RYAN ADAMS AU TRIANON

Ryan Adams by Daniel Abecassis

Ryan Adams by Daniel Abecassis

C’était vendredi dernier 21 avril au Trianon, le new beat generation rock poète maudit mais cool Ryan Adams était de retour dans notre capitale pour nous emporter de ses balades d’écorché vif. Le natif de Jacksonville en Caroline du Nord a peut-être gagné en poids, il n’a semble t’il rien perdu de sa force de conviction et il le prouvait à nouveau sur scène à Paris invoquant justement les mannes du Lizard king domicilié à jamais dans notre Père-Lachaise. Un vibrant live report signé Daniel Abecassis.

Ryan AdamsPar Daniel ABECASSIS

Tu veux un billet pour aller voir Ryan Adams ? Ah bien sûr, je n’ai jamais vu ! Merci David ! Un concert de Ryan Adams au Trianon à Paris ce 21 avril ça ne se refuse pas.

 « Un homme, un piano, une guitare et un harmonica », un beau titre pour résumer le film d’hier. Parfois les pièges émotionnels arrivent comme ça, sans prévenir. Me voilà bien assis dans les premiers rangs et c’est tant mieux. Une voix off nous balance à plusieurs reprises « pas de flash à cause de la santé fragile de l’artiste ». Ryan Adams doit sans doute  être malade, la soirée va être difficile pour lui. Il arrive à 20h pile sur scène comme prévu. Non ce n’est pas son road manager mais lui-même, un peu méconnaissable, des kilos en trop. Fagoté « normal jean », essoufflé comme s’il venait juste de sortir du métro, il nous balance direct une première chanson « Oh My Sweet Carolina ». En un clin d’œil je me sens glisser dans un bain de douceur, une ambiance chaude et intimiste s’installe.  Ryan a emmené tout son salon avec lui, ses guitares son stock de Red Bull et quelques bouteilles d’eau. Dès la fin de cette première chanson un spectateur en retard se faufile avec hâte dans les premiers rangs. Ryan l’interpelle et le retardataire lui répond qu’il est navré d’avoir raté le début du show. Ryan lui dit d’un ton aimable qu’il va à nouveau rechanter ce titre pour lui. Surréaliste !

Ryan AdamsA cet instant je comprends que je ne vais pas m’ennuyer. Un pressentiment me parcourt l’esprit, il est fort possible que certains fantômes du Rock vont se pointer ce soir à la fête. Je pense instinctivement à Jim Morrison, l’attitude de Ryan, son humour sarcastique à jets d’acide. Il dégoupille son premier Red Bull et est bien parti pour boire tout ce qui traine autour de lui, nos cerveaux peut-être ? Une belle version acoustique de « Everybody Knows », un de ses joyaux de son coffre rempli de trésors, ainsi que le sublime « The Rescue Blues » et je m’enfonce dans une mélancolie soudaine. Des souvenirs remontent et flottent dans mon esprit, une nostalgie d’avant, quand la vie était presque normale. Ryan est venu la rétablir l’espace d’une soirée inoubliable. Dès les premières notes de « Been Down So Long » le fantôme de Jim Morrison me susurre à l’oreille  » tu es mon invité spécial, j’ai tout fait pour que tu sois là ce soir ». Big Thrills in The Trianon ! Ryan est à son cinquième Redbull et une bouteille d’eau pétillante quand il me glisse le »Dirty Rain » de son sublime album « Ashes & Fire ».

Le surdoué est aussi possédé de toutes sortes de démons, il m’emporte pendant l’ascension de son show dans son intimité. J’entends ce petit garçon perdu depuis toujours cherchant des réponses aux évènements de sa vie. Il a grandement besoin de son parterre de fans venus se faire enchainer. L’humour est une obsession chez Ryan, quand il ne chante pas il nous fait rire.  Il dévoile son intérieur pour mieux nous emprisonner dedans. J’étais tellement bien que je n’ai pas eu envie de sortir de ce labyrinthe douillet.  Je ne m’attendais pas à une telle déferlante de reprises des Doors, « Been Down So Long » « L. A Woman », « The Crystal Ship », « Car Hiss By My Window », « The End », « The Changeling ». J’ai été impressionné par ces versions raffinées.

Ryan Adams by Daniel Abecassis

Ryan Adams by Daniel Abecassis

Jim Morrison réside pour l’éternité à Paris, il attire toutes sortes d’écorchés vifs, en particulier des artistes fragiles tels que Ryan Adams. Celui-ci a pris du poids, fini le beau gosse d’antan. Plus que jamais il restera un artiste formidable. Sa version de  « When The Stars Go Blue » a bien failli me faire verser une larme, un autre gars au fond de la salle a du vraiment pleurer. J’ai adoré son « To Be Young (Is to Be Sad, Is to Be High) », un coup de fraicheur en fin de voyage pour me réveiller de ce concert hypnotique. Bien heureux sont ceux qui ont assisté à ce show et sont repartis pleins de forces. J’adore les petites salles qui font venir des artistes aussi immenses, qui arrivent à remplir avec leurs corps tout l’espace avec juste une voix sublime, un piano, une guitare et un harmonica.

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