THE SECRET AGENT
Avec un titre pareil, et l’imprimatur de la BBC, on s’attendait à un nouveau James Bond. Il n’en est rien. THE SECRET AGENT nous fait remonter le temps sans la fameuse machine de HG Wells jusqu’au Londres du tournant de XXème siècle et « l’agent secret » en question n’est qu’un libraire qui donne dans la littérature coquine…tout en organisant des réunions secrètes d’anarchistes qu’il est chargé d’espionner pour le compte de la Russie tzariste. Hélas, dans cette série l’action est réduite à sa plus simple expression tandis que le bavardage est carrément de mise. THE SECRET AGENT sent la poussière et la naphtaline à un point tel que je ne suis même pas parvenu à la fin du premier épisode. C’est dire…
On se prenait à rêver à une folle « steam-punkitude », proche des MYSTERES DE L’OUEST débordant d’inventions à la Jules Verne. Ou à un remake de la série homonyme où Patrick McGohan incarnait John Drake. Hélas trois fois hélas, THE SECRET AGENT ferait passer DERRICK pour un film d’action. Là on se retrouve plongée dans une ambiance résolument rétro, on peut même dire carrément chiante entre LA DYNASTIE DES FORSYTE et CORONATION STREET. Inspiré du roman de Joseph Conrad publié en 1907, Wikipédia nous apprenant qu’on en est tout de même à la QUATRIEME adaptation ciné/télé de la même histoire (1967, 1972, 1992) …mais comme on dit quand la soupe est bonne…Anton Verloc incarne un personnage louche, propriétaire d’une librairie spécialisée « coquine » située au cœur du quartier chaud de Soho. A ses heures perdues, il organise dans son arrière-boutique des réunions d’anarchistes, jouant ainsi à leur insu les agents doubles pour le compte de l’Ambassade de la Sainte-Russie à l’aube de la révolution soviétique. Au début du premier épisode, Verloc y est « convoqué » pour rencontrer son nouveau contact, le Premier Secrétaire, un certain Vladimir qui lui explique tout de go que l’espionnage à la « papa » c’était fini. Vlad veut des résultats concrets quitte à piéger les apprentis révolutionnaires que fréquente Verloc.
Le capitaliste n’est qu’un cannibale
« Pas d’infos solides, pas de récompense » souligne-t-il. Avec son pur accent d’Oxford- il a manifestement fait ses études en Angleterre-, le « diplomate » lui donne carte blanche (en français dans les dialogues) pour piéger ses anars. Alors Verloc fait dans la surenchère : « Ils veulent notre sang, alors on va verser le leur. Le capitaliste n’est qu’un cannibale ». On découvre également que l’ami Verloc n’a pas vraiment fait un mariage d’amour. Sa femme Winnie ne l’a épousé que pour fuir un père violent et pouvoir s’installer avec son frangin autiste et sa vieille mère chez son libraire de mari. Pas charismatique pour un sou, Verloc porte toujours le même chapeau rond et pourtant il n’est pas breton 😉 Bref, vous l’aurez compris THE SECRET AGENT ferait passer un épisode de COLOMBO pour le dernier volet des aventures de Jason Bourne. Je crois n’avoir pas autant baillé devant un écran depuis des lustres. Diffusée sur la BBC en juillet dernier, cette série bavarde compte trois épisodes et, comme on dit là-bas, for God’s sake, il n’y aura pas de seconde saison. Ouf on respire…
Série diffusée sur la BBC entre le 17 et le 31 juillet 2016