LES ROCHE MARTIN « Les Roche Martin »
Un vinyle collector de 18 titres exhume l’héritage des Roche Martin, trio éphémère formé en 1967 par Violaine Sanson, sa sœur Véronique et le compositeur François Bernheim. Entre chansons naïves, esquisses psychédéliques et maquettes inédites cet éponyme « Les Roche Martin » nous rappelle l’aventure musicale oubliée de la Genèse de Véronique Sanson, une nouvelle exploration sonique à remonter le temps de JCM.
Par Jean-Christophe MARY
Certains groupes traversent l’histoire de la chanson comme des étoiles filantes trop brèves pour être pleinement remarquées. Les Roche Martin appartiennent à cette catégorie. Le trio naît en 1967 autour de Violaine Sanson, l’aînée, passionnée de musique, de sa cadette Véronique, encore inconnue mais déjà habitée par une intensité singulière, et de François Bernheim, jeune auteur-compositeur promis à une belle carrière (il collaborera quelques années plus tard avec Gérard Lenorman, Patricia Kaas ou Nicole Croisille). Deux 45 tours et puis plus rien. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais plus d’un demi-siècle plus tard, un vinyle collector de 18 titres, restitue cette parenthèse enchantée. Une archive qui révèle aussi l’effervescence d’une génération cherchant sa voie entre tradition française et influences anglo-saxonnes. Par leur intensité et leur sincérité, ces premiers titres font basculer l’objet du statut de curiosité à celui d’œuvre révélatrice. La face A rassemble les huit morceaux des 45 tours originaux qui sont autant de petites perles de pop sixties, entre insouciance et psychédélisme discret. Trois titres dominent cette collection. Parmi eux, “Maria de Tusha”, la toute première chanson écrite par Véronique Sanson. La jeune chanteuse se distingue ici par sa voix et son phrasé singulier qui annonce déjà l’éclat de sa future carrière. Lyrisme, intensité, sens de la mélodie déjà sa patte est prégnante. On note également « L’amour est en guerre », titre étonnant de modernité et de gravité et « Poussière de pollen », petit bijou fragile et première version bouleversante d’un futur classique qui apparaitra sur l’album « C’est long, c’est court » (1985). La face B offre dix maquettes, dont neuf inédites. On y découvre un groupe créatif bien dans son époque. A commencer par « Gare » » un titre nerveux et direct, surprenant par sa modernité et son ouverture énergique, « Un ami véritable » morceau lumineux, véritable hymne à l’amitié simple et sincère sans oublier « Tout feu tout flamme » chanson vive, pleine d’entrain et de spontanéité qui porte bien son titre.
Ce vinyle collector n’est pas seulement une curiosité pour amateurs de raretés. Il raconte les premiers pas d’une grande voix de la chanson française, Véronique Sanson, et révèle le rôle oublié de sa sœur Violaine et de François Bernheim. Plus qu’une compilation, c’est un voyage dans un temps où la chanson française se frottait timidement au psychédélisme et à la pop anglo-saxonne. Un trésor enfin exhumé, qui trouvera toute sa place dans les discothèques des fans de la première heure.