LE WATERSGATE DE WATERS

Roger WatersVous connaissiez le Watergate, qui a enterré le second mandat de Richard Nixon, je vous présente le Watersgate… soit la cascade de turpitudes dans laquelle Roger « Ça craint » Waters s’est plongé depuis des décennies. Car le bassiste barbu n’a pas attendu de perdre la marque Pink Floyd pour entamer ses sorties de route répétées. Du funeste concert du 6 juillet 1977, au Stade du parc Olympique de Montreal, lorsqu’il crache sur un fan, à son dernier projet à la Iznogoud où par vanité il s’est mis en tête de ré-enregistrer à sa sauce, l’intégralité du chef-d’œuvre « The Dark Side Of the Moon », dont on découvre aujourd’hui le caricatural « Time », en passant par son obsessionnel antisémitisme, sa détestation assumée de l’Ukraine doublée d’un poutinisme suspect et sa haine affichée de son frère d’armes David Gilmour… Waters le Dark Vador du rock semble décidément ne se nourrir que de noirceur et de polémique.

Roger WatersDès l’intro, raccourcie de la « nouvelle version » de « Time » – je dirais même amputée- qui passe de 2’ 18’’  à 1’ 50’’ on sent déjà monter le malaise. La voix est terne, triste, monocorde, sans une once d’affect, même si techniquement plutôt correcte. En fait, vocalement Waters (Voir sur Gonzomusic  https://gonzomusic.fr/?s=Roger+waters  ) se rêve désormais en Leonard Cohen, mais comment un tel antisémite pourrait-il se revendiquer de mon vieux prophète juif de Montréal ? On marche sur la tête. Quant à la musique… que dire de la musique… c’est une version ralentie et imbue d’elle-même, qui fait tous les efforts du monde pour décoller tel un poulet, sans parvenir à s’arracher une seule seconde à l’attraction terrestre, contrairement  à son lointain et cosmique aïeul le « Time » d’il y a 50 ans ! Des chœurs improbables s’élèvent et tout est mou, comme s’il avait suffi pour achever cette « nouvelle et révolutionnaire version », somme toute, de passer le méga-hit de « Time » de 45 tours à 33 tours, papy Waters aurait ainsi pu faire des économies de studio et de… temps ! Des violons faussement mélancoliques viennent polluer la chanson, dépouillée de la totalité de son aura psychédélique et surtout de la présence honnie de Gilmour. Vous connaissez l’expression : un seul être vous manque et tout est dépeuplé et jamais Lamartine n’aura été aussi juste. Si la version Waters était sortie à l’époque, elle aurait immanquablement fini sa vie dans l’abime des bacs des soldeurs à « tout à 1 F ».  Car autant la VO (Version Originale), avec ses chœurs black et son swing s’envole sur un profond feeling soul, autant la NV ( Nouvelle Version) parait plombée par la morosité. D’ailleurs, tout ça finit sur un enterrement de première classe au son des cloches d’église, c’est dire ! Avant ce second single extrait de l’album à venir, on avait déjà eu la nausée en découvrant son adaptation de « Money ». Si artistiquement le style Waters est déjà contestable, c’est surtout humainement qu’il se manifeste le plus détestablement. Et le pire c’est que cela ne date pas d’hier… C’était à Montréal en 77, durant un show chaotique du Floyd, un concert désastre dès le démarrage, avec une pauvre sono faiblarde bien trop vite submergée par une foule de stade en délire (sur un disque pirate enregistré ce soir-là, on entend clairement Waters invectiver son public : « Mais bordel, cessez donc de lancer des pétards et de brailler, j’essaie de chanter ! »). En définitive, un gamin parvint à escalader le filet de sécurité qui séparait le groupe du public.  Poussé à bout, Waters lui a craché dessus. Après le show, il s’est senti particulièrement secoué. Il s’est demandé comment il avait pu faire une chose pareille ? Qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez lui ? A 33 ans, il était le moteur du plus grand groupe psychédélique du monde. Mais son mariage avait sombré et sa formation semblait être entrainé dans ce naufrage- lui, comme l’autre pôle créatif, le chanteur guitariste David Gilmour, avaient de plus en plus de divergences.

