LES SECRETS DE L’HOMME SECRET DE LA RUE DE VERNEUIL Épisode 1

Rue de VerneuilLe photographe Pierre Terrasson a publié « L’homme secret de la rue de Verneuil », magnifique visite guidée de l’hôtel particulier de Serge Gainsbourg sous la forme d’un beau livre de photos d’une précision chirurgicale où la myriade d’objets réunis par le célèbre hôte de la rue de Verneuil, objets d’art-culte, sont magnifiés par l’objectif de son mythique l’Hasselblad.

L’homme secret de la rue de VerneuilCeux qui lisent Gonzomusic sont familiers du travail photographique de Pierre Terrasson ( Voir sur Gonzomusic TERRASSON ET LUMIÈRES  , Pierre Terrasson retour en Misterblad… runner  et aussi  Pierre Terrasson vous invite chez Gainsbourg ). L’hiver dernier, le photographe rock a sorti ce « L’homme secret de la rue de Verneuil », il nous explique dans quelles circonstances particulières à la demande expresse de Bambou qui tenait à immortaliser ce lieu si particulier ( Voir sur Gonzomusic  GAINSBAR DAVID SON Of A BITCH À LA MAISON GAINSBOURG )  juste après la disparition de Serge Gainsbourg  ( Voir sur Gonzomusic  https://gonzomusic.fr/?s=Serge+Gainsbourg%C2%A0 )  lorsqu’ il a passé une journée entière a capturer sur place ces étranges vibrations d’un Gainsbarre hélas définitivement barré.

 

« L’homme secret de la rue de Verneuil… quand y as-tu mis les pieds pour la toute première fois ?

 

En 1987… c’est dans le bouquin. C’était un rendez-vous pour le mag Paroles et Musique

 

Ah c’est le fameux article reproduit dans le bouquin, mais j’ignorais que c’était ta première fois chez Serge.

 

Si avec Remy Kolpa Kopoul et Philippe Conrath qui étaient à Libération et qui avaient fait cette pige pour le Numéro 1 de Paroles et Musique. Et à cette occasion, on a passé la journée ensemble. Ils ont fait leur interview rue de Verneuil et on a fait quelques photos devant le lit-cage. Et puis après on a fini la soirée au Raphaël où il vivait à cette époque.

RKK Conrath et Serge

RKK Conrath et Serge

 

Tu connaissais déjà sa musique, je présume ?

 

Oui je suis un peu né avec « Melody Nelson » pour moi un vinyle rock cultissime, un album- concept comme ça.

 

A l’époque tu pigeais aussi pour BEST avec Legras…

 

Oui j’avais commencé avec Rock en Stock puis toute l’écurie Rock News de Paul et Evelyne Putti avec Rock News, Hard Rock Magazine, ils avaient une dizaine de titres. Ils faisaient aussi les posters. Mes premières archives c’était du Gainsbourg en 79 sur scène à Mogador avec bijou et puis après au Palace avec  ses Jamaïcains. Mais tout ça c’était du live, je ne l’avais pas rencontré, je n’avais partagé aucune intimité avec le mec avant une séance avec Legras pour BEST en 84. C’est là où j’ai fait cette série avec le Nikon que tout le monde connait. Mais ce bouquin est vraiment axé sur la rue de Verneuil. Et les photos sont issues de deux sessions en 1987 et en 1991. Celles de 1991 ont été faites à la demande de Bambou qui m’a contacté pour immortaliser l’hôtel particulier.

 

Gainsbourg avait un sens incroyable de l’image

 

Exact, je lui proposais des trucs, mais il se mêlait de la prise de vue, de la mise en scène. Ça m’est arrivé au commissariat d’Aubervilliers avec lui lorsqu’il me disait : on va faire ambiance interrogatoire. J’avais pris un faux fic avec des fringues que j’avais louées et une maquilleuse. C’était à l’époque de ( sa statue en Marianne :NDR )  Deneuve ( Voir sur Gonzomusic FAIRE DU NEUF AVEC DENEUVE : DONE !  ) . Et il voulait absolument que Deneuve soit dans le cadre mais on devait l’éclairer correctement… jusqu’à mettre l’appareil photo sur un pied alors que moi je bossais toujours à main levée. Donc je n’étais pas tellement à l’aise de me faire chier avec un pied. Mais je l’ai fait pour le rassurer, donc il a regardé dans le cadre et puis il a vu qu’effectivement la Marianne était bien éclairée. Mais c’était intéressant de bosser avec lui, c’était de la création à deux pour mettre en lumière quelqu’un. Pour moi ce sont les meilleurs moments.Serge Gainsbourg

 

Toi qui a travaillé avec tellement d’artistes, tu sais combien c’est rarissime qu’ils prennent  autant les choses en main et qu’ils te proposent des idées ?

 

Tu as des mecs, je pensais à Jean Michel Jarre. J’avais fait des photos dans son lieu de musique qui était attenant à une espèce d’énorme maison de maitre qu’il avait et on avait beaucoup travaillé la lumière ensemble.

 

Moi je me souviens de tes collaborations avec Legras… avant toi Jean Yves sa spécialité c’était de les coller contre un mur et de mitrailler, alors qu’ensemble vous utilisiez un fond et des lumières pour recréer une qualité studio de prise de vue.

