IDRIS ELBA : « Mi Mandela »
Le comédien-DJ-producteur Idris Elba est reparti en Afrique du Sud- après son film « Mandela: A long walk to freedom »- pour enregistrer ce « Mi Mandela’, un album-hommage vibrant à l’incroyable richesse des sons de l’Afrique extrême
A la fin des années 80, Paul Simon brave le boycott culturel qui frappait alors l’Afrique du Sud de l’apartheid pour enregistrer son sublime « Graceland ». Dans la foulée, le sud-africain blanc Johnny Clegg triomphe avec Savuka son groupe multiracial et le succès de sa chanson « Asibonanga », où il ose chanter Mandela, le plus vieux prisonnier politique du monde, participe largement à une prise de conscience mondiale qui aboutira finalement à sa libération, puis à son élection comme premier Président noir d’Afrique du Sud. Le comédien-DJ- producteur Anglais Idris Elba, bien qu’originaire du Sierra Leone s’est très largement identifié à ce combat pour la liberté. Dans le biopic « Mandela : a long walk to freedom » de 2013 (inspiré de l’autobiographie de Mandela), il incarne ce Madiba à l’invincible volonté qui a su mener son peuple sur le chemin de l’émancipation. Et cette rencontre avec l’Afrique extrême, sa culture en général et son extraordinaire richesse musicale lui a donné l’envie d’y retourner afin d’enregistrer ce très ambitieux « Mi Mandela ». Car même du temps de l’apartheid, l’Afrique du Sud se distinguait déjà par une incroyable créativité musicale, doublée d’un savoir-faire aussi qualitatif que celui de la Motown ou de Stax. C’est ce qui m’a de suite frappé au cours de mes reportages à Johannesburg où je partais à la rencontre de ces héros des townships méconnus du public blanc et adulés par les blacks. A l’écoute de cet album d’Idris Elba, je les retrouve en filigranes. Des artistes tels que le regretté Mahlathini, le « lion de Soweto » qui vocalisait aux cotés de ses Mahotella Queens, Myriam Makeba, Ray Phiri, le « Marvin Gaye » sud-af’ – chanteur guitariste prodige qui accompagnait déjà Paul Simon à l’époque de « Graceland »- ou encore Sipho Mabuse ont construit cette culture magnifique née du mbaqanga traditionnel, cet imparable, ancestral et émotionnel ghetto jive. Ce « Mi Mandela » leur rend très largement hommage avec des musiciens sud-africains d’aujourd’hui « castés » par Idris Elba. D’un bout à l’autre de l’album, ces compositions originales vibrent de toutes ces cool vibrations. Elba a également convié dans cette odyssée sonique Cody Chesnut, Mumford & Sons ainsi que des révélations « locales » tels que Maverick Sabre, Andra Mae ou George the Poet. Idris ne prête d’ailleurs sa voix grave qu’à la seule chanson-titre « Mi Mandela ». On parle déjà de lui pour incarner le prochain James Bond- après que Daniel Craig remplisse ses deux derniers contrats, « Spectre » qui sort à la fin de l’année et un prochain Bond au titre encore inconnu- mais on peut d’ores et déjà considérer que cette « mission » sud-af’ est très largement remplie. « Mi Mandela » déborde de couleurs et de soleil, une chaleur qui fait tant de bien au cœur, un réconfort si précieux dans cette période troublée.