-drake-ne-manque-pas-de-piquant.html ) attaque carrément par… un sample de « Michèle » des Fab Four sur le titre « Champagne Poetry ». Car non seulement notre feuj canadien favori, depuis le départ du prophète Cohen, avait explosé le record de hits des Beatles ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/mazel-tov-drake-plus-fort-que-les-beatles.html ), il avait aussi célébré cet exploit en se faisant tatouer sur l’avant-bras … lui-même traversant Abbey Road AVANT les Fab Four ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/drake-se-fait-tatouer-traversant-abbey-road-avant-les-beatles.html ). Mais on se doute bien que les Beatles ne sont bien entendu pas l’unique surprise du disque. Coté invités, cela se bouscule au portillon Jay-Z, Lil Baby, Future, Young Thug, Travis Scott, Lil Wayne et (entre autres) Kid Cudi sont à ses côtés, derrière le micro. Après le sample des Beatles, Drake s’attaque à Montell Jordan, mon vieux complice des années BUZZ en samplant le cool « Daddy’s Home », sur son « This Is How We Do It » inaugural de 95, qui devient ici un « Papi’s Home » mélancolique et quasi gospel. Cependant, c’est avec le titre suivant, « TSU », le fils spirituel de son émotionnel « God’s Plan » que Drake commence VRAIMENT à me faire craquer. On y trouver trois samples, un de NYSYNC ( « Saiing »), un second de Justin Tilberlake ( « Until The end Of Time »), mais c’est le troisième qui fait polémique, puisque signé de R Kelly extrait de son titre « Half On a Baby ». Or depuis ses procès à caractère sexuel, R Kelly, qui peut certes encore compter sur quelques fans, est devenu carrément toxique. Cependant, le producteur de Drake s’en explique dans le NME : « Sur une chanson intitulée « TSU », au début, il y a un échantillon d’OG Ron C qui parle. Derrière cela, faiblement que vous ne pouvez même pas entendre, il y a une chanson de R Kelly qui joue en arrière-plan », explique Noah « 40 » Shebib. « Cela n’a aucune signification, il n’y a pas de paroles, la voix de R Kelly n’est même pas présente, mais si nous voulions utiliser la voix de Ron C, nous étions obligés d’utiliser la licence… il n’y a pas de véritable R Kelly présent et c’est un peu trompeur de le créditer en tant que co-parolier. » CQFD. Cherchez la femme… on la retrouve souvent chez Drake, la preuve dans « Pipe Down», la suivante, il demande à une femme combien il doit dépenser pour qu’elle se taise. Le tout en mode délicatement groové. Avec « No Friends In the Industry » ( pas de potes dans l’industrie musicale), il sur-joue la bravade de « nul ne m’aime », un peu chien battu, mais toujours forcément conquérant. Et vu le nombre de guests sur l’album, on ne peut qu’en douter. N’oubliant jamais que son archi-rival Kanye West a publié son « DONDA » quasi simultanément à ce « Certified over Boy », dans « 7am on Bridle Path » il embraye sur un très long monologue sur les fardeaux de la célébrité, égratignant Kanye au passage sur un cool groove mélancolique qui permet à Drake de balancer ses rimes assassines. Mea culpa de la part de notre star… dans « F-ing Fans », un titre supposé évoquer Rihanna entre les lignes où regrette toutes les fois où il a trompé sa petite amie avec « des filles qui aiment sa musique. » « Il est difficile pour moi de justifier les femmes que je fréquentais », chante-t-il, « la condescendance dégoulinant comme du miel. Surtout quand le monde entier souhaitait t’avoir ».
Coté collaborations et invités, « CLB » offre de nombreuses occasions de se réjouir. Et au premier titre celle avec Future sur la sombre « N2 Deep », portée par un sample discret de Jay-Z . Future, que l’on retrouve également, accompagné de Young Thug sur la bien nommée et entêtante « Way 2 Sexy »… décalquée du one hit wonder de Right Said Fred « Too Sexy » de 91. Mais c’est avec Jay-Z que Drake prend toute sa mesure « Love All » n’est pas juste émotionnelle, mais carrément irrésistible sur son sample de l’intro du mythique « Life After Death » de Notorious B.I.G ou Jay Hoova fait couler son flow si puissant. De même, la collaboration avec le surdoué Kid Cudi se révèle l’une des plus fructueuse du CD sur « NY2 », composition aérienne de la meilleure facture. En duo avec Lil Baby sur « Girls Want Girls », Drake conserve toute sa coolitude, même lorsqu’il évoque la bisexualité et l’amour entre filles. Mais c’est avec la lumineuse « You Only Live Twice », en collaboration avec Rick Ross, que notre canadien joue sa chutzpah au max balançant sans fard : « Pas sûr que vous le sachiez, mais je suis en fait Michael Jackson », rappe-t-il ajoutant, « L’homme que je vois dans le miroir est en fait en train de devenir platine » – un euphémisme rare et modeste de la part d’un artiste dont le précédent album, « Scorpion » de 2018, est devenu cinq fois platine. Presque une samba, sans doute l’un des titres les plus originaux de ce « CLB » « Fountains » balance son beat tropical, africain et futuriste avec la jeune chanteuse nigériane Tems. Enfin il y a une dernière perle dans ce projet, ce superbe duo jazzy avec la Adele de Memphis, Yebba qui l’accompagne sur le nonchalant « Yebba’s Heartbreak ».
Vous l’aurez compris ce « Certified Lover Boy » ne manque pas d’atouts sous sa pochette surprenante, conçue par Damien Hirst, en forme d’emojis de femme enceintes qui soulève au moins une question : notre « Garçon Amoureux Certifié » attendrait il bientôt un nouvel heureux évènement, un second kid ? En tout cas, l’objet n’a guère tardé à être massivement détourné sur le net a grands renforts de memes plus ou moins ridicules, mais comme le disait l’immense Léon Zitrone au siècle dernier : « Qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel est que l’on parle de moi ». Et, croyez moi-même or not, on n’a pas fini de parler de ce « Certified Lover boy »