ROD STEWART with JOOLS HOLLAND « Swing Fever »
La légende écossaise du rock British, Rod Stewart s’associe pour la première fois avec le célèbre pianiste, chanteur, compositeur, ex- Squeeze et fameux TV host, Jools Holland. Les deux artistes et amis affichent ces jours-ci leur « Swing Fever », 13 titres en hommage aux chansons intemporelles du Swing des années big band. Enregistré dans le studio de Jools Holland avec le Rhythm & Blues Orchestra à Greenwich, le résultat est un pur bijou intemporel qui a su faire gravement swinguer les neurones de JCM !
Par Jean-Christophe MARY
Le rock’n’roll reste une drogue dure dont on ne décroche pas facilement. La preuve par les papy du rock? Prenez le chanteur Rod Stewart et le pianiste jazz Jools Holland. A cette période de la vie où tant d’autres goûteraient une retraite bien méritée, les deux seniors continuer d’explorer la musique avec une forme et une vitalité étonnante. Et pourtant. Styles musicaux, générations, tout les séparait. Jusqu’à cette rencontre improbable. Coup de foudre immédiat entre le pianiste de jazz et la rock star qui décident de remettre au goût du jour de vieux standards du swing jazz. Avec sa signature vocale, son style et ses chansons, en 50 ans de carrière, Rod The Mod a transcendé tous les genres de la musique populaire. Le rockeur britannique connu pour des tubes comme « Maggie May», est l’un des artistes qui a vendu le plus de disques dans l’histoire de la musique enregistrée, avec environ 250 millions de disques et de singles vendus dans le monde. En février dernier, il cédait les droits d’édition de son catalogue pour près de 100 millions de dollars. Sa voix caractéristique passée au papier de verre, son style et son écriture ont transcendé tous les genres de musique populaire, du rock à la folk, en passant par la soul, le R&B et même le grand répertoire de la chansons Américaine ; ce qui fait de lui l’une des rares stars à avoir sortis des albums qui se sont hissés aux sommets des hit-parades lors de chaque décennie de sa carrière. Rod Stewart a remporté d’innombrables récompenses parmi les plus prestigieuses de l’industrie, dont deux intronisations au Rock and Roll Hall of Fame, l’« ASCAP Founders Award for songwriting », le « New York Times bestselling author ». En 2016, il a reçu le titre de « Sir Rod Stewart » après avoir été anobli à Buckingham Palace pour services rendus à la musique et ses actions caritatives. Au tournant des années 2000, le chanteur a régulièrement publié des recueils de standards de la chanson américaine « The Great American Songbook , I, II, III et IV » (dont GBD avait rédigé la bio à l’époque pour BMG : NDREC), sans oublier les albums classic du rock, de la soul ou encore les incontournables chansons de Noël.
L’ex-clavier du groupe britannique Squeeze, Jools Holland a lui commencé à jouer du piano « Barrelhouse », cette forme particulière de blues ou de jazz (l’équivalent du « honky tonk » dans la musique country) dès le début de sa carrière, insérant du boogie woogie sur les albums de Squeeze, le groupe pop rock new wave qu’il forma à la fin des 70’s. Au début des 90’s, Jools Holland est devenu une star à part entière en tant que présentateur de télévision, en lançant « Later… with Jools Holland », une émission de télévision musicale diffusée sur la chaîne BBC Two. Depuis la création de ce show, les plus grands groupes et musiciens de tous styles et horizons musicaux s’y sont produits en direct accompagnés au piano par Jools Holland. L’un des rares artistes qui n’avait encore jamais participé à ce show était Rod Stewart. Après avoir enregistré lors de la dernière décennie, 5 albums de compositions originales qui ne le satisfaisaient pas, Rod Stewart a contacté Jools Holland, lui demandant si lui et son Rhythm and Blues Orchestra seraient intéressés pour faire un album de reprises. Jools Holland accepta et le duo sélectionna ces 13 titres imprégnés de jump blues, de boogie woogie et R&B. Dans la forme, « Swing Fever » s’inscrit dans la veine des albums des « Great American Songbook » parus au début des 2000, s’appuyant sur des chansons jazz swing écrites avant l’avènement du rock & roll. Le « Good Rockin’ Tonight », immortalisé par Elvis Presley était au départ un titre jump blues écrit par Roy Brown et popularisé par Wynonie Harris en 1947. La chanson est construite autour d’une mélodie entraînante est aussi rapide qu’énergique. Le texte parle d’un homme qui chante les joies du rock’n’roll naissant. Dans cette nouvelle version, l’orchestration canaille débridée du big band épaule solidement Rod Stewart qui s’époumone en toute liberté, fait swinger les mots avec un large sourire et la bonne humeur joviale qu’on lui connait. On sent que le chanteur a la banane. De « Pennies From Heaven » à « Night Train » en passant par « Almost Like Being In Love » ou le rythm’blues ska « Walkin’ My Baby Back Home », on ressent de la joie dans ces titres, une joie non dissimulée. Rod s’éclate sur ces standards avec derrière lui un groupe solide dirigé par un Jools Holland qui martèle comme un beau diable au piano. Cette euphorie, cette excitation collective est certainement due au fait que les titres ont tous été enregistrés en live en studio. Tout comme « Good Rockin’ Tonight », « Lullaby Of Broadway et « Tennessee Waltz » sont des chansons emblématiques qui ont résisté à l’épreuve du temps. Créé en 1935 par Ethel Waters Hanson « Lullaby Of Broadway » possède une mélodie envoûtante portée par les saveurs ska du R&B. La chanson country « Tennessee Waltz » (1948) de Pee Wee King qui a l’origine était plus lente, prend ici une tournure joviale et endiablée qui mets en relief le texte de cet homme qui chante la beauté du Tennessee et la femme qu’il aime. Le reste de l’album contient des standards du swing américain des années 1930 et 1940 à l’exception de « Love Is The Sweetest Thing » du chef d’orchestre britannique Ray Noble. Parmi les moments forts, le « Oh Marie » de Louis Prima que Rod fait swinguer avec le style cat de l’époque. Ces classiques qui retrouvent ici une nouvelle jeunesse, continueront d’être appréciés longtemps par les amateurs du genre. A noter que Rod Stewart fera ses adieux à la scène le 30 juin au Zénith de Paris.
« Swing Fever »
Titres :
Lullaby Of Broadway
Oh Marie
Sentimental Journey
Pennies From Heaven
Night Train
Love Is The Sweetest Thing
Them There Eyes
Good Rockin’ Tonight
Ain’t Misbehavin’
Frankie And Johnny
Walkin’ My Baby Back Home
Almost Like Being In Love
Tennessee Waltz