THE OPPOSITION « Breaking the Silence »
Voici 41 dans BEST GBD repérait un joyau brut dans sa gangue avec the Opposition ce tout premier 33 tours d’un power-trio inconnu débarqué du Royaume-Uni qui ne tarderait guère à gagner le cœur du public français. Porté par son rock climatique, son indéfectible cohésion et tout le talent de Mark Long, Marcus Bell et de Ralph Hall. Un peu moins après la déchirante disparition de Mark Long, cette chronique de « Breaking the Silence », sans doute la toute première chez nous, résonne d’un écho particulièrement émotionnel. Flashback…
C’est vrai dès la toute première écoute, j’avais craqué sur the Opposition- une passion rock durable qui m’a fait rédiger de nombreux articles sur le groupe : NDR – (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=The+Opposition ) et je n’étais pas le seul à BEST, Christian Lebrun pressentait également tout le potentiel de ce trio fraichement débarqué de Londres. Forcément rebelles puisqu’ils refusaient alors de déléguer les droits de leurs chansons pour le monde avec une major unique préférant dealer territoire par territoire et osant s’afficher avec un manager français, Marc Cedat. Hélas avec la tragique disparition d’abord de Marcus puis de Mark, seul Ralph demeure parmi nous pour nous rappeler combien savaient se montrer précieux les climats en clair obscurs et toute la beauté du rock de the Opposition dont ce toute premier 33 fondateur. Miss you guys…
Publié dans le numéro 164 de BEST :
The Opposition est un trio anglais qui a su choisir notre pays comme base de départ. Ils tournent depuis six mois en France et sortent leur premier Lp sur un label de l’hexagone, une manière comme une autre de faire un gigantesque pied de nez aux major companies d’outre-Manche. Pour conserver leur indépendance, ils rejettent le système traditionnel du management unique et du deal mondial. The Opposition voudrait signer indépendamment dans chaque pays et y installer un manager indigène. Les Anglais tirent la langue, Mark, le chanteur/guitariste, Ralph, le batteur, et Marcus, le bassiste/claviers, s’en battent car à force de volonté et de boulot, ils ont fini par se tailler un public bien accroché. Sur scène, le groupe donne le meilleur de son étrange climat passionnel qui oscille entre Cure et Police, il l’a prouvé à Rennes et ailleurs. Sur le LP, on retrouve en partie cette passion intense qui fait du son de The Opposition quelque chose d’envoûtant comme un flacon de baume du Tigre.
Avec ses trois pôles d’attractions, il y trouve son identité : la voix de Mark qui monte progressivement, il sait la faire dériver lentement, un peu comme le sillage d’une aile volante, le coup de baguette sec et précis de Ralph et surtout le jeu de pied de Marcus sur son Moog Taurus synthétiseur. La sensibilité et la révolte ne sont pas incompatibles ; elles se mêlent dans « Black and White » au fur et à mesure que la tension monte. Quelques instantanés sur l’esclavage par la consommation me donnent envie de hurler, comme ce « Paddy Fields » au rythme rock reggae assez lent qui s’accélère peu à peu, jusqu’à s’enchainer sur « War Games ». C’est peut-être facile, mais The Opposition parvient à échapper aux chausses trappes des love songs. Il vaut mieux prendre position que de planter sa tête dans un tas de sable. En fait, c’est le concept du silence que The Opposition parvient à briser : « Des coffres blindés dans la tête cachent des secrets, des choses qu’on ne doit pas dire, on m’a dit que tout ce que tu ne vois pas, tu ne pourras jamais le ressentir ; silence, pourquoi ne souris-tu donc jamais ? ». Si la communication ne tient vraiment qu’à un sourire, je crois bien que The Opposition est en passe de gagner son pari.
Publié dans le numéro 164 de BEST daté de mars 1982