VERONIQUE SANSON : WELCOME BACK !

Palais des Sports

Intitulée « Les années américaines : tournée 2015 », le tour de France de Véronique Sanson passait vendredi et samedi par le Palais des Sports de la porte de Versailles, un véritable moment privilégié. Avec une pèche incroyable, la chanteuse de 66 ans a enchainé durant plus de deux heures les titres les plus emblématiques de ses premiers albums capturés aux USA, forcément les plus magiques, de l’aube au crépuscule des 70’s. Retour en grâce d’une des très rares chanteuses hexagonales qui soit jamais parvenue à dompter le rock and roll dans la langue de Molière. Magic Véro !

325Dans la pile de nos 33 tours de lycéens, parmi les Pink Floyd, Gainsbourg et Birkin, Neil Young, Manset, Bowie, les Beatles, les Who et les Stones, on trouvait également Yves Simon et Véronique Sanson. En 74, j’avais rapporté de LA son premier LP intitulé simplement Véronique Sanson au lieu de « Amoureuse » (sorti en France en 72), un « collector’s », une « radio station copy » promo où l’on retrouvait en anglais « I Needed Nobody » (Besoin de personne), « Green Green Green » (Vert, vert, vert, » et « Birds of Summer » (Dis lui de revenir) sur le label Elektra des Doors et de Jackson Browne. (en fait, le futé Berger fera également enregistrer à Véro des versions italiennes, espagnoles et allemandes). La production était signée d’un inconnu, Michel Berger, que je découvrais à travers Sanson et auquel je n’allais guère tarder à m’intéresser aussi. Entre ces deux artistes, on sentait un incroyable mimétisme, une manière de faire swinguer une variété Française qui se drapait alors dans ses plus beaux habits pop. Et surtout, on pouvait percevoir une fragilité amoureuse distillée par les touches de leurs pianos respectifs. Leur musique à tous les deux, hantée par l’amour, ne ressemblait à aucune autre. Hélas, juste avant la publication de son second album « De l’autre coté de mon rêve », où Berger s’était aussi beaucoup investi, en décembre 72, Véronique Sanson partie acheter des cigarettes, comme elle dit, s’enfuit aux États-Unis, sans prévenir quiconque, ni laisser de message. Rien. Nada.

Amoureuse

 

En fait , elle est tombée éperdument amoureuse – oui, exactement comme son album- d’un chanteur guitariste de légende : Stephen Stills, qui venait tout juste de fonder son super-groupe Manassas, avec l’ex-Byrds Chris Hillman et- le regretté-Dallas Taylor. Et c’est justement cette incroyable formation de musiciens légendaires de la West Coast qui va accompagner les premiers pas de Véro aux USA. Joe Lala aux percus, Lee Sklar à la basse, Russ Kunkel à la batterie et bien sûr son bass-hero de mari derrière la console pour veiller au grain. Enregistré sur la Brea, à LA, aux studios A&M, et au Record Plant de Sausalito, « Le maudit », son 3éme LP sera le premier d’une longue succession d’albums conçus sous la bannière étoilée. Bien entendu, en 1974, si le Nouveau Monde l’inspire tout au long de ce 33 tours, surtout musicalement, notre Parisienne conserve cet univers intime qui est le sien. A la fois impudique et secrète, elle chante « Christopher » cet enfant qu’elle vient de concevoir avec Stills ou bien « Véronique ». Avec un petit détour vers le nord de la Californie pour entendre sonner « Les cloches de Carmel ». Et puis, il y a cette entêtante chanson-titre « Le maudit (mais ta douleur efface ta faute ) », un véritable, authentique et puissant blues francophone. Sur l’album on retrouve aussi ce hit qui sonne…brésilien : « Alia Souza » chaloupée et tropicale, est enivrante comme une caïpirinha. Et tandis que Michel Berger Amoureuseexorcise son terrible chagrin amoureux dans de purs bijoux pop, Véro quelque part en fait autant de l’autre coté de l’Atlantique. Mais hélas, le succès ne suffit pas toujours. Lorsqu’en 76 elle enregistre l’emblématique « Vancouver », Véronique Sanson s’est déjà dans sa tête enfuie à nouveau. La love-story avec Stills n’a guère tardé à battre de l’aile. Alcool, dope et jalousie forment un terrible et explosif cocktail. « Sad Limousine » documente cette lente cassure. Mais, désormais, elle a Christopher dans sa vie. Et à ce moment, c’est la seule personne qui compte vraiment. « Vancouver », malgré, son titre, a été enregistré à Londres, avec un joli casting international de musiciens. Désormais, c’est Bernard Saint Paul qui tient les manettes de la production. Et la force de ces compositions c’est que dans leur quasi-intégralité chacune est un tube à sa manière. Mais la chanson-titre et la bouleversante « Étrange Comédie » sont sans conteste les puissantes locomotives de cet LP made in England et néanmoins « Américain dans l’âme ». D’ailleurs, un an plus tard, en 77 Véro revient à Los Angeles pour enregistrer le bien nommé « Hollywood » aux studios de son label US, Elektra et au Camden recorder dans la San Fernando valley. Deux Français sont au casting, Eric Estève qui chante sur « How Many Lies » et Alain Chamfort qui assure à lui seul tous les chœurs. La funky « Bernard’s song », l’hommage à son producer, caracole en tête de mes préférences. Et comme à son accoutumée, Véronique Sanson laisse une très large part à l’amour « L’amour est différent » mais aussi bien sûr au mensonge « How Many Lies » et à sa féminité avec la super boogie  « Féminin » boostée par ses cuivres, à l’instar cette éternelle fuite en avant , la lumineuse « Y’a pas de doute il faut que je m’en aille ». Deux albums « 7éme » en 79 et « Laisse la vivre » en 81 seront à nouveau enregistrés dans le Nouveau-Monde. Mais c’est dans l’espace francophone que la chanteuse remporte le plus de succès, et en France bien sur, où elle enchaine les concerts sold-out.

