L’EXPLOSION DES TEARDROP EXPLODES

Teardrop ExplodesVoici 41 ans dans BEST GBD rencontrait pour la première fois aux Bains-Douches l’allumé number one de Liverpool de l’époque après son tout premier concert hexagonal avec ses Teardrop Explodes. Julian Cope prouvait ainsi qu’il pouvait se montrer aussi fantasque dans la vie que sur scène ou sur disques à travers son neo-psychédélisme rebelle et forcément décalé. Flashback…

Julian Cope par Jean Yves legras

Julian Cope par Jean Yves legras

Décidément chaque rencontre avec Julian Cope apporte son lot de surprises. Quelques années après ce concert inaugural aux Bains-Douches dans la foulé de la publication du « Wilder » de the Teardrop Explodes ( Voir sur Gonzomusic THE TEARDROP EXPLODES « Wilder »  ), je retrouverai à nouveau mister Cope cinq ans plus tard en 1987, cette fois en mode solo pour son LP canonisé « Saint Julian » (Voir sur Gonzomusic    JULIAN COPE : « Saint-Julian » et aussi  SAINT JULIAN COPE ), mais c’est bien entendu encore une autre histoire du rock and roll. Car cette année 82 voyait le leader des Teardrop revendiquer non pas une simple schizophrénie avec deux personnages qui s’affrontent dans sa tête, mais bien une « septophénie » … soit sept personnages qui se bousculent dans son cerveau, ce qui vous l’avouerez n’est pas toujours aisé à régler.

Publié dans le numéro 165 de BEST sous le titre :

SEPTOPHENIA

Julian est un chic type, dommage qu’il soit aussi instable. Pour tracer l’odyssée des différentes formations de Teardrop Explodes depuis la création du groupe en novembre 78, il faudrait pondre un Best spé-cial Teardrop. En Angleterre, ils vous remplissent une salle de deux mille places. Chez nous, Teardrop Explodes pour son premier gig, fait les Bains-Douches et le Palais d’Hiver à Lyon. Basé à Liverpool, TE appartient à même scène qu’Echo and the Bunymen et Wah, là où le néo psychédélisme fleurit en 79 : sur les bords de la Mersey. La sensibilité de Julian Cope se développe exclusive ment en milieu acide, et vous devinez aisément lequel. Pour bon nombre de mes confrères. Julian est une sorte de Jim Morrison revisité, archange blond et surnaturel d’une musique diaphane. Depuis le premier LP, le vibrant « Kilimanjaro », le rock de TE dessine d’étranges climats, brouillards qui flottent au-dessus d’un étang. La personnalité de Julian Cope y apparaît en filigrane, se glisse insidieusement dans le courant mélodique : incontestablement, il dirige le groupe un peu comme sa chose. Entre les mains de Julian, Teardrop Explodes est une figurine de cire sur laquelle il projette tous ses envoutements. Aux Bains Douches, Teardrop a dû abandonner 80 % de son matos dans un énorme semi-remorque. Faute de place, on a dû renoncer à la console principale et aux boîtes d’effets. Résultat, le son évoluait sans cesse dans la tonalité sans jamais atteindre son équilibre. Après un set très rapide, j’ai retrouvé notre leader dans la cabine du disquaire-loge-sauna des Bains-Douches. Assis dans un coin, Julian camoufle son regard sous une mèche qui tombe. Il a l’air un peu choqué. Allons Julian, exorcisons tout cela ensemble :

« Je suis furieux. Cette histoire de console était une belle planterie, mais nous n’avions pas le choix. Nous avons carrément massacré certains titres de « Wilder ».

 Parle-moi un peu du concept ?Teardrop Explodes

C’est à l’époque où ma femme et moi avons décidé de nous séparer. C’est juste un album triste, sur le crépuscule d’une époque qui s’éteint, la sécurité d’une relation qui était extrêmement forte. « Wilder », c’est le reflet de mon incapacité à communiquer avec elle.

C’est ta définition du romantisme ?

Je crois plutôt que le romantisme, c’est le fait de réussir à survivre à la fin d’une relation « un + un » tout en l’observant avec un peu de recul. Parfois, j’en arrive à douter et je me demande Si l’espoir existe vraiment.

Pourquoi changes-tu sans cesse la composition de TE ?

C’est la seule manière qui me convienne pour travailler. Je crois que les gars finissent par en avoir marre de moi, au bout d’un moment, leur frustration les pousse à s’en aller. Je suis atteint par l’érosion des gens, alors c’est le seul moyen de me préserver. Je crois que je suis comme un enfant Tout ce que je souhaite, c’est qu’on cornprenne ma confusion, ce feeling d’égaré qui me colle à la peau. C’est pour cela qu’a la fin du show, je me suis bandé les yeux. Je voulais exprimer par là tout le trouble causé par le langage. Car, en fait, il n’aide pas les gens à communiquer entre eux, il les dissimule. On se cache derrière les mots ».

Pour Julian, la vie est un film trop sérieux. Il joue la pureté en frappant aux portes de la folie et se laisse aller parfois à flirter avec elle. Les musiciens qui l’entourent rétablissent l’équilibre par le jeu des contrastes. Sur scène, Ronnie François, l’ex-bassiste des Rezillos, est aussi torride que Julian paraît détaché. Cope prétend être atteint de « septophénia ». Sept personnalités se heurtent dans sa tête et s’affrontent comme à OK Corral. C’est ainsi qu’il justifie son comportement étrange. Un examen plus approfondi décèlerait peut-être quelques substances, mais peu importe. Julian n’a plus les yeux bandés, mais il ne voit personne. Un jour, peut-être, il sautera le pas et rejoindra Syd Barrett et les autres au club des lunatiques.

Publié dans le numéro 165 de BEST daté d’avril 1982

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