NEIL YOUNG and PROMISE OF THE REAL « Paradox »

 

 Paradox

Après tout, ce n’est que le troisième album (le second avec Promise of the Real des fistons Nelson Lukas et Micah) de Neil Young en moins de huit mois. Mais cette fois c’est un peu différent, « Paradox », le premier véritable film réalisé par la petite sirène de Splash qui a bien grandi, Daryl Hannah, compte non seulement une BO composée par Neil Young et ses petits gars, mais tout ce petit monde tient son rôle dans le film. Lives, impros, instrus distorsionnés et véritables petits bijoux de chansons constituent les 20 pistes paradoxales de ce « Paradox ».  Et soudain un ange passe et l’on songe à l’étrange « Journey Through the Past » de 1972 que Young avait réalisé, sous le pseudo de Bernard Shakey.

 

paradox_youngDans leurs déclarations à la presse, la réalisatrice Daryl Hannah et son interprète, un certain Neil Young, présentent « Paradox » comme un « western écolo de science-fiction ». Fichtre. Dans le film diffusé par Netflix, Neil Young y incarne un mystérieux homme en noir tandis que ses amigos sont des prospecteurs steam-punks futuristes en quête d’artefact de « technologie du passé » comme les téléphones mobiles, les pièces d’ordinateur ou les réveils électroniques, qu’ils échangent à un groupe de femmes contre des fruits et des légumes frais. Lukas et Micah Nelson ont aussi leur rôle à jouer, tout comme papa Willie qui intervient dans le film. Avec ses dialogues ésotériques et ses parties musicales barges, tourné à la fois en numérique et en 16mm, « Paradox » a manifestement tout d’un home-movie. Quant à la BO, elle n’est ni un live ni un nouvel album studio du Loner & Promise of the Real, mais un OANI (Objet Audio Non Identifié), un hybride sonique qui démarre sur « Many Moons Ago in the Future », un monologue où il est question de « nombreuses lunes auparavant dans le futur, un légendaire groupe de hors la loi, une précieuse source aquatique, de vrais méchants voleurs de graines et du pouvoir de la musique qui aide les esprits à s’envoler. » … si vous avez pigé quelque chose à cette intro aussi intimiste que barge écrire à gbd@gonzomusic.fr 😉 Heureusement, au bout de 30 secondes parait  « Show Me », extraite de « Peace Trail », dans une sublime version acoustique émotionnelle digne de « Harvest »… sauf qu’on dirait un peu la version un-plugged du « Layla » de Clapton. Acte manqué sans doute, mais surprenante similitude. Guitare rageuse instrumentale saturée stridente  à la « Arc-Weld », Paradox Passage 1 »  un peu hardcore cool et introverti, parfois même ponctué de dialogue…il y en a tout 6 « Paradox Passage » instrumentaux numérotés de un à six dans l’album, mais au-delà du « score » on y retrouve toute l’imagination  de Neil Young. Décidément les distorsions sont au rendez-vous, la preuve par ce  « Hey », digne du fameux « Music Metal Machine » de Lou Reed. C’est grave, mais sympa, dans le fond, et ponctué de « hey »…étrange, vous avez dit étrange ! Après toute cette tension, on se relaxe à la campagne avec la cool et riante country acoustique « Digging in the Dirt (Chorus)» co-signée par Young et les deux frangins Nelson. Cela dure un peu plus d’une minute et c’est juste un teaser car on retrouve un peu plus loin la version intégrale de la chanson.

Sa bande est vraiment très originale et forcément donc…paradoxale.paradox2

Classique du style Neil Young, coté western, et live avec Promise of the Real, « Peace Trail » est une des plus réussies du projet : délicate et mélancolique, elle a ce pouvoir de nous transporter dans le Far West utopique de « Paradox ». Et lorsque les cow-boys sont là, les indiens ne sont jamais très loin. Voici  « Pocahontas » en version live, découverte sur « Rust Never Sleep » puis redécouverte sur « Chrome Dream ». Cette fois le Loner nous en offre une slow version crépusculaire  uniquement avec voix et harmonium  d’une infinie tristesse y compris la voix fausse quand il prononce le mot « Buffalo », mais c’est justement cette faille, cette faiblesse que l’on aime en Neil Young et qui nous rappelle son humanité. Toujours live, « Cowgirl Jam » est  en fait « Cowgirl in the Sand », LA classique de chez classique de Neil Young depuis 1969 et son « Everybody Knows This Is Nowhere » son second LP. Longue impro instrumentale de plus de dix minutes autour du thème de ce titre emblématique. Il pourrait en faire trente que cela ne gênerait pas les fans outre mesure. Avec« Angel Flying Too Close to the Ground » on se dit que la voix oscille entre Willie Nelson… et Willie Nelson… car il s’agit bien de Willie…cool et nostalgique, tendre, légère et émotionnelle…la  chanson est une sublime balade country. Dans le film, le père des Promise of the Real tient le rôle de Red, le tenancier de la banque de semences. Comme une réponse du berger au berger, le jeune Neil réplique avec « Digging in the Dirt », une composition country dépouillée du parfait garçon-vacher sur  sa guitare percutée et interprétée la voix trainante comme le sud. Après le retour en force des distorsions vénères avec « Running to the Silver Eagle », et une cool et courte reprise a capella du « Happy Together » des Turtles, l’album s’achève sur « Tumbleweed », extraite de l’étrange  « Storytone », interprétée sur un ukulélé aigrelet et quelques violons, mélancolique, elle sonne comme une comptine enfantine. En résumé, « Paradox » est une œuvre d’art expérimentale et dingue, en tout cas musicalement, mais l’on peut parier sans risquer de se tromper que le film est au moins aussi zarbe que sa bande vraiment très originale et forcément donc…paradoxale.

 

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