THE CURE « Songs of a Lost World »

The CureRésumé des épisodes précédents : discographiquement, on peut dire que the Cure était aux abonnés absents depuis un sacré bout de temps… pas de compositions originales depuis 2008. C’est si dire si ce 14ème album-studio de la formation du fantasque Robert Smith était attendu comme le loup blanc. Et je suis d’ores et déjà en mesure de vous le confirmer :  le loup est bien blanc. Dès la première écoute, on se retrouve massivement hypnotisé par les longues et lentes séquences incantatoires de ce puissant « Songs of a Lost World » qui sonne comme une BO idéale pour affronter la fin d’un monde insouciant. En tout cas un disque majeur de cette année 2024.

The Cure

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Il y a un petit côté « Memento Mori » ( Voir sur Gonzomusic  DEPECHE MODE « Memento Mori » )  dans ce « Songs of a Lost World », non pas que the Cure s’inspirerait de Depeche Mode  ( Voir sur Gonzomusic   https://gonzomusic.fr/?s=Depeche+Mode)  , mais les huit nouvelles chansons signées Robert Smith partagent cette sombre et funeste vision du monde, de la vie et de la mort. C’est sûr, ici pas de festifs « Boys Don’t Cry » de dansant « Let’s Go to Bed » ni même de « Just Like Heaven », on est plutôt au rayon de « Desintegration » dans un rock intimement climatique et éthéré qui rejoint et, cela paraitra sans doute paradoxal à certains d’entre vous, celui bien planant de Pink Floyd. Mais en fait… pas tant que ça ! Car le même GBD se souvient de ce soir mythique du 17 décembre 1979 au Bataclan, lorsqu’il comptait parmi les quelque mille privilégiés qui assistaient au tout premier concert de Cure dans l’Hexagone. Et 45 ans après, les souvenirs en sont toujours aussi vivaces. The Cure sur scène, en silhouettes dans la pénombre et des projos blancs aveuglants braqués dans le public. Et surtout, la claque hallucinante dès le vrombissant « Seventeen Seconds » d’une puissante et imparable machine rock qui me rappelait déjà le Pink Floyd de « Echoes ». Alors, il faut croire qu’avec l’âge, notre ami Smith a laissé dériver son âme New Wave vers la coolitude contemplative hippie. Car à l’écoute des sublimes et élégantes séquences de « Songs of a Lost World » on se laisse porter par la voix de Robert, entre assourdissantes et folles distorsions, et élégantissimes parties de cordes qui s’envolent à tire d’ailes angéliques ou diaboliques ? That’s the question et chacun devra y trouver sa propre réponse, dans cet album chromatique. Tout commence par « Alone », le single avant-coureur de l’album, révélé en septembre dernier. Dès sa longue et lente intro propulsée par les violons, on sait qu’on est immédiatement téléporté dans cette galaxie Cure où nos spaceships persos vagabondent depuis le crépuscule des 70’s. C’est sombre et mélancolique, aérien et slow-motion… bref, carrément planant. D’ailleurs, il faut savoir patienter trois minutes et vingt-cinq secondes, le temps d’un 45 tours des Beatles ou des Stones, avant de rencontrer enfin un être humain dans cette odyssée spatiale. Et tant pis si notre Robert n’est pas bien gai lorsqu’il entonne :

« C’est la fin de chaque chanson que nous chantons/ Le feu s’est consumé en cendres/ Et les étoiles se sont assombries avec les larmes/ Froid et peur/ Les fantômes de tout ce que nous avons été/ Nous trinquons avec la lie amère de notre vide »

The CureC’est certes grandiloquent, presque crépusculaire wagnérien, mais on succombe à toute cette fulgurante noirceur, cette douleur intrinsèque que nous partageons avec lui. Avec le second titre, le magnifique « Nothing Is Forever », on n’est pas non plus précisément dans registre du french cancan, bien au contraire. On se laissé délicatement porter par cette envolée de violons classiques aux accents de « The Long and Winding Road » et piano avant de finalement ( à 2’ et 47’’ tout de même, on ne peut pas dire que Cure soit avare coté intro ) s’accrocher à la voix du chanteur, tel le naufragé à sa bouée pour survivre à la tempête qui l’a fait chavirer. Rien n’est éternel, et surtout pas l’amitié, Robert Smith joue entre la vie et la mort pour traduire sans doute ces autres sentiments qui l’animent, depuis qu’il a dû affronter tant de tragédies personnelles dont les plaies ne se sont toujours pas refermées. Et c’est un peu la même idée avec la délicate et nostalgique « A Fragile Thing » aux troublants accents de « Lullaby »… qui figurait justement sur « Desintegration ». Puis avec « Warsong », qui démarre sur son harmonium, on ouvre largement la porte aux apocalyptiques distorsions en slow-motion… et c’est à cet instant qu’on se souvient que Reese Gabrels, le guitariste qui a rejoint Cure en 2012, est bien le même Reeve Gabrels qui a entrainé Bowie dans l’aventure Tin Machine sans lendemain. Bon, fort heureusement pour nous, Reese a mis de l’eau dans son vin et ces saturations soniques restent dans le domaine du possible.

 

The Cure« Done Nodrone » se révèle forcément futuriste, porté à son paroxysme par les cris de douleur des distorsions. Mais c’est la troublante « I Can Never Say Goodbye » qui parvient à faire battre nos cœurs juste un peu plus vite. Directement inspirée par la disparition tragique de son frère, Smith y épanche toute sa douleur. Et en la partageant avec nous, cette douleur devient la nôtre dès que monte sa voix à 2’ 26’’, mélancolique et puissante, fascinante et subjuguante, comme une éclipse solaire. Toute cette tristesse ne peut être vaine, le chanteur exorcise sa peine avec « I Can Never Say Goodbye » ; sans pouvoir l’effacer, il prouve que l’on peut apprendre à vivre avec. Après la déchirante « All I Ever Am », peut-être ma chanson la moins préférée du disque, on retrouve l’ivresse des stratosphères avec la bien nommée et incantatoire « Endsong »… laquelle, comme son nom l’indique, achève cet album du grand retour de the Cure, avec une séquence de plus de dix minutes. Vous avez dit Pink Floyd ? Les crépusculaires guitares entrent à nouveau en action, lentement, inexorablement, pour une irrésistible ascension en direction des étoiles les plus distantes.  Et c’est tout simplement grandiose. « Songs of a Lost World » est un disque majeur qui documente, dans toute sa noirceur cette quête d’un autre monde, où l’espoir ne viendra pas se bruler les ailes en s’approchant trop près du soleil. C’est ainsi que The Cure prouve à nouveau qu’il sera toujours un des remèdes à ces tourments. Comme une sorte d’immortalité rock, en quelque sorte…

 

 

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2 réponses

  1. Gertin dit :

    The CURE…

    Tout simplement le plus grand groupe de rock au monde.
    ✨️THE CURE KING OF ROCK ✨️

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