NIAGARA : LE BOUM TCHIKI BOUM

 

 

 

C’était il y a trente années déjà, dans un studio de tournage de Bagnolet, j’assistais pour BEST, en compagnie de Daniel Chenevez et de Muriel Moreno ( sans oublier José Tamarin le troisième larron du groupe à l’époque), au tournage du tout premier clip de Niagara : « Tchiki Boum » qui devient très vite le premier succès de la fulgurante et festive formation de Rennes. Flash backward…

Niagara par JY Legras

Niagara par J Y Legras

Aux Transmusicales de Rennes, envoyé spécial de BEST, j’avais déjà succombé aux Espions, la première formation pop de Daniel Chenevez. Exit la Lolita des Espions, Daniel avait d’abord monté un nouveau groupe l’Ombre Jaune- en hommage aux aventures de Bob Morane- puis il s’était déniché une nouvelle égérie, Muriel Moreno, pour inventer Niagara. Basée à Nantes, Muriel avait débarqué à Rennes pour poursuivre ses études d’histoire de l’art. Mais le tabac généré par « Tchiki Boum » allait tout changer. Ce premier 45 tours est un carton, au point que Polydor, le label du groupe, décide d’investir près d’un demi-million de Francs sur un vidéo-clip histoire de battre le fer lorsqu’il est chaud. Bonne pioche, boosté par ses images de cantina Mexicaine où l’on découvre une ravissante Muriel en héroïne de western, « Tchiki Boum » ne tarde guère à faire…boum , satellisant Niagara au plus près des étoiles. Suivra « L’amour à la plage », qui enfonce largement le clou, et qui est également la première réalisation vidéo de Daniel Chenevez qui signe désormais non seulement l’ensemble des clips de Niagara mais aussi le graphiste de toutes les pochettes en plus de la composition et de la production musicale. Perfectionniste, Daniel ne ménage ni son temps ni son talent pour maitriser l’image du groupe. Et, même si la musique évolue, embrassant au plus près le rock musclé et le funk puissant, durant près de dix ans Niagara ne cessera jamais de dominer nos charts nationales. Retour en arrière de trois décennies de ce premier tournage de clip historique.

 

Publié dans le numéro 214 de BEST sous le titre :Tchiki+boum+Niagara0

CHUTE !

ON TOURNE

Bagnolet, c’est presque clip city. À deux pas de l’autoroute du Nord, les Niagara vivent leur première pop promo. Sur le plateau, une vingtaine de déguisés Tchiki boument en diable dans une parfaite ambiance de feria mexicaine. Le décor déchiré multicolore est signé Puissance Populaire: il en jette. Héroïne d’un John Ford planté sur les bords du Rio Grande, Muriel ondule de sensualité pour damner la cantina et l’oeil vitreux de la caméra un pouce; Tchiki Boom ay ay ay .. et la tequila coule à flots. Quand un vidéorock critique déboule sur un plateau, il est souvent accueilli en parfait intrus. Avec les Baroodeurs, l’équipe qui produit et réalise le clip, c’est une autre dimension. Les Baroodeurs ont vingt-cinq ans d’âge moyen, et fonctionnent comme un groupe de rock. Pat, Eric, Jérome, Philippe et les autres bidouillent la vidéo depuis deux ans. Ils tournent pour la mode, signent le clip Swatch et celui de GI Joe pour Alexis productions. « Alexis prod nous a branchés sur Polydor, le label de Niagara  » racontent Les Baroodeurs. « Nous avons rencontré le groupe et une semaine plus tard nous attaquions le tournage. Objectif: le clip devait être le lundi suivant sur les bécanes BVU de la 5, de la 6 et de Canal +. Lorsque nous avons balancé le premier coup de caméra, le décor était à peine sec. Pour nous, il n’existe qu’une seule méthode de travail, c’est l’urgence, le deadline au speed si motivant ».

TEQUILATchiki Boum

Formation rock, les réalisateurs de « Tchiki Boum » offrent à leurs images toute la pêche de la musique. Cadrage balancé, chaloupé, technique de caméra à l’épaulé (quasi) jetée, ils appliquent au clip des techniques issues du direct pour lui insuffler plus de vie. Cette osmose image/son évite les illustrations premier degré qui constituent hélas notre pain quotidien de vidéophages. Avec son budget de 250.000 F (45.000 €), ce Niagara aurait pu être tourné en film 16 ou 35 mm. Baroodeur a choisi la vidéo pour sa souplesse et le travail des couleurs. « Nous avons essayé de démontrer que la vidéo n’était pas un produit cheap » reprennent les Baroodeurs, « la vieille école cinéma sous estime complètement ce mode d’écriture à part entière. Avec son grain spécial et tous les échanges de couleurs par l’électronique, la vidéo offre enfin à l’art une chance de faire peau neuve. » Dessinées par Chatoune, les fringues mexicaines électriques dansent sous les projecteurs Régiescène. Muriel encaisse sans broncher ses 14 heures non-stop de turbin: « C’est le revers de la médaille, je danse sur tous les plans. Le plus dur c’est les boucles d’oreilles qui pèsent une tonne. Je ne suis pas encore dégoutée de la tequila; mais ces deux jours de tournage m’ont déjà fait perdre deux kilos. » Si Muriel avait tourné dans « Géant», elle aurait disparu avant la fin du film. Deux jours de montage acharnés chez Duran, le must français du genre, et « Tchiki Boum » est paré pour les télés. Décollage dans les charts, à vue de nez on Tchiki Boumera jusqu’à la rentrée de septembre. Niagara peut s’offrir le Top 50 comme un yoyo, les images Baroodeur ont tout le balancé qu’il faut.

 

Publié dans le numéro 214 de BEST daté de mai 1986

BEST 214 small

 

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