« Impeach the President » le funk de 73 que tout le monde va écouter
C’est une chanson vieille de 46 ans d’une brulante actualité retrouvée par Vice. Judicieusement intitulée « Impeach the President ( Destituer le Président) est signée Roy C, un musicien de Washington qui l’avait enregistrée avec des kids de son quartier, publiée sous le pseudo de The Honey Drippers. Au vu des événements actuels, elle n’aura jamais été autant cruciale.
Bien entendu, « Impeach the President » s’adressait alors à Richard Nixon, qui battait de l’aile depuis des mois, plombé par le scandale des écoutes du QG du parti démocrate dans le fameux immeuble du Watergate à Washington. Près de cinq décennies plus tard, le magazine US Vice a retrouvé Roy C, dont le titre certes obscur puisque recalé de la major qui l’avait signée sans doute par parano politique est finalement sorti sur le petit label indé Alaga Records, basé à Jamaica dans la banlieue de NY. Au plus fort du scandale du Watergate, ce chanteur soul nommé a eu l’idée d’une chanson. Il réunit un groupe de lycéens noirs qu’il baptise The Honey Drippers, et après quelques répétitions, compose un titre infernal sur le la procédure d’impeachment lancée contre le président Nixon. Le résultat est un incroyable brulot funky, mais qui hélas restera trop longtemps anonyme. Il avait réussi à signer sur une major à l’époque, mais ils ont refusé de le sortir. Roy C dit qu’il comprend pourquoi. « Mais je n’avais rien à perdre. », « , a-t-il déclaré, dans une interview accordée à VICE News. Il l’a donc publié sur son propre label indé. Mais sans jamais remporter le succès mérité, faute de promo, jusqu’à ce que le hip-hop s’en empare. Mais hélas seulement pour la partie batterie et non pas son entêtant refrain politique. Car plus de dix ans plus tard, le producteur Marley Marl l’utilise comme base pour « The Bridge ». Puis Audio Two utilise le même sample de batterie pour « Top Billin' ». Très vite, ces tambours inimitables se sont imposés et sont devenus un élément de base du hip-hop et du R&B avant de se répandre sur le reste de la musique pop. 2 PAC « Round and Round », Alanis Morissette, Mick Jagger, Amy Winehouse et plus de 500 compositions ont repris ce beat emblématique…sans savoir le plus souvent que la chanson à la base revendiquait cette destitution d’un Président.
Roy lui-même ne s’est rendu compte de son succès qu’environ 25 ans plus tard, à la fin des années 1990, découvrant qu’il avait été échantillonné après avoir entendu Janet Jackson chanter sur un rythme forcément familier. Ironiquement, la partie la plus célèbre de la chanson, le battement de tambour, était la partie que Roy C préférait le moins – du moins, au début. » Le batteur n’était pas si génial « , a-t-il déclaré dans son interview à VICE News. « Il m’a fallu beaucoup de temps pour le remettre dans le droit chemin. J’ai travaillé de nombreuses heures avec lui. » VICE News a rencontré Roy C dans son ancien magasin de disques à Allendale, en Caroline du Sud, pour savoir ce qu’il pensait de l’héritage de sa chanson et comment il espérait que Trump lui donnerait l’occasion de faire son retour. Il raconte comment les radios l’ont censurée à l’époque, car elles avaient la trouille du gouvernement US et comment le label Mercury a refusé de la publier pour les mêmes raisons, se contentant de le remiser sur une étagère. Mais Roy C tenait à ce que le cri de son groupe résonne, il a donc sorti le single sur son propre label, Alaga Records. Aujourd’hui dans l’écho de l’impeachment d’un autre Président, sa chanson prend un tout autre écho. Et pour peu que Donald Trump fasse un de ses fameux Tweets sur le sujet…car un peu de pub pour sa chanson ne ferait pas de mal à Roy C, car la seule ombre au tableau, c’est qu’il a perdu la majeure partie du copyright de la chanson et que par conséquent il ne touche qu’une fraction des colossaux droits d’auteur auxquels il pourrait prétendre. Quant à la pertinence de sa composition vieille de 46 ans, Roy C ne mache pas ses mots : « Cela me fend le cœur de voir un Président se comporter aussi mal dans sa fonction présidentielle », explique-t-il à Vice , « Alors même si je touche un peu d’argent, moi ce que je préfèrerais, c’est qu’il fasse enfin son devoir ». Roy C croit au pouvoir des chansons pour faire bouger les lignes et poursuit : « Il doit s’en aller et nous devons trouver un leader honnête et droit. La musique a ce pouvoir d’ouvrir les esprits. Bien sûr qu’il doit être destitué ! ». Pas une fois ce vieil homme digne ne citera le nom du 45éme POTUS, c’est une vraie leçon de vie. ( Voir l’entretien de Vice à la fin ).
Voici le texte de sa chanson, d’une brûlante actu :
« Mesdames et Messieurs
Les Honey Drippers sont dans la place ce soir
Ils viennent de rentrer de Washington, DC
Je pense qu’ils ont quelque chose à dire
[Verset 1]
Certaines personnes disent qu’il est coupable (qu’il est coupable)
Certaines personnes disent que je ne sais pas (je ne sais pas)
Certaines personnes disent, donnez-lui une chance (donnez-lui une chance)
Aw, certaines personnes disent, attendez qu’il soit condamné (jusqu’à ce qu’il soit condamné)
[Chorus]
Destituer le Président
Destituer le Président
Destituer le Président
Destituer le Président
[Interlude]
Mettre en accusation le Président
(Aw nah, on ne peut pas faire ça, man-nah, nah)
Mettre en accusation le Président (Tais-toi, imbécile !)
Destituer le Président
Destituer le Président
Destituer le Président
Destituer le Président
Aw, yeah
Derrière les murs, de la Maison Blanche
Il y a beaucoup de choses, que nous ne savons pas
Derrière les murs, de la Maison Blanche
Il y a beaucoup de choses, que nous devrions savoir
[Chorus]
Impeach the President (Aw, yeah)
Destituer le Président
Destituer le Président
Impeach the President (Ouais) » « Impeach the President