REGGAE OBSESSION PAR LAURENT ALLÈGRE

Manu Dibango & Jean Jacques Dufayet par Pierre René-Worms

Manu Dibango & Jean Jacques Dufayet par Pierre René-Worms

Des années durant, il a tenu la légendaire rubrique « Afriques » dans les pages de Rock & Folk avant de devenir mon estimé « patron » lorsque j’officiais à l’antenne de Radio France Internationale au cœur des 80’s, on ne vous présente plus Jean Jacques Dufayet, expert es-World music avant même que le terme ne fût inventé. Depuis qu’il a pris sa retraite, sa plume se fait hélas bien trop rare. Pourtant, il a choisi Gonzomusic pour mettre en lumière un ouvrage rare, un ouvrage ultime et complet sur la culture reggae « Reggae obsession » par Laurent Allègre qui a l’originalité de se pencher sur les multiples branches de cet arbre reggae, de Kingston bien sûr à l’Afrique en passant par l’hexagone, comme par les Antilles, un livre qui ne saurait laisser indifférent tout amoureux de cette merveilleuse et chaleureuse musique.

Reggae obsessionPar Jean Jacques DUFAYET

Puisque je suis sur Gonzomusic, je vais -très exceptionnellement- parler… de moi. (Pas trop, je vous rassure !) J’ai eu, à une période de ma vie, l’occasion de chroniquer du reggae dans divers magazines, et d’en diffuser (beaucoup) à la radio. Toutefois, je ne me suis jamais considéré comme un spécialiste du genre. Pour deux raisons : d’une part, je suis venu au reggae par le biais de la musique africaine, qui était ma vraie tasse de thé; et de la Soul, qui était ma passion originelle. D’autre part, je n’ai jamais accroché aux élucubrations rastas, qui me pompaient ferme. Après quelques interviews… fumeuses (dont une de Bob Marley à laquelle je n’ai toujours rien compris) je décidai donc de me concentrer sur la musique, sans trop me disperser avec leurs auteurs qui, à de rares exceptions près, ne m’inspiraient pas grand-chose. Comme on dit, quand on admire une œuvre, il est souvent préférable de ne pas fréquenter son créateur… C’est ainsi qu’à force de croiser dans tous les nombreux concerts reggae de cette fin des années soixante-dix une grande fille jolie et manifestement plus habitée que moi par la foi rastafarienne, je décidai de l’emmener un jour dans l’une des revues où j’officiais, et qu’Hélène Lee devint la VRAIE spécialiste du reggae. Manque de bol, elle rencontra ensuite Alpha Blondy et, dans la foulée, devint une concurrente sérieuse pour mon pré-carré africain ! (Nan, je plaisante, j’avais déjà quitté la presse écrite pour me concentrer sur la radio.) Bref, quand bien des années plus tard je reçois ce pavé magistral nommé Reggae Obsession, je réalise combien à quel point j’avais raison de ne pas me prendre au sérieux. Laurent Allègre, l’auteur, est lui un vrai pro de cette musique, et de son histoire. Son reggae, il le connait sur le bout des doigts. Pas seulement celui de Kingston; mais rien de ce qui s’est passé en France sur le sujet, depuis les années cinquante, ne lui est étranger. Savez-vous par exemple que Claude François avait été, mine de rien, un des artisans de la percée du genre dans l’hexagone ? Et Martin Circus ?… Plus connues bien sûr sont les phases reggae d’un Gainsbourg ou d’un Lavilliers. Mais vous souvenez vous de ces groupes « frenchies-reggae » ayant pour nom Fitt Band, Ganja, Azikmen, Beurk’s Band, et autres Ejectés… ?

GramacksDe la même manière, Allègre n’oublie pas de s’intéresser à l’arc antillais où, de Martinique en Guadeloupe en passant par la Dominique, les Gramacks, Exile One, Vikings, et autres Black Machine ont aussi répandu le reggae, entre cadencelypso et zouk. Et l’Afrique, bien sûr, avec notamment Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly,  Lucky Dube mais aussi les deux albums de Manu Dibango enregistrés à Kingston. Disquaires spécialisés, journalistes et DJ spécialistes du genre sont aussi répertoriés dans ce colossal ouvrage qu’on ne lit pas d’une traite mais qu’on picore, de ci de là, en réécoutant un bon vieux Spear ou un Toots. Et on se replonge dans l’ambiance enfumée du Palace, du Palais des Glaces, ou du Pavillon Baltard. Même si le reggae a vécu son âge d’or il y a quarante ans, le genre reste étonnamment vivant avec, en France, plusieurs fanzines qui lui sont encore consacrés, et de nombreuses émissions de radio sur Internet. Sans compter une nouvelle scène dub et sound system jamaïcaine. Mais, ça ce sera le prochain pavé de Laurent Allègre !

« Reggae Obsession » par  Laurent Allègre  Éditions Laurent AllègreReggae obsession

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1 réponse

  1. Quetaud dit :

    Comment faire pour le commander ? j’ai envie de l acheter mais je ne trouve pas le site pour l ‘acheter.

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