SUZANNE VEGA « Flying With Angels »

Suzanne VegaDix albums-studio only en quatre décennies d’une époustouflante carrière, on ne peut pas dire que Suzanne Vega soit aussi prolifique qu’un Neil Young, par exemple. Mais c’est justement cette sincérité et cette rareté qui font de la chanteuse New Yorkaise, une artiste vraiment à part. La preuve par cet éclectique « Flying With Angels », attendu depuis onze longues années par tous ses aficionados où l‘interprète de « Luka » et de « Tom’s Diner » sort de sa zone de confort pour embrasser entre autres le funk, le rock, le blues sans oublier bien entendu ce folk qu’elle affectionne tant….

Suzanne VegaSuzanne Vega et moi, depuis plus de trente années et un documentaire pour Megamix sur Arte, tourné chez elle à New York, on peut dire que c’est une belle histoire d’amour ( Voir sur Gonzomusic NEW YORK CITY DIVA VEGA STAR ), une histoire qui se perpétue au fil des albums et de ses concerts ( Voir sur Gonzomusic SUZANNE VEGA LIVE FROM THE BLUE NOTE JAZZ CLUB NYC et aussi SUZANNE AND GERRY IN PARIS ). Cette fois, Miss Vega s’est confiée à son désormais fidèle Gerry Leonard, brillant guitariste et directeur musical de ses tournées pour co-écrire et produire les dix compositions éclectiques qui constituent ce « Flying With Angels » et le résultat se révèle particulièrement bluffant. Peut-être son album le plus surprenant depuis justement ce fameux « 99.9 F » de notre rencontre ?

Suzanne Vega by Ebru Yildiz

Suzanne Vega by Ebru Yildiz

« Speaker’s Corner » sous ses faux-airs de cool balade insouciante californienne comme bien souvent chez la Vega, la chanson aborde de front à la fois un problème politique crucial dans l’Amérique d’aujourd’hui : celle de la liberté d’expression qui s’use et s’érode dès que l’on n’en use pas. Mais aussi un thème beaucoup plus déchirant et personnel puisqu’en 2023, Paul Mills, le mari de Vega, poète et avocat spécialisé dans les droits civiques, venait de se remettre du COVID-19 lorsqu’il a été victime de deux attaques cérébrales qui l’ont rendu mutique, au point qu’il a dû réapprendre à parler. La suivante, « Flying With Angels » se révèle climatique et tendre, aérienne comme une « Marlene On the Wall » acoustique et entêtante chanson-titre qui file forcément à tire d’ailes, loin très loin au-dessus de la réalité quotidienne et sombre. Très originale et intense, « Witch » est d’abord une balade mélancolique qui se transforme soudain en rock incisif, quelque part entre Garbage, Pretenders et même U2, un binaire bien puissant auquel Suzanne ne nous avait pas habitué précédemment et qui devrait faire tourner bien des têtes. Mais c’est avec « Chambermaid » que notre Vega nous réserve la plus grosse surprise avec cette adaptation, presque un cover parfait, du mythique « I Want You » de Bob Dylan, où elle exerce son droit de regard, en modifiant les paroles de la composition du Zim’ pour un hommage aussi enamouré qu’appuyé, sans doute un autre des hits incontestables de ce nouvel album. Mais celle qui fait battre mon cœur juste un peu plus vite, c’est bien « Love Thief », gorgée d’une très surprenante soul-funkitude à la Minnie Riperton aussi sensuelle que chaloupée à laquelle notre Vega ne nous avait pas vraiment habitué.

Suzanne Vega by Ebru Yildiz

Suzanne Vega by Ebru Yildiz

Encore une ode à une héroïne précieuse de Suzanne, avec « Lucinda », composition blues country rock vouée au culte de Lucinda Williams ,  librement et musicalement inspirée par la vie de la chanteuse country folk née à Lake Charles, Louisiane. Depuis ses débuts avec « Luka » on sait que notre Vega ne saurait rester indifférente à la détresse des plus faibles, aussi face à la tragédie de l’invasion russe de l’Ukraine elle sort son arme la plus fatale : sa guitare et sa musique dans « Last Train From Mariupol », un blues folk à fleur de peau tout simplement déchirant. Puis « Alley » délicate et sensuelle me fait un peu songer à la jolie « Caramel » lorsque « Rats » s’impose comme l’une des plus speed, aux confins de la punkitude des Ramones, de Television et de Fontaines DC, pour un feeling intensément new yorkais. Cependant, elle est inspirée de l’expérience du COVID et de cette Grosse Pomme où les rats ont pu proliférer profitant de l’absence d’activité humaine durant cette sombre période. Enfin tout s’achève avec « Galway » et avec un titre pareil on songe forcément à l’Irlande, une des origines de son père biologique Richard Peck, qu’elle n’a rencontré que lorsqu’elle avait presque trente ans, feeling gaélique et cool intemporelle chanson pour achever cet album en beauté. Et l’on se dit après écoute que décidément cet angélique « Flying With Angels » porte admirablement son titre pour propulser au sommet cette magnifique collection de chansons.

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1 réponse

  1. Yazid Manou dit :

    Réponse du manager de Suzanne Vega : « I didn’t know GBD had such a long history with Suzanne. »

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