Roger WatersWaters était aussi riche et célèbre qu’il était triste et frustré, incapable de surmonter les problèmes de son enfance- qui ont commencé par l’absence du père tué au combat à la bataille d’Anzio, durant la Seconde Guerre Mondiale, lorsqu’il n’avait que cinq mois. Suivent ses rapports conflictuels avec sa mère et avec le système éducatif anglais de l’après-guerre. L’alcool trop largement consommé sera le carburant pour le propulser encore plus loin dans cet état de paranoïa avancée. Et tandis qu’il va y injecter toutes ses névroses, cet obsédant projet devient bientôt son jardin secret et exclusif. Cette « exclusivité » forcément très mal acceptée par les autres membres du groupe sera aussi le principal vecteur de sa séparation. Même si ce n’est que l’album suivant, « The Final Cut », qui scelle officiellement la fin du Floyd Mark II , version Waters, après celle de Barrett, elle était déjà tacitement consommée dans la queue de la comète « The Wall ». Wright qui s’imaginait un moment producteur de l’album se retrouve carrément débarqué manu militari du groupe pour se voir indemnisé comme un domestique congédié. Si le clavier est néanmoins bien présent sur la tournée, ce n’est qu’en tant que « musicien salarié » et non plus membre éminent du méga-groupe. Comme dans tous les couples qui divorcent, le partage se fait dans la douleur. Roger Waters conserve toute la jouissance de « The Wall « – Gilmour co-signant néanmoins « Comfortably Numb » et deux autres titres- tandis que Gilmour et le regretté Wright ont pu continuer d’exploiter la marque Floyd en tant que groupe. Mais après ce deal, Waters a toujours autant la rage contre son ancien frère d’armes, même si 2005, un dégel permet aux quatre Floyd de se retrouver sur scène l’espace de quatre titres interprétés durant le Live 8, juste avant le décès de Wright. Ce sera la toute dernière fois. Puis au fil des ans, Roger Waters se distingue par son soutien sans faille au leader travailliste défroqué et antisémite Jeremy Corbyn, son obsédante détestation d’Israël en général et des juifs en particulier, qui se manifeste durant les concerts par un cochon volant du Floyd siglé d’une étoile de David ou une tenue de long manteau de cuir noir SS style arborant une simili croix gammée en brassard, la mitraillette au poing, une posture provoc qui lui vaut d’être désormais poursuivi en Allemagne. Sans oublier ses positions plus que troubles sur la guerre menée par la Russie à l’Ukraine où chez Waters victimes et bourreaux sont mis au même niveau.; oubliant naturellement qui a envahi l’autre? Vous l’aurez compris, je ne porte pas ce triste sire dans mon cœur, d’autant que créativement le bassiste barbu a depuis longtemps tari la source de son art. Et son « The Dark Side Of the Moon Redux », qu’il ose publier 50 ans exactement après le sublime original au logo arc en ciel, loin d’être une planche de salut, sera le boulet qui l’entrainera définitivement par le fond, preuve que le Watersgate aura finalement coulé Waters…

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2 réponses

  1. JB dit :

    Correction nécessaire: « tandis que Gilmour et le regretté Mason  » .. tu veux sans doute dir: et le regretté **Wright*!!!
    Nick Mason est toujours parmis nous, je l’ai d’ailleurs vu en concert à Washington l’année dernière (je suis Américain) avec son groupe « A Saucerful of Secrets », jouer le PF d’avant DSOTM. Un concert merveilleux.

    Je ne citerai pas Lamartine, mais un proverbe populaire français: « les goûts et les couleurs ne se discutent pas ». J’aime beaucoup DSOTM redux, même si, effectivement, rien ne peut me toucher comme le fait la VO. Mais je trouve que Waters a fait un très bon travail avec Redux, et il est tres intéressant de voir qu’une oeuvre, aussi importante soit-elle, nest jamais vraiment finie, et qu’un artiste n’est jamais vraiment satisfait. Ses psychoses et névroses antisionistes (pas antisemites) ne changent en rien son talent et son génie. En revanche, bien vu pour ton « Waters n’est pas Leonard Cohen ».

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