HUNTERS

HuntersPas facile de faire de la chasse aux nazis, le pivot central d’une série télé, c’est pourtant le challenge auquel s’attelle HUNTERS, sur Amazon Prime, portée par Al Pacino dans le rôle de Meyer Offerman, philanthrope et chef des justiciers, à mi-chemin entre Simon Wiesenthal, Bruce Wayne et le Mossad. Hélas, HUNTERS prend de telles libertés avec la réalité historique que cela en devient carrément gênant.

Hunters Maryland juin 1977

Dans une maison bourgeoise de bois blanc pool party et BBQ avec le patron un certain Biff. Les enfants nagent et on boit de la Schlitz, on écoute « Night Moves » de Bob Seger, quand un nouveau salarié débarque avec son épouse lorsque soudain, elle devient tétanisée et se met à psalmodier : « le boucher…c’est le boucher….le boucher d’Arlav…c’est Muller »… avant d’ajouter à son mari incrédule : je t’en prie, alerte la police. » Et, au « boucher » : « je me souviens de ton visage, c’est toi qui a massacré toute ma famille ».  Comment ne pas songer à une scène équivalente dans le « Marathon Man » avec Dustin Hoffman? Elle porte une étoile de David autour du cou. Et soudain, Biff sort un flingue avec silencieux et massacre tout le monde, y compris sa propre femme et ses enfants. Il se pose devant la fille et s’adresse à elle en allemand, avant de la liquider à son toules yeux injectés de sang. Les dialogues sont carrément moyens : « Je suis ravi de ne pas t’avoir gazé…j’ai tant de plaisir à te tuer aujourd’hui. » Ben voyons !

Brooklyn,

des gamins sortent du cinéma où ils sont allés voir le premier Star Wars.  Ils ont ce look rétro un peu à la STRANGER THINGS. De retour dans leur quartier, éclate une baston pour un deal de weed qui tourne mal. Jonah Heidelbaum ( incarné par Logan Lerman découvert dans le rôle-titre de la franchise « Percy Jackson), un kid juif se fait dépouiller et tabasser par des antisémites de son quartier. Il rentre chez sa grand-mère. En fait, il vend de l’herbe pour payer le loyer et remplir le frigo. « La lumière ou les ténèbres, tu dois bien choisir », lui dit sa grand-mère, en mêlant anglais et yiddish : un peu caricatural, again. Elle a un numéro tatoué sur le bras, signe d’une rescapée des camps. Jonah écoute dans sa chambre « I Found A Reason » du Velvet. Mais en bas, se noue la tragédie : un homme en noir débarque menace sa grand-mère avant de l’abattre d’une balle. Elle meurt dans les bras de Jonah. C’est l’époque où le tueur the Son of Sam fait régner la terreur dans les rues de NY.

Washington DC,

Travis Leich , un jeune mec lit dans son bain en écoutant « Mein Herr ». Le téléphone sonne, on lui donne une adresse dans le Maryland. « Compris ! », dit-il en raccrochant. Il débarque chez Biff, le nazi qui a tué famille et convives et lui met une balle dans le bras pour son alibi, histoire de l’exonérer de tous les cadavres sur sa pelouse. Mouais… sérieusement, un peu tiré par les cheveux, non ? Pendant ce temps, Jonah est à la syna pour sa grand-mère. Puis reçoit les voisins et famille home…où il rencontre un certain Meyer Offerman ( Al Pacino) qui lui transmet ses sincères regrets pour sa grand-mère. Lui aussi porte un numéro tatoué au bras. Lorsque Jonah le remarque, il pousse un soupir. Il parle avec un accent yiddish et lui explique que « le rire est le meilleur des remèdes, c’est ta grand-mère qui me l’a appris. » On apprend qu’ils étaient ensemble au camp. Il cite le Talmud et monde dans sa limousine avec chauffeur non sans lui avoir tendu sa carte de visite. Plus tard, Jonah trouve dans le tiroir de sa grand-mère un coffre de bois qui contient des vieilles lettres, dont certaines de 1941, qui évoquent le ghetto, les nazis et l’assassinat de ses parents. Il trouve également un poignard caché dans un compartiment secret.

Cape Canaveral, Floride

Immeuble rose, forcément. Gretel, une vieille femme, se retrouve gazée dans sa touche par un gaz qui se met à être vaporisé au lieu de l’eau…terrible image, par rapport aux camps de la mort et au gazage des juifs. On apprend ensuite qu’elle-même est une (ancienne ?) nazie, qui travaillait sur les fusées V2, que la NASA a recrutée juste après la guerre.

Hunters New York

Dans le métro, une jeune black manque de se faire agresser par un violeur. Mais elle lui sort un gros flingue dirigé droit sur ses « bonbons » et prononce ces mots mémorables « le mien est plus gros que le tien ». Elle débarque à son boulot, soit le siège du FBI. Son nom est Morris, elle est au Bureau depuis dix mois et réclame d’avoir enfin sa propre affaire. Pour se débarrasser d’elle, son supérieur l’expédie à Tampa, sur le meurtre de la scientifique de la NASA. Et elle y découvre immédiatement ce qui a tué la vieille femme : « elle a été gazée dans sa douche ». Retour à NY, Jonah tente de soudoyer le gang du quartier de Brooklyn pour trouver l’assassin de sa grand-mère, mais tout ce qu’il gagne c’est d’être embarqué par la police. Il se résout à appeler Meyer qui envoie son chauffeur payer sa caution et le ramener à la maison. « Je ne savais pas que vous étiez aussi riche que Bruce Wayne » lui lance Jonah à son arrivée. Meyer évoque alors Auschwitz et un fameux prisonnier là bas du nom de Markus Roth, le Bobby Fischer allemand, forcé de jouer à un jeu sordide par un cruel officier nazi Richter. Triste scène d’un gigantesque échiquier humain, comme dans le village du PRISONNIER sauf que là au fil du jeu les pions sont assassinés… dont la sœur de la sa grand-mère, une perversion à laquelle les nazis n’avaient même pas pensé. Je comprends qu’elle ait fait bondir les historiens car HUNTERS tort littéralement la réalité de la Shoah.  Anyway il semblerait que le monstrueux Richter ait survécu. Et que ce soit lui qui ait assassiné la grand-mère de Jonah qui était sur ses traces. Car Meyer est en fait un chasseur de nazi, entre Simon Wiesenthal et le Mossad, il les traque et les liquide « De Massada à Munich, on nous a toujours massacrés », explique-t-il à Jonah, paraphrasant le fameux « Never again (Plus jamais ça) » de Golda Meir. Bref, Meyer dirige un commando de chasseurs de nazis et HUNTERS prend encore plus ses aises avec la réalité histoire que le « Inglorious Basterds » de Tarantino, c’est dire.  De l’autre côté, Travis le « nettoyeur » rencontre la chef des nazis, qui lui annonce la naissance d’un 4éme Reich. Ils pleurent de bonheur. On y croit. Ou pas.  La serie a pour show-runner Jordan Peele , réalisateur de « Get Out » et du récent « Candyman ». Le pilote dure 90 minutes, tout de même,  et ce premier épisode de HUNTERS me laisse un sentiment mitigé. Ma famille, dont mon grand-père paternel, a été arrêté par les flics français, avant d’être livrée aux nazis pour être massacrée, je ne suis pas certain de supporter les 10 épisodes de cette série, dont la vision carrément romancée et exacerbée de la chasse aux nostalgiques du Reich offre une vision pour le moins…étrange. Bref, réaction mitigée pour ce HUNTERS.

Diffusée sur Amazon Prime depuis le 21 février

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