So long lovely Rita Brantalou
À nouveau c’est Ramon Pipin qui joue les porteurs de sales news. Voici quelques heures il nous a appris que son frère d’armes au sein des sémillants Au Bonheur des Dames, Rita Brantalou avait définitivement quitté l’hôtel. De son vrai nom Jacques Pradel – cela ne s’invente pas- il assurait à la fois la guitare et la basse de ces New York Dolls déjantés à la Française. RIP lovely Rita…
Ce n’est hélas pas la première fois que Ramon Pipin perd un de ses frangins d’Au Bonheur des Dames/ Odeurs. Voici six ans, il pleurait déjà le départ de Costric 1er d’Odeurs et nous avions republié son post émotionnel ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/lhommage-poignant-de-ramon-pipin-a-son-pote-dodeurs.html ). Aujourd’hui il accompagne de ses mots l’ABDD/ Odeurs Rita Brantalou et à nouveau je re-publie sont texte avec solidarité, émotion… et forcément rire aux éclats.
Par Ramon Pipin
Chers tous et toutes,
C’est avec une infinie tristesse que j’ai appris la disparition de Rita Brantalou, dans d’horribles circonstances. Il était un phare, un monument d’humour, sans doute la personne la plus drôle que j’ai côtoyée.
C’est en 1970, au travers d’une annonce dans Rock & Folk je crois, que nos chemins se sont croisés, il avait une jolie basse Gibson EB3 et une jolie fiancée. Il a intégré mon groupe de l’époque, IO, et nous avons fait pas mal de concerts, dont le festival de Biot sur la côte, avec Zappa, où nous étions descendus dans le tube Citroën du plombier de notre clavier Greco Casadesus. Des souvenirs brumeux mais inénarrables. Nous avions, je me souviens, pris Brigitte Fontaine et l’Art ensemble de Chicago dans le véhicule. Rita adorait montrer son cul à la fenêtre.
Puis Au Bonheur des Dames est arrivé, avec le succès que l’on sait. Je le revois habillé en layette sur une scène du sud de la France. Ses talents d’auteur pointaient bien qu’il eût fallu attendre Odeurs pour qu’il ponde ses chefs-d’œuvre : « Je m’aime », « L’amour », « Le cri du kangourou » puis avec ABDD plus tard « Roulez bourrés », « Pouet-pouet » et tant d’autres…
Il enrôla dix années avec Collaro, fallait bien croûter…
Un souvenir mérite d’être raconté, c’était à Poitiers je crois où Odeurs avait fait un concert. Rita voulait absolument coucher avec un parcmètre. Il était parti en arracher un qu’il avait glissé sous son anorak (il faisait froid) puis était passé devant la réception avec les pièces qui tintaient à l’intérieur. On m’avait prévenu et j’étais allé l’engueuler dans sa chambre où il étreignait son compagnon de ferraille dans son lit et lui avait ordonné de ramener l’engin de peur que les flics débarquent, alertés par la réception. Il m’avait obéi. Et je me souviens qu’il s’était carré un suppositoire dans le fondement chez Bocuse. Et cette soirée où, torse nu, il s’était enduit le corps de rillettes… En 2008, au Théâtre du Rond-Point, il avait lu ce formidable texte.
Diminué depuis quelques années suite à un problème de santé, je lui avais parlé il y a 2 jours et il se faisait une joie de recevoir l’album des Excellents, qui perpétue la tradition déconnante dont il fut, incontestablement, l’un des maîtres.