RIP IDIR, LE DYLAN KABYLE ET DAVE GREENFIELD DES STRANGLERS
Triste série noire pour la musique, samedi dernier l’immense Idir, le Bob Dylan de la musique kabyle, est décédé chez nous, à Paris à seulement 70 ans, terrassé par le Covid-19 et, hélas le lendemain dimanche, c’est au tour de Dave Greenfield, le clavier des Stranglers de disparaitre à 71 ans, il avait contracté le fucking virus après un séjour prolongé à l’hôpital pour des problèmes cardiaques. Immense tristesse pour deux artistes majeurs.
Idir était l’interprète de la fameuse « A vava inouva » parue en 1976. Chanteur algérien, il revendiquait fièrement son identité kabyle envers et contre toutes les censures du pouvoir algérien. Il est d’ailleurs assez paradoxal, voire cynique, de voir aujourd’hui le dictateur-président algérien Abdelmadjid Tebboune se fendre d’un tweet pour encenser Idir : « Avec sa disparition, l’Algérie perd un de ses monuments », lorsque le même dirigeant jette sans vergogne sur la paille humide des cachots quiconque de ses citoyens ose brandir un drapeau kabyle. Cependant l’heure n’est pas à la polémique, mais au chagrin. « Nous avons le regret de vous annoncer le décès de notre père (à tous), Idir, le samedi 2 mai à 21h30. Repose en paix papa », indique le message publié sur la page Facebook officielle du chanteur par sa famille. Idir vivait depuis des années à Vauréal, près de Cergy Pontoise et souffrait d’une fibrose pulmonaire.
De son vrai nom Hamid Cheriet, Idir est né le 25 octobre 1949 à Aït Lahcène, près de Tizi-Ouzou, capitale de la Grande-Kabylie. Alors qu’il se destine à être géologue, un passage en 1973 sur Radio Alger change le cours de sa vie : il remplace au pied levé la chanteuse Nouara. Sa chanson en langue berbère « A vava inouva », qui évoque les veillées dans les villages kabyles, fait le tour du monde, à son insu, pendant qu’il fait son service militaire. Mais c’est à Paris où il débarque en 1975 que le chanteur enregistre son tout premier LP lui aussi intitulé « A vava inouva ». Dès lors, Idir restera basé en France. Après une longue pause artistique, il reprendra du service dans les années 90 sur la lancée des héros du raï Cheb Khaled et Cheb Mami et publie en 99 son album « Identités », où il fusionne la musique de son pays aux sons de l’occident pour apporter sa propredéfinition de la world-music, partageant son micro avec Manu Chao, Dan Ar Braz, Zebda, Maxime Le Forestier ou Gnawa Diffusion, Gilles Servat, Geoffrey Oryema ou encore l’Orchestre national de Barbès. En janvier 2018, le chanteur, qui militait pour la reconnaissance de l’identité culturelle de la Kabylie, revient dans son pays pour chanter à Alger après 38 ans d’exil. Idir, avait été hospitalisé vendredi à l’hôpital Bichat-Claude Bernard à Paris, il a succombé à cette damnée maladie pulmonaire et devrait être enterré en région parisienne. Il avait 70 ans.
Et le lendemain, c’est au tour de Dave Greenfield, le clavier des Stranglers de s’éteindre, à seulement à 71 ans et après avoir contracté le virus après un séjour prolongé à l’hôpital pour des problèmes cardiaques. Il avait signé l’un des plus gros hits du groupe de Guilford dans le Surrey, « Golden Brown », une composition sur l’héro, devenue numéro deux du hit-parade britannique des singles en 1982. Le bassiste- chanteur des Stranglers et dernier membre fondateur, Jean-Jacques « JJ » Burnel, a rendu hommage à Greenfield en tant que « génie musical », écrivant : « Le soir du dimanche 3 mai, mon grand ami et collègue de longue date de 45 ans, le génie musical qu’était Dave Greenfield, est décédé comme l’une des victimes de la grande pandémie de 2020.Tous les membres de la famille des Stranglers du monde entier pleurent et adressent leurs plus sincères condoléances à Pam [la femme de Greenfield] », tandis que le batteur Jet Black déclarait : « Nous venons de perdre un ami cher et un génie de la musique, et le monde entier aussi. Dave était un musicien tout à fait naturel. Ensemble, nous avons fait une tournée mondiale sans fin et il était clair qu’il était adoré par des millions de personnes. Un immense talent, une grande perte, il nous manque beaucoup ».
Né à Brighton, sur la cote, David Paul Greenfield s’est toujours distingué pour le son si particulier de son clavier et son jeu distinctifs sur des instruments aussi divers que le clavecin et l’orgue électrique Hammond, au point qu’on le comparait souvent à son alter ego, Ray Manzarek des Doors. Cependant, Greenfield racontait dans ses interviews qu’il était aussi influencé par d’autres fameux claviers. « Les seuls titres des Doors que je connaissais étaient « Light My Fire » et « Riders on the Storm », mais mes principales influences étaient probablement Jon Lord [Deep Purple] et, croyez-le ou non, Rick Wakeman [Yes]. » Greenfield était aussi amateur d’occultisme et portait souvent un pentagramme en pendentif sur les photos du groupe. La délicate et très Doorsienne « Golden Brown », restera son moment de grâce, même si pour la petite histoire, ses camarades de groupe l’ont d’abord écarté, car ils ne croyaient pas à son potentiel de single. L’histoire du rock leur aura donné tort ! Dave Greenfield sera à jamais associé à l’âge d’or des Stranglers, contemporains agités des Damned et autres Sham 69, qui ont su notamment grâce à son clavier si original, se renouveler en surfant très habilement entre provoc punk et modernité New Wave.
« No More Heroes », la reprise fulgurante de « Walk on By », « Hanging Around », « Always the Sun »,« So Nice in Nice » mais aussi des hits aussi obscurs que francophiles tels « La Folie » et l’extraordinaire « N’amènes pas Harry » sur la dope, les Stranglers, sans doute, en tant que groupe majeur, auront compté, avec the Clash, parmi les plus créatifs de toute leur génération « no future ». Après le départ du premier chanteur Hugh Cornwell en 1990, Dave Greenfield continue à tourner et à enregistrer avec les Stranglers. Cornwell, a d’ailleurs posté sur Twitter toute sa tristesse d’apprendre le décès de son ancien compagnon de route. « Il était la différence entre The Stranglers et tous les autres groupes punk », a écrit Cornwel, « Son talent musical et sa nature douce ont donné une tournure intéressante au groupe. On devrait se souvenir de lui comme de l’homme qui a donné au monde la musique de « Golden Brown » ». Le groupe, toujours en activité, aurait dû logiquement se trouver sur la route, mais il avait dû reporter sa tournée d’adieu en raison de la pandémie. Dave Greenfield, déjà hospitalisé pour ses problèmes cardiaques, avait hélas été diagnostiqué positif au Covid-19, le 23 avril dernier. Dans la semaine, son état n’a pas cessé de s’aggraver. Le clavier a succombé au killer virus, il venait de fêter son 71éme annive le 29 mars dernier. So fucking sad !