REARRAY/ BLACK WORKS I / IMPASSE À L’OPERA GARNIER
C’est un sacré coup de ballet que s’apprête à donner l’Opéra Garnier pour 14 nouvelles représentations, enchaînant avec “Rearray” “Black Works I” et “Impasse” un spectacle aussi rare que précieux qui rassemble 154 danseurs dans une féérie qui a manifestement subjugué l’amateur éclairé JCM.
« Pousser au maximum les possibilités de la danse académique : telle est la démarche de William Forsythe dans les deux pièces de ce programme. Rearray, duo créé par Sylvie Guillem et Nicolas Le Riche pour le Sadler’s Wells à Londres en 2011, entre au répertoire dans une version revisitée pour les danseurs du Ballet ».
« Blake Works I », créé triomphalement en 2016 pour le Ballet de l’Opéra national de Paris sur des chansons de James Blake, est un hymne à la technique classique qui apparaît sous des lignes fracturées et une perfection géométrique, au son de sept chansons de James Blake. Le chorégraphe suédois Johan Inger, qui fait ses débuts à l’Opéra national de Paris, entrelace lui aussi une ligne classique avec un vocabulaire contemporain aussi énergique qu’onirique. Sur bande son d’Ibrahim Maalouf et Amos Ben-Tal, IMPASSE interroge la relation du groupe et de l’individu, semblant indiquer qu’on n’est jamais si fort qu’ensemble. Comme pour mieux illustrer la puissance du collectif alliée au plaisir de danser, trois représentations exceptionnelles s’ouvrent par le Défilé du Ballet.
Par Jean-Christophe MARY
Black, Work I
Avec Black Work I, William Forsythe a entamé son exploration de la musique de James Blake. « Immergé comme je le suis dans le ballet classique, j’ai toujours interrogé ces divers éléments et exploré comment ils fonctionnent dans des contextes différents. Dans ce cas, l’œuvre de James Blake, offre un contexte, neuf pour une interprétation plus traditionnelle des formes ». William Forsythe a par la suite développé cette œuvre jusqu’à la création d’une soirée complète, de black Works pour le théâtre à la Scala.
Rerray
Rerray a été créé à l’origine pour Sylvie Guilhem et Nicolas Leriche et produit pour le Sadler’s Wells Theater en 2011. William Forsythe remodèle aujourd’hui cette pièce sur la génération actuelle d’artistes du Ballet de l’Opéra national de De Paris et n’a retenu que les thèmes et propositions chorégraphique qui résonnent avec leurs compétences uniques. L’œuvre étant structurellement modulaire, William Forsythe a réarrangé les différentes sections pour créer une œuvre fondamentalement nouvelle.
IMPASSE
Comment combler le fossé qui se creuse au fur et à mesure que nous stagnons ? D’après Yoann Inger, notre monde d’aujourd’hui se définit par une situation dans laquelle aucune progression ne semble possible. IMPASSE montre que le comportement humain est enraciné dans la pression des pairs et la perte de soi causée par la séduction de flux incessants de « nouveautés ». Le chorégraphe problématise la facilité avec laquelle nous adoptons aveuglément ce que les autres disent ou font. Grâce à l’augmentation constante du nombre de danseurs sur le plateau et à la diminution simultané de la taille de l’espace scénique, IMPASSE provoque un sentiment d’urgence. Alternant moments d’humour et phases d’isolement maniaque, IMPASSE, laisse entendre qu’ensemble nous devrions être plus forts.
William Forsythe l’opéra national de De Paris.
William Forsythe entretient des liens privilégiés avec les danseurs de l’opéra depuis la création de France/Danse en 1983 et sa participation à l’académie chorégraphique de l’Opéra en 2015. Il a créé quatre ballets pour la compagnie : In The Middle, Somewhat Elevated (1987), Woundwork , Pas./parts (1999) et Black Work (2016), ainsi que fait entrer au répertoire. The Vertiginous Thrill of exactitude (1999), Approximate Sonata , Artifact Suite (2006), Of Any If And (2016), Trio et Herman Shmerman (2016).
Word For Word
Dans des costumes signés Chanel et sur une musique mêlant le piano et l’électronique, Word For World de My’ Kal Stromile s’inscrit dans la vision esthétique de son mentor William Forsythe. À partir de la technique classique, My’ Kal Stromile convoque toutes ses influences (danse moderne, contemporaine, hip-hop) pour entraîner les spectateurs, dans un jeu de reconnaissance et de découverte .
Défilé du ballet de l’opéra
Donné lors de galas ou de manifestations exceptionnelles, le défilé du Ballet est un rituel unique en son genre, propre à l’opéra national de De Paris, nulle autre compagnie au monde ne proposant ce cérémonial. Le premier Défilé fut réglé par Léo Staats en juin 1926, sur « l’Entrée des invités » de Tannhäuser de Richard Wagner, et ne fut donner que deux fois. En 1945, Serge Lifar voulu reprendre ce Défilé, mais sur une autre musique « la Marche Troyenne » extraite de l’acte acte 1des Troyens d’Hector Berlioz. Le maître de ballet Albert Aveline en assura les répétitions et la première de cette nouvelle version fut présenté le 8 novembre 1946. Son déroulement n’a pas changé depuis : les danseurs arrivent lentement depuis le Foyer de la Danse situé à l’arrière de la scène et s’avancent jusqu’au proscenium pour saluer le public. Le cortège se déploie ainsi sur une profondeur de 46 m : il rassemble les 154 danseurs qui composent actuellement le Ballet de l’Opéra national de Paris, la centaine d’élèves, de l’école de danse et pour la première fois cette saison, les danseurs du Junior Ballet. L’ordre en est précisément réglé : les élèves se présentent en premier, la plus jeune ouvrant le défilé, puis les danseurs du junior ballet, puis les quadrilles qui succèdent les Premiers Danseurs. Les Choryphées et les sujets devancent les Etoiles qui se présentent, une par une, de la plus récemment nommée à la plus ancienne dans le grade. Les femmes ouvrent la Marche. Les hommes viennent ensuite. Costumes colorés, somptueuses lumières, ici tout concourt à la féerie. Ces 14 nouvelles représentations devraient vite récolter les faveurs du public.