PRINCE AND THE REVOLUTION « Live »

Prince LiveTrois semaines plus tard, il allait publier son acidé lysergique déthylamide « Around the World In A Day », mais ce 30 mars 1985 Prince and the Revolution entament la 93ème date de la colossale tournée « Purple Rain » donnée à Syracuse, NY et diffusée mondialement à l’époque. Ce film re-masterisé publié en  CD audio et en vidéo BD capture le Kid de Minneapolis au sommet de son art et c’est juste bluffant. Rires, énergie et larmes garantis pour 20 titres qui font battre nos petits cœurs d’adeptes du cross-over juste un peu plus vite…

PrinceOcéan de briquets allumés, comme au bon vieux temps Et cette voix qui surnage.  « Salut le monde… mon nom est Prince et je suis venu jouer avec vous… »… cris du public et soudain Prince prononce les mots fatidiques de l’intro de « Lets Go Crazy »… « Chers amis/ Nous sommes réunis ici aujourd’hui/ Pour traverser cette chose appelée « la vie »/ Un mot électrique, la vie/ Il signifie pour à jamais et c’est un temps très long./ Mais je suis ici pour vous dire qu’il y a quelque chose d’autre/ L’autre monde/ Un monde de bonheur sans fin/ Où Vous pouvez toujours voir le soleil, de jour comme de nuit… » … bien sur, six ans après la disparition du Kid de Minneapolis, ces mots prennent hélas un tout autre sens. Mais ne laissons pas le spleen gâcher la fête ! Soudain la fumée envahit la scène, les spots s’illuminent et soudain sa silhouette s’avance… chair de poule instantané et tout le pouvoir de the Revolution, sans doute le meilleur groupe à avoir accompagné Prince, nous scotche au siège comme une accélération de plusieurs G dans un avion de chasse. Prince a une présence aussi animale que magnétique et  il déploie une énergie juste hallucinante. Live le titre est encore plus sauvage que sur « Purple Rain ». Prince laisse très vite tomber la veste et sa chemise blanche à jabot s’ouvre sur son torse musclé pour enchainer une version ultra-speedée de « Delirious » ,qui se fond très vite sur la sublime « 1999 ». À ses côtés la guitariste Wendy Melvoin, lui donne la réplique, tandis que the Revolution fait si bien sa révolution avec la claviers Lisa Coleman, Brown Mark à la basse, Matt « Dr Fink » également aux claviers et Bobby Z à la batterie, pour une folie de funk rock hypertrophié qui s’achève dans la distorsion des guitares. Impossible de résister à ce beat infernal.

Prince LivePuis on reconnait l’intro de ma chanson favorite ever de Prince « Little Red Corvette » capable de me faire verser une larme et cette fois encore elle y parvient. Prince balance des fleurs blanches au public sur l’intro dans la semi pénombre et dés les premiers mots « I guess I should have known… les spotlights éclairent la scène dans une sublime version nonchalante de ce titre sublime du double « 1999» qui s’enchaine à « Take Me With U » où le Kid fait chanter les 60.000 spectateurs du Carrier Dome de Syracuse, NY qui  lui répondent en chœur. Et comme un funky medley suit la classique « Yankee Doodle » marche militaire détournée. Puis c’est au tour de « Do Me Baby », ballade délicate et sensuelle de « Controversy » qui commence par ce monologue… « Can you see me, can you hear me… you and I engaged in a kiss… I love you… once more I want you… do you want me… I love to take you to my house… it’s a purple house .… would you like to go… » et l’intro magique de « Do Me Baby » s’élève dans la salle. Prince vocalise de sa voix la plus haute et c’est juste sublime. Puis la never ending stopping danse machine enchaine sur la funky « Irresistible Bitch » où il déploie la plus incroyable des énergies. C’est James Brown qui rencontre Little Richard qui rencontre Elvis Presley, notre nain pourpre synthétise à lui seul le meilleur de la musique américaine. « Possessed », une inédite de « 1999 » est justement dédiée au Godfather of Soul, mister James Brown. Puis Prince s’installe au piano pour la cool jazzy« How Come U Don’t  Call Me Anymore » ponctuée de « ooooh oooh oooh… » puis cabotin il s’interrompt lançant : « Je vais me lever jusqu’à ce que vous vous décidiez » et les cris montent dans le Dome ;  puis il poursuit, haranguant le public… avant de se remette à chanter le refrain a capella . Allongé sur son piano il vocalise comme une diva d’Opéra, un exercice incroyable et dingue… mais quel show… quel show de folie !

Prince LivePuis c’est un « Let’s Pretend We’re Married » hyper speedé et bastringue jazzé… où le public lui répond du tac au tac avant un torride « International Lover » – les deux toujours sur « 1999 »- qui se transforme en funk orageux où Prince déchaîne le tonnerre sur son piano -sic !- avant d’entamer le divin « God »  dans un jeu d’ombre et de lumière, où Prince se joue des ténèbres comme d’un instrument. Retour aux hits avec un « Computer Blue » de « Purple Rain » en version très largement déjantée interprétée sur fond forcément… bleu où Wendy à genoux devant le Kid performe une fellation virtuelle et guitaristique particulièrement suggestive. Puis, c’est au tour d’une « Darling Nikki » distortionnée de venir nous séduire. Prince danse divinement bien, torse nu. Tout ici est théâtral dans le son, dans les lights, dans la posture…avant de nous emporter dans la grâce ultime et la délicatesse de « The Beautiful Ones » dans une version angélique où la voix de Prince caresse de manière vertigineuse les plus hauts sommets avant de rugir comme le grand fauve qu’il savait si bien être. Et soudain résonne l’intro emblématique de « When Doves Cry » et Prince rejoue en live son clip à effet dédoublé pour un titre qui fait forcément battre la chamade, un des instants de bravoure de « Purple Rain », très largement élargi d’un solo volcanique de Wendy et d’une danse endiablée du patron. Final.  Mais avec le rappel la pluie pourpre n’a pas fini de s’abattre sur le Dome de Syracuse avec les trois derniers morceaux de la set-list l’éblouissant « I Would Die For U » où la foule lui répond dans la clameur, tandis qu’il remue son petit boule comme nul autre, enchainée à l’anabolisée « Baby I’m A Star » et en final du feu d’artifices bien entendu, peut être la plus belle de toutes , c’est «Purple Rain » dans une version dantesque.  Eric Leeds, Sheila E et les Apollonia 6 sont de la partie pour ces trois morceaux et c’est comme si une revue de Las Vegas avait pris collectivement des champignons hallucinogènes. Farandole infernale et cool, allumée et dingue, tout le monde défile en file indienne, le génie de Prince se manifeste là sous nos yeux  dans ce qu’il a de plus noble et  forcément la douleur est encore plus forte. Quelle frustration de se dire qu’on ne vivra plus jamais de tels moments semblables à tous ceux que nous avons vécu du Palace au Grand Palais en passant par le Zénith et Bercy. Il n’y avait qu’un seul Prince, il n’y en aura plus jamais d’autre Si d’aventure on pouvait en douter ce « Live » explosif en est la preuve la plus cinglante

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