 

Jean Yves c’est un truc qu’il ne connaissait pas, effectivement ; on avait commencé à collaborer pour la fameuse couve anniversaire du numéro 200 de BEST avec Jagger. Ça s’était très bien passé avec Jagger avec son pull de mauvais skieur, il avait bien collaboré. On bossait bien avec Legras, il m’a apporté beaucoup de choses ; il m’a fait faire des tonnes d’archives comme ça.

 

Retour chez Serge, donc la fameuse session à la demande de Bambou c’est après la mort de Gainsbourg ? Il manque des objets entre tes photos et aujourd’hui comme la fameuse platine tourne disques de Serge qui n’y est plus.

 

Oui il y a des trucs qui ont disparu. Pas tant de choses que ça mais par exemple le piano à queue il y en a un mais ce n’est pas le bon. L’original est parti chez la première fille de Serge, je crois. Du coup Charlotte en a racheté un autre.

 

Je me demande si Fulbert ( qui était le maitre d’hôtel de Serge : NDR) ne s’est pas lâché aussi ?

 

Alors Fulbert s’est lâché sur les agendas Hermès, quoi ! Lui ou quelqu’un d’autre qui a eu accès aux poubelles de Serge. Il y notait tous ses rendez-vous. Moi on m’a envoyé des Dans mon bouquin en en voit un avec « Rendez-vous avec Terrasson Paroles et Musique Numéro 1 ». C’était un tout petit magazine face aux mastodontes BEST et Rock & Folk. Tu imagines le commissariat d’Aubervilliers c’était pour Rock News, mais à cette époque on arrivait à « décrocher » des gens insensés, à leur faire traverser Paris en bagnole pour les coller dans un commissariat pour un fanzine obscur.

Rue de Verneuil

Oui mais les flics c’était son kiff, il était pote avec eux, il se faisait même raccompagner par eux chez lui. D’ailleurs il collectionnait les insignes de Police et il y en a encore toute une table dans son salon. Tu n’as pas dû avoir trop de mal à le convaincre !

 

J’ai réussi car j’étais proche de Jack Ralite qui était le maire d’Aubervilliers, ex Ministre de la Santé, Sénateur qui m’a facilité le contact.

 

Les flics devaient être ravis d’avoir Serge ?

 

Bien sûr ! Ils ont sorti le pastis !

 

Donc Serge décède et Bambou t’appelle et te demande de venir faire des photos pour conserver une trace ?

 

C’est exactement ça.

 

Pourquoi c’est resté au fond du tiroir pendant toutes ces années ?

 

Ce n’est pas resté au fond du tiroir. C’est le troisième bouquin que j’édite moi-même. Dans les autres il y avait déjà des images de la rue de Verneuil mais ce n’était pas exclusif. C’est le premier entièrement consacré à cet hôtel particulier, il y a des photos inédites bien sûr. J’en ai déterré une quinzaine que j’ai scanné pour le bouquin.

 

Ça a dû te surprendre même car tu n’avais pas dû les revoir depuis l’époque ?

 

Exactement je me suis demandé pourquoi je ne les avais pas utilisées plus tôt.

 

Elles ont vraiment une âme !Rue de Verneuil

 

Elles ont été faites techniquement avec beaucoup de soin. Avec mon assistant, on a passé une journée entière dans ce lieu si particulier. Tout a été fait au carré à l’Hasselblad. Tout a été éclairé donc il y a un boulot technique de fait. Il y a cette anecdote concernant cette photo rachetée libre de droits par le musée Maison Gainsbourg avec quelque chose sur la photo qu’ils diffusent qui a disparu. C’est une photo du bureau de Serge à l’étage. Et sur les étagères derrière, sur ma photo originale il y a un petit tirailleur sénégalais qui a curieusement disparu dans l’utilisation actuelle. Ils m’ont demandé l’autorisation et j’ai quand même dit oui.

 

Moi j’ai donné  au Musée des interviews audios de Serge que j’avais faites et ils m’ont invité à visiter. C’était très émotionnels d’y retourner sans Serge. Mais je n’étais jamais monté à l’étage à l’époque où je venais l’interviewer.

 

Moi non plus. Je n’avais même jamais vu la cuisine.

 

Moi j’avais dû y aller pour parler à Fulbert. Mais il y a une pièce que je connais dont personne ne parle, ce sont les WC sous l’escalier.

 

J’en ai entendu parler mais je n’y suis pas allé.

 

Le livre est très précis sur les détails, c’est une visite virtuelle de la rue de Verneuil. »

 

À SUIVRE…

« L’homme secret de la rue de Verneuil »L’homme secret de la rue de Verneuil

disponible à cette adresse

Photo.terrasson@wanadoo.fr

ou via le compte Facebook 

https://www.facebook.com/terrassonpierre

 

Avec deux expositions à son actif le travail de Pierre Terrasson sera magnifié d’abord à partir du 15 mai et jusqu’au 6 juin à  La Maison des Passages de Lyon, puis du 7 au 28 juin à la Médiathèque de Chateauroux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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