PRESSING

Phil PressingEn 381 pages, Philippe d’Anière déroule son incroyable destin : fils de bourgeois lyonnais, batteur de Starshooter, le plus grand groupe punk de l’Hexagone, sous son alias de Phil Pressing, joaillier de luxe, self-made-man à LA, voyou, combinard et attachant à souhait, PRESSING, son autobiographie rock et éclatée se dévore d’une seule traite, avec le style d’écriture le plus bordélique qu’il m’ait été donné de lire depuis des lustres, comme un fils illégitime d’Audiard et de Gérard de Villiers, téléporté au XXIéme siècle.

Phil et moi, comment dire, c’est une longue histoire. On s’est rencontré au tournant des 80’s, lorsque je rejoins la rédaction de BEST et que Starshooter est au sommet du rock hexagonal, aux cotés de Téléphone. Lorsque Starshoote’ s’autodétruit en 82, Phil laisse tomber ses baguettes de batteur pour ses outils de joaillier d’art, un métier qu’il exerce quelques années à Lyon avant de s’expatrier à toute blinde, talonné par les flics lyonnais. Phil le beau gosse était tombé amoureux d’une femme, sauf que celle-ci se livrait à la prostitution et même s’il n’en tirait aucun enrichissement perso, notre putain de Code Civil est ainsi fait que, quiconque partage la vie d’une pute est réputé maquereau. Je me souviens que Jean François Bizot avait été fiché comme tel, juste parce qu’il était sorti quelques mois avec une péripatéticienne car ils étaient domiciliés à la même adresse. Du jour au lendemain, notre batteur s’en va moissonner (oui je sais, elle est facile, mais oh combien tentante 🤪)  à Los Angeles où Phil Pressing, immigré illégal devient entre autres…big boss grand manitou d’une entreprise de…pressing, avant de devenir un spécialiste réputé de la restauration nautique. De là à dire qu’il nous mène en bateau… Depuis son départ pour la Californie, on s’était un peu perdu de vue. Et puis, réseaux sociaux obligent, on est redevenus potes virtuels de Face de bouc, avant de se retrouver pour de vrai à LA en 2015 ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/exclusif-starshooter-refuse-de-se-re-former.html ).

Phil et son pressing 🤪

Phil et son pressing 🤪

 

 

Or sur Face de bouc, le Phil est particulièrement actif et ses posts corrosifs rédigés dans un français aussi fleuri qu’allumé récoltent souvent  leur moisson de « like », alors de phil… en aiguille, PRESSING décide un beau jour de se raconter à la première personne et c’est un sacré bordel. Mais un bordel familier, qui nous entraine des backstages de Starshooter aux entrepôts de dowtown LA, un bordel où l’on retrouve des visages familiers, hélas souvent disparus. Alain Pacadis et sa chemise à dentelle blanche, devenue grise mouchetée à force d’être portée de soirée en soirée, Philippe Constantin génial découvreur des talents du rock, rock-critic à BEST et pote du Floyd revivent entre les pages de ce livre. On y retrouve aussi bien vivant Marc Zermati, bouillant fondateur de l’open Market, de Skydog et inventeur des Festivals punk estivaux au crépuscule des 70’s.

Kent, Philippe Constantin & Phil Pressing

Kent, Philippe Constantin & Phil Pressing

 

 

Mais attention, PRESSING est tout sauf une énième biographie rock, où l’on se masturbe le cervelet pour savoir si l’on aurait dû prendre la piste 12 au lieu de la 14 sur le mixage final du hit. En fait, Phil Pressing, c’est plutôt Malko Linge et son bouquin est un SAS version rock and roll, qui nous entraine sur un grand roller-coaster de Lyon à Los Angeles, dans tout un tas de coups parfois foireux, parfois réussis, vécus à travers le prisme de la realité, des émeutes de South Central suite au passage à tabac de Rodney King à LA en 92, le terrible tremblement de terre du 17 janvier 1994 ou encore le tragique suicide de son épouse Kiki.Philippe d'Anière

 

 

Et, comme dans tout SAS, il y a des bagnoles, des Porsche, des Rolls, des Jeep, des Cadillac Eldorado. Il y a des filles de mauvaise vie, des professionnelles et des bourgeoises, du sexe, forcément moite et humide. Il y a des flingues, des guns, des shotguns même. Il y a des voyous, des Mexicains wet-backs sans papiers, des cow-boys le colt au ceinturon, des souteneurs qui relèvent les compteurs. Et des phrases dignes d’Audiard, genre « elle était belle pourtant, mais c’est la terreur du mac de devoir faire semblant d’aimer. C’est dur de bander dans un cul qui vous aime amis qui vous ennuie. » ou encore « Je suis bien, je viens d’échapper à une mort certaine, H le chef des Hells me fait une ligne de coke TGV…je suis frère et surtout sœur avec la gamine punk, surement pas age légal, petits seins ados dans un T shirt en maille, grande bouche violette et cheveux punk classique, jambes longues coupées d’une jupe qui devrait être interdite, rangers noires vernies lacées comme un corset, des yeux de carpe à tout subir si tu l’aimes et la dérouille un peu …assise en face de la table et des bougies…ça va !…Ok ! C’est pas ma faute si toutes les plus belles filles du monde sont avec les voyous ou les punks. ».

Philippe d'AnièreComme Phil cite son grand-père, lequel lui-même cite Ésope sur la langue à la fois la meilleure et la pire chose au monde, ce qui fait tout l’intérêt de ce PRESSING c’est son écriture riche et directe, revers de son principal défaut : un joyeux bordel littéraire, où l’on s’égare en permanence dans les flash-backs à répétition et l’absence totale de chronologie raisonnée. En fait, PRESSING est punk, à l’image de son auteur qu’on adore autant qu’on a envie de le détester parfois. Un conseil d’ami : pressez-vous de lire PRESSING…et faites-vous donc votre fucking propre idée !

 

Lien vers le PRESSING de Phillipe d’Anière

https://www.amazon.fr/PRESSING-Philippe-dAni%C3%A8re/dp/2900096065/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=F62PMGVM9ZD9&keywords=pressing+d%27aniere&qid=1583315398&sprefix=Pressing%2Caps%2C211&sr=8-1

 

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