Palais des Sports

 

Chris & VéroComme en 81, dans ce Palais des Sports de la porte de Versailles…où elle joue justement ce soir, 34 années plus tard bouclant ainsi ce long périple qui la ramène aujourd’hui en pleine lumière. Mais d’abord, il y a ce fils qui a considérablement grandi, 41 printemps, Chris Stills, qui ouvre les concerts de sa maman. Normal, c’est elle qui lui a enseigné le piano, tandis que papa Stephen, de son côté, l’initiait à la guitare. Au moins deux CD- dont l’excellent éponyme « Chris Stills » et un EP a anglais à son actif et malgré son indéniable talent, Chris a encore du mal à se faire un nom. Ce qui paraît, vu sa performance au Palais des Sports ce vendredi, être une parfaite injustice. À la guitare, avec une vraie dextérité au « picking » ou au piano, avec une belle fibre émotionnelle dans la voix, les nouvelles chansons de Chris Stills méritent indéniablement d’être éditées. Et si les labels sont trop frileux ou bien trop sourds pour s’en charger, le crowdfunding offrira à ce garçon de quoi financer un album neuf largement mérité. D’ailleurs, Chris avec sa guitare aura également sa place dans la lumière durant une partie du concert aux cotés de Véronique Sanson, fière et à juste titre de son fils. Quant à Véro, elle n’a pas vraiment démérité. Belle et fragile, mais à la fois si puissante et si présente, un sourire lumineux éclaire son visage et l’on sent qu’elle est véritablement aussi heureuse qu’épanouie face à son public et entourée de ses musiciens expérimentés qui la suivent depuis toujours. Petite bonne femme, pour une énergie maximale, elle paraît si heureuse de nous faire partager ses « années Américaines »- s’accordant une petite entorse avec « Besoin de personne » – mais nul ne s’en plaindra. L’émotion est sincère et maximale, au gré de ces chansons qui nous ont portés depuis les 70’s et qui ne sont absolument pas datées en 2015, preuve que le temps peut être parfois impuissant face au pouvoir du rock, comme celui de Véronique Sanson. Si elle parvient à insuffler toute cette belle énergie dans de nouvelles chansons, tous les espoirs sont permis. Welcome back, Véro !_veronique-sanson-

 

 

 

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1 réponse

  1. fanchette dit :

    Elle est une femme forte puissante en chantant mais fragile a la fois jusqu’à la folie. Respect pour Véronique elle fait partie de ma vie depuis mes 12 ans.

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