MICHEL POLNAREFF « Polnareff chante Polnareff »
C’est toujours très cool bien évidemment lorsque Polnareff chante Polnareff et ce CD riche de versions intimistes piano-voix le prouve bien entendu Cependant, il ne faut pas se leurrer : malgré ses qualités et son fort pouvoir émotionnel empreint d’une immense nostalgie, ce « nouvel album » live n’est hélas que l’arbre qui cache la forêt et la terrible réalité de la longue, la trop longue traversée artistique de ce géant qui n’a rien composé de notable depuis plus de 40 ans. Et c’est ainsi que l’on prie… pour que ce géant se réveille enfin un jour !
Par Jean-Christophe MARY
Artiste de légende Michel Polnareff ( Voir sur Gonzomusic RENCONTRE AVEC MICHEL POLNABULLES et aussi ) reprend douze de ses plus grands succès en version piano-voix. Douze chansons mythiques enregistrées entre 1966 et 1990, épurées et sublimées, portées par sa voix emblématique. « La poupée qui fait non », « Love me, Please Love me », « Holidays », « On ira tous au paradis ». Si le terme « pop française » a un sens, c’est bien en partie grâce à lui. De Pascal Obispo aux Innocents en passant par Bertrand Burgalat, nombreux sont les héritiers directs du génial mélodiste. Entre 1966 et 1978 (alors au sommet de son art !), il compose une trentaine de classiques qui bâtissent la légende. Polnareff détonne aussi par son look provocateur perruque bouclée, boa à plume et lunettes noires et une liberté totale comme le montrera cette campagne d’affichage pour l’Olympia en 1972 où il pose nu. Bref, une carrière très productive…et puis plus rien. On désespérait de réentendre un jour cette icône pop nationale, qui avait disparu de la circulation en 1996 après la sortie de son album « Live At The Roxy » avant de faire deux come-backs scéniques en 2007 puis en 2016. C’est donc avec un immense plaisir que l’on apprend son retour. Retour d’autant plus satisfaisant que « Polnareff chante Polnareff » reprend l’histoire là où on l’avait laissé autrement dit avec cette flopée de tubes qui ont bâti la légende. Original dans sa forme minimaliste, cet album raclé à l’os- juste piano voix- recense les douze grandes chansons qui sont la bande son de nos vies. De « La Poupée qui fait non » qui bouscule la création hexagonale de l’époque à « Love me, Please Love me » longue balade où éclatent ses talents de pianiste à « On ira tous au Paradis » en passant par « L’Amour avec toi », « Tous les Bateaux tous les oiseaux » les succès succéderont aux succès.
Compositeur interprète et auteur de certains textes, Polnareff est exigeant dans le choix de ses mots. Ainsi il s’attachera parfois les services de F. Gérald, P. Delanoë ou J.L. Dabadie qui lui feront aborder les thèmes en vogue dans les 70’s. Le renouveau musical qui bouscule la chanson française de l’époque s’accompagne d’une véritable révolution des mœurs. Mieux que personne, Polnareff aura su capter l’air du temps, décrire la société française à travers de petites chroniques, véritables tranches de vie. Les 70’s seront pour le chanteur une lente descente aux enfers. Harcelé par le fisc, il embarque à bord du paquebot France et s’exilera aux USA. C’est lors de cette traversée qu’il écrira le somptueux « Âme Caline ». Il connaît une éclipse de plusieurs années et ne réapparaitra qu’en 1977 pour renouer avec le succès public au début des 80’s avec l’album « Bulles ». Pour son grand retour en live, le chanteur revisite 12 titres incontournables où il s’autorise de vraies audaces pianistiques et vocales, d’une incroyable modernité. Et quand on connaît la richesse des arrangements des titres originaux, réarranger ce répertoire oh combien sacré n’a pas dû être un exercice facile. Surtout lorsque l’on connaît Michel Polnareff pour ce don de mettre en bouche et de déclamer avec élégance des textes écrits à la mesure de son talent. Par bonheur, ces adaptations offrent de nouvelles couleurs aux orignaux et respirent même une certaine fraîcheur qui devrait faire mouche auprès de la jeune génération. Voilà 12 chansons intemporelles qui s’écoutent agréablement et passent de climats sobres « Le Bal des Lazes » à la rythmique tout en glissando « Lettre à France » très réussie, aux onomatopées carillonnantes « Tout, tout pour ma chérie ». Les versions piano voix respectent l’esprit originel. Mentions particulières pour ces versions très personnelles intimistes « Qui a tué grand maman », ce sobre « Sous quelle étoile suis né » et surtout ces magnifiques « Holidays » et « Âme Caline » qui devraient vous hypnotiser. Une sorte de tribute album qui arrive comme une mise en bouche pour sa venue à les 02 et 03 juillet. Et nul doute que le public les reprendra en chœur avec lui.