MARTIN GORE «Counterfeit EP»

Martin GoreVoici 30 ans dans BEST, GBD succombait gravement aux belles « contrefaçons » d’un certain Martin Gore, alias Oncle Martin et compositeur en chef d’une fameuse formation de Basildon qui répond au doux nom de Depeche Mode. Premier et sidérant album solo d’un membre de DM « « Counterfeit » et ses reprises d’obscurs hymnes de la New Wave marquait alors une incontestable réussite qui a manifestement su traverser les décennies.

CounterfeitInutile de vous faire un dessin, depuis ma toute première rencontre avec les petits gars de Basildon au Columbia Hotel de Londres, je n’ai jamais lésiné à interviewer, suivre, chroniquer Depeche Mode sous toutes ses coutures. À ce propos, j’ai republié sur Gonzomusic un sacré paquet de ces articles ( Voir liste complète https://gonzomusic.fr/?s=Depeche+Mode ). Le plus sidérant c dans ce « Counterfeit », c’est qu’il s’achève sur le sublime « Motherless Child », un blues noir qui s’est imposé dans les années de la lutte pour les droits civiques. Or bien des années après la sortie de ce disque, Martin apprenait que ses cheveux frisés et son coté albinos black n’étaient pas les fruits du hasard lorsqu’il découvre que son père biologique était en fait un GI noir. Et soudain on comprend mieux d’où vient l’immense feeling qu’il parvient à transmettre à ses compositions. Cependant, ce qui rend remarquable cette collection de reprises c’est qu’elle était le tout premier album en solitaire d’une des têtes pensantes de DM. Ensuite, il faudra tout de même attendre quatorze longues années avant de découvrir un second solo « Counterfeit 2»…en 2003 puis « MG  » en 2015. Entre temps, Onc’ Martin aura bien entendu composé tant et tant de petits bijoux ciselés avec amour pour Depeche Mode…mais cela vous le savez déjà, n’est-ce pas ? 

 Publié dans le numéro 252 de BEST sous le titre :

REPRISES-PARTY

Martin Gore by Jean Yves Legras

Martin Gore by Jean Yves Legras

Cover story en traversée solitaire pour le blond vocaliste/guitariste de Depeche Mode, « Counterfeit » -contrefaçon- est une collection intimiste de sanglantes reprises à la sauce Gore. L’exercice de style est habituel, Bowie s’y était essayé avec succès pour son LP « Pin Ups », comme Bryan Ferry avec son « These Foolish Things », ou encore John Lennon avec « Rock and Roll », mais chacun d’entre eux retaillait un costar à des titres déjà célèbres. À l’opposé, Onc Martin se ménage un drôle de challenge, en nous offrant la série de covers la plus obscure de toute l’histoire du rock. Sur les six titres choisis, je n’en connaissais qu’un seul « (Never Turn Your Back On) Mother Earth » imaginé par les Sparks en 74 pour leur LP « Propaganda ». L’an passé, à LA, dans la foulée du méga-gig des Mode au Pasadena Rose-Bowl, Martin s’était offert un vieux juke-box Wurlitzer et une collection de singles éraillés. Réputé pour ses penchants pour le binaire le plus simple, Martin a résisté des années durant a la tentation CD et son album tracé au synthé-cheap a un touchant côté « expérimenté dans sa chambrette », une version garage du son Depeche Mode à la technologie la plus dépouillée, hantée justement par cet esprit Wurlitzer. « Compulsion » signé Joe Crow-Joe Who ?- ouvre l’album sur une émotion diamant brut qui rappelle furieusement le New Order originel de l’aube des 80’s. Signé Winston Tong, « In A Manner of Speaking » avait été créé par Tuxedo Moon, Martin en fait une tendre mélopée, où le souffle de son harmonica caresse les vagues synthétiques à la manière de « Sacred ». Troisième et dernier cover de la face A, « Smile, In The Crowd » était signé Durutti Column, Martin en fait un thème pour un polar imaginaire avec sa mélodie sensuelle plaquée sur des percus métalliques. La face B démarre avec l’entêtant «Gone» des Comsat Angels, suivi par le « Mother Earth » des Sparks où la voix de Martin se détache lentement sur un synthé clavecin presque enfantin. Enfin, cette « Contrefaçon » s’achève sur « Motherless Child », un blues traditionnel qui remonte jusqu’aux années d’esclavage pour un Martin Gore-Billie Holiday beau comme un coucher de soleil sur le Mississippi. Faux et usage de faux pour Mode solo, sa collection « Counterfeit » a la beauté du diable d’un des artefacts les plus dépaysants du moment.

Publié dans le numéro 252 de BEST daté de juillet 1989BEST 252

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