SIMPLE MINDS TRANSMISSION FROM PERTH
Voici 31 ans dans BEST, GBD retrouvait à nouveau, mais cette fois au téléphone live from Australia, son vieux complice Jim Kerr pour évoquer la publication de l’ « Amsterdam EP » de Simple Minds, successeur de leur « Street Fighting Years » à succès, porté par leur surprenante reprise du « Sign O the Times » de Prince. Flashback…
Situé précisément à la charnière de leurs albums « Street Fighting Years » ( 89) et « Real Life »(91) « The Amsterdam EP » était un joyeux OVNI dans la discographie de la formation de Jim Kerr. Quelques mois auparavant, j’avais rejoint les Écossais dans leur fief-studio de Lochearnhaed durant l’enregistrement de leur vibrant « Street Fighting Years » ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/avec-simple-minds-a-lochearnhead.html ). C’est dire si cette nouvelle publication de Simple Minds avait su piquer au vif ma curiosité. Voir ainsi Prince, que je suivais depuis ses débuts ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Prince ) repris par la bande de Jim Kerr que j’avais également très largement « couvert » pour BEST ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Simple+Minds ) ne pouvait forcément que m’enthousiasmer. Live de Perth en Australie au téléphone, cet entretien avec Jim Kerr n’était en aucun cas à passer par Perth et profit… bon, je sors 🤣
Publié dans le numéro 258 de BEST sous le titre :
SIGNE DE L’ESPRIT
Sur la pochette, le signe de la paix en est tout retourné, « Sign O’ The Times » instantané parfait du virage des 90’s est sans conteste la plus grosse surprise du moment. D’abord parce qu’il s‘agit de Simple Minds, groupe essentiel de la décade écoulée, et ensuite parce que cette reprise de la chanson-titre du LP de Prince en 87 marque une renversante révolution sonore pour ces Écossais au feeling illimité. Métamorphosé en funk rock futuriste, le son Simple Minds est absolument méconnaissable. Quant au texte dramatique en forme de prompteur de journal télévisé, il illustre parfaitement tous les chamboulements qui secouent la planète et l’épée de Damoclès du chaos qui pèse au dessus de nos têtes. Sida, crack, gangs, cyclone, misère, les thèmes évoqués par « Sign O The Times » sont si brûlants que je me suis pendu… au téléphone avec un Jim Kerr antipode dans sa chambre d’hôtel à Perth, Australie, pour en deviser dans l’écho d’un satellite.
« Si nous avons choisi de la chanter, c’est que nous nous identifions avec les visions de cette chanson. Lorsque je te parlais de « Street Fighting Years » et du chaos que nous traversons en cette fin de siècle, c’est un peu la même chose avec « Sign O The Times ». Quant au titre « The Amsterdam EP », il est purement géographique. Nous étions à Amsterdam durant une semaine pour travailler la bande-son d’une vidéo live et ça nous a pris beaucoup moins de temps que prévu. On s’est retrouvé avec trois jours de studio, le producteur Stephen Lipson et tout le matos. Si tu dis à un jeune groupe « hé les p’tits gars vous avez trois jours de studio où vous pouvez faire tout ce qui vous passe par la tête » ils sautent sur cette chance. Et nous, on est exactement comme eux. Aucune de nos nouvelles chansons n‘était assez avancée pour qu’elle soit enregistrée, mais nous avons tous craqué pour cette idée. Si tu regardes les précédents covers que nous avons faits sur disque « Street Hassle », « Biko » et « Sign O The Times« , nul autre que nous ne s‘y est jamais risqué, car il faut vraiment être givré pour les choisir.
Y a-t-il un lien entre cette chanson hantée par les ravages de la dope et le fait que vous ayez enregistrée à Amsterdam ?
C’est vrai j’ai pensé que c’était une coïncidence parfaite. Mais, hélas c’est une histoire triste que l’on vit un peu partout autour du monde. J’étais a Sydney la semaine dernière et les rues étaient pleines de types déchirés à l’ecstasy. Et les mêmes images se répètent dans toutes les villes, mais le fait que nous étions à Amsterdam était effectivement en parfaite synchronicité avec cette chanson.
Vous auriez pu aussi faire un cover d’« Amsterdam » ?
Jacques Brel, yeah… je crois que quelqu’un d’autre s‘en est déjà chargé avant nous. (rire)
Un nouvel EP aussi différent et si rapidement après la sortie du dernier album, c’est une drôle de surprise. Jamais vous n‘avez bossé à un tel rythme.
Tu ne crois pas si bien dire ; cette tournée s‘achève le 3 décembre à Auckland et avec Charlie nous attaquons les premières maquettes du nouveau Minds le 5 décembre. Et pourquoi pas ! II faut foncer, pas question d‘attendre. Trop de choses se passent actuellement dans ce monde à Prague ou à Berlin.
C’est magique de voir peu à peu avancer le monde dont nous rêvons tous ?
Exactement. Mais il ne faut pas basculer dans la folie et prétendre que tout est gagné. Je pense que pour les gens comme toi et moi ces exemples sont l’oxygène nécessaire pour que notre rêve continue ait progresser. Depuis mon arrivée en Australie, j’ai visité tous les musées aborigènes ; et tu connais comme moi I‘importance du rêve dans cette culture. Les aborigènes croient que le monde a été rêvé pour pouvoir exister. Lorsque je l’ai découvert, cela m’a vraiment fasciné, car je fonctionne de la même manière : j’essaie de rêver les choses pour qu’elles finissent par advenir. Ça n’est pas facile à exprimer au téléphone.
Comment te sens-tu ?
Bourré d’énergie. Et impatient, car j’ai hâte de plonger dans cette nouvelle décade pour voir les progrès qu’elle doit nous apporter. J’ai toujours préféré le futur, même si je respecte le passé. Les 90’s marqueront incontestablement la fin de l’ère industrielle et ce sera la panique, car nous ne savons pas de quoi sera fait le nouvel âge. Mais j’adore le fait d’être en vie à une telle époque.
Simple Minds a ouvert la voie pour une bordée de groupes écossais à succès, te sens-tu comme leur grand-frère ?
Si nous avons pu les aider, c’est fantastique ; mais je ne me sens pas comme leur grand frère, car cela signifie qu’il y a de la compétition pour nous maintenant (rire)… Si nous les avons aidés, c’est à croire en eux-mêmes et je pense que c’était le facteur-clef. Nous, nous avons toujours cru en Simple Minds, alors si nous les avons inspirés c’est super. Mais tu me connais assez Gérard pour savoir que je n’ai pas forcément plus de feeling à l’égard des groupes d’Écosse que pour les Islandais, les Français ou les Italiens ; mon feeling va d’abord à la bonne musique et à son esprit s‘il est positif. J’aime cette Terre de manière globale ; les frontières sont dépassées qu’attendons-nous pour les abattre ? »
Signe des temps comme un éclair d’espoir dans la tourmente, l’avenir appartient aux esprits simples. À la fin des 60’s, les Beatles envoyaient chaque année à leurs fans un single-cadeau de Noël. Depuis deux ans déjà, Simple Minds nous offre un EP militant au tournant de l’année nouvelle. Du pacifisme instrumental de « Jerusalem » aux interrogations funkées de « Sign O The Times » en passant par la perestroïka de « Let It All Come Down », le groupe de Jim Kerr signe — O The Times — cet « Amsterdam EP » d’un virulent « peace and love » pour que, cette fois, votre Christmas soit Merry pour de vrai et que cette New Year soit incontestablement et positivement Happy.
Publié dans le numéro 258 de BEST daté de janvier 1990