PEARL JAM « Gigaton »

C’est le 11éme album de la tonitruante formation de Seattle, qui avait accompagné Neil Young sur « Beyond », son CD furibard de 93 et après sept longues années d’attente, depuis leur dernier disque « Lightning Bolt », on peut dire que Pearl Jam était attendu par les fans comme le loup blanc. Et s’il faut en croire JCM, à l’écoute de ce « Gigaton » d’excellente facture, il est grand temps, justement, d’hurler avec ces loups-là.

Pearl JamLes critiques US le qualifient de « grunge » pour adultes et cette définition colle parfaitement à l’esprit de ce « Gigaton » publié juste avant la fin du monde, tel que nous le connaissions jusqu’alors. Vous l’aurez compris,  avec ce nouvel album, la formation d’Eddie Vedder n’a pas fini de faire vibrer tous les aficionados du rock body-buildé made in USA.

Par Jean-Christophe MARY

En trente ans, Pearl Jam, quintet issu de la scène rock alternative de Seattle à la fin des 80’s a tout connu : la gloire, la une des magazines spécialisés, le drame du Festival Roksilde et ses 9 morts piétinés par la foule jusqu’à leur entrée au Rock and Hall Of Fame en 2017. Après deux albums en demi-teintes aujourd’hui, la page semble bel et bien tournée. Avec « Gigaton » Eddie Wedder et coéquipiers sont bien décidés à remettre le groupe sur les rails du succès. À cela plusieurs raisons.  Le gang de Seatlle a pris son temps pour enregistrer ces nouvelles chansons au cours des sept dernières années. Baptisé « Gigaton  » l’album fait référence à la présidence Trump et au réchauffement climatique. À l’image de la pochette signée Paul Nicklen qui montre un glacier en train de fondre, les titres sont ici une véritable ode à la révolte contre un système économique devenu totalement hors de contrôle. On retrouve ici l’alchimie qui faisait la force du groupe à la période de « Vitalogy » ou « Yield ». À grand renfort d’images apocalyptiques, Eddy Wedder crache ici toute sa frustration face à la déliquescence de la planète. Sa plume acérée s’en prend au système néo-libéral amorcé dans les 80’s par Reagan et Tatcher dont le règne Trump semble être le crépuscule.

Dès l’ouverture, avec ce « Who Ever Said » survitaminé, les guitares sont lourdes, pleines d’attaques, la mélodie est torturée, pleine d’angoisse. Sur « Superblood Wolfmoon » la voix d’Eddy Wedder nous remue les tripes, la guitare de Mike McCready se fait plus mordante, broie les structures harmoniques telle une scie sauteuse à travers un glissando de notes époustouflantes. « Dance of the Clairvoyants », est un bouillonnement parfait d’expérimentations nouvelles pour Pearl Jam et sonne comme un combiné de post punk et de shoegaze avec cette guitare borderline de Stone Gossard et cette puissante ligne de basse obsédante charpentée par la rythmique disco robotique de Matt Cameron.  Ballade émouvante aux sonorités planantes « Alright » nous replonge 30 ans en arrière à l’époque du magistral « Black » paru sur le premier album, « Ten ».Pearl Jam

Sur « Quick Escape » la basse ronde enveloppe la toile sonore tandis que les rythmiques hypnotiques et répétitives échafaudent un mur de son impressionnant qui rappellent Soundgarden en beaucoup plus amplifié. On apprécie la descente vocale alambiquée et torturée du refrain boosté là encore par un magistral solo de guitare. De bout en bout, la magie opère grâce au charisme de Eddy Wedder qui possède une voix en acier trempé. Ces nouvelles compositions entrent dans une nouvelle dimension et propagent ce mélange de puissante folie destructive, de violence et de tragédie entrecoupé de moments d’accalmie qui collent forcément au tourbillon dans lequel notre monde vient d’entrer de plein fouet avec le Covid-19. Un album béni, pour ceux qui aiment les déflagrations soniques, les riffs lourds des 70’s alliés à la colère du post-punk 80’s. Avec ces 11 nouveaux titres flamboyants livrés comme des hymnes héroïques, Pearl Jam devrait à coup sûr mettre le feu aux poudres sur la grande scène du prochain Lollapalooza Paris, à l’été 2021.

 

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