THE SHOES : « Chemicals »
Après Daft Punk, Woodkid, et désormais the Shoes, la France peut s’enorgueillir de posséder une incontestable maitrise de la scéne électro. Avec ce puissant 3éme CD intitulé « Chemicals », le duo post-atomique originaire de Reims se qualifie sans peine dans le peloton de tête des disques de l’année.
Au début, franchement je n’appréciais pas du tout the Shoes à cause d’un a priori à la con : au crépuscule des années 70, j’adorais…les Shoes, un groupe originaire de Zion dans l’Illinois qui avait sorti – entre autres-un joli brin de hit pop intitulé « Tomorrow Night » sur leur premier LP Elektra « Present Tense ». Mais comme je me refuse de demeurer un crétin tout le reste de ma vie, j’ai bien du admettre…que j’étais un écervelé de ne pas succomber à ce duo homonyme originaire de Reims. De plus, ils sont signés sur un petit label hexagonal qui nous a déjà apporté la claque magistrale de Woodkid : GUM (Green United Music). Mieux vaut tard que jamais, GBD fait son mea culpa et admet l’incontestable : the Shoes est un putain de groupe, doté d’une écriture sonore particulièrement originale. Guillaume Brière et Benjamin Lebeau appliquent à leur musique électronique la technique du hip-hop contemporain, un jeu subtil de séquences synthétiques superposées, ralenties, accélérées, décalées, parfois explosées, à l’image d’un kaléidoscope en 3D.
Enivrant champagne sonique
Parmi ses onze titres, « Chemicals » peut compter sur quelques hits solides, boostés par quelques featurings qualitatifs, qui mettent incontestablement l’imagination au pouvoir. Prenez « Drifted », sur ses vagues de synthés électro-choquées, the Shoes casse leur rythme, accélérant ou ralentissant au gré des césures, comme si Underworld rencontrait la quiétude de the Blue Nile. Même combat pour l’excellente « Feed the Ghost » qui oscille entre la pop planante de Todd Rundgren et les palpitations rétro-futuristes du Yellow Magic Orchestra. C’est certain, the Shoes a également beaucoup goûté à la New Wave d’OMD, New Order et Depeche Mode, mais qui saurait le leur reprocher ? Et si mon titre favori « Vortex of Love » puise ouvertement à cette source des 80’s, le « traitement » du son est lui par contre résolument tourné vers nos années connectées. Il faut également compter avec l’irrésistible et émotionnelle « Give It Away », pulsée par un funky beat rafraichissant aussi cool qu’harmonieux. Enfin « Instead » et son rythme délicatement hip-hop évoquent le Canadien à succès the Weeknd. Bref, d’un bout à l’autre de ce précieux CD, l’émotion à l’état brut transpire entre les nappes de synthés, trames subtiles en marque de fabrique du pétillant duo rémois et de son enivrant champagne sonique.