EELS « Extreme Witchcraft »

EelsJ’adorais l’interviewer pour BUZZ à l’aube de l’an 2000, personnage énigmatique aux multiples personnalités, lider maximo d’un quasi « one man band » Mark Oliver Everett alias Eels a toujours été un personnage à part dans la galaxie rock. Vingt ans plus tard le héros de San Feliz California publie son 14 éme album toujours co-produit par John Parish, qui marque un retour aux racines du rock électrique, aux guitares blues crades débraillées et aux refrains addictifs. Sans oublier cette petite pointe de cynisme qui emporte l’enthousiasme de Jean-Christophe Mary !

EelsPar Jean-Christophe MARY

 

Dire que Mark Oliver Everett a un penchant naturel à masquer ses états dépressifs par un rock déjanté, serait un euphémisme. Au travers de Eels, le groupe à géométrie variable qu’il dirige depuis 1995, le talentueux multi-instrumentiste s’est toujours livré sans filtre, n’hésitant pas à étaler ses névroses. On se souvient particulièrement de » Electro-Shock Blues » (1998) et de « Blinking Lights and Other Revelations » (2005), deux albums où il exposait largement ses échecs et chagrins d’amour à travers des chansons lumineuses, aussi réjouissantes que ludiques. Ce tout nouveau tout chaud « Extreme Witchcraft » en est l’illustration parfaite. Mark Oliver Everett développe une sensibilité pop folk rock et soul au moyen de sa voix étonnante qui passe des chuchotements aux montées dans les aigus avec une facilité déconcertante. Il façonne des mélodies attrape-cœur aux texture sonores émotionnellement riches où les notes se frottent, s’entrechoquent et forment de belles gerbes d’étincelles. Il joue sur un savant mélange des sons et des instruments, tantôt organiques tantôt numériques et donne l’impression de s’amuser avec les constructions harmonies. Jongleur de mots, ses démons le hantent toujours autant, rodent au fil de ces 12 nouvelles chansons pleine d’énergie. Des chansons comme une sorte de musicothérapie.

EelsDès le premier titre, ça commence très fort. « Amateur Hour » est une salve de rock & roll décousu fabriqué à base de guitares sales et débraillées, portées par une basse batterie bourdonnante sur lesquels vous pouvez vous trémousser. Suit « Good Night On Earth  » une excellente chanson au riff de guitare blues cisaillant aux fortes effluves Black Keys. Ces harmonies vocales qui planent en apesanteur au-dessus de la toile sonore donne immédiatement la couleur. Dans la foulée, on retrouve « Strawberries & Popcorn » ballade chaloupée, dotée d’un refrain accrocheur, qui est immédiatement éclipsée par un« Steam Engine » ensorcelant dont les guitares rythm and blues décousues et mordantes rappelle-la encore-le meilleur des Black Keys. Comment ne pas se déhancher devant « Grandfather Clock Strikes Twelve », titre funk soul aux cuivres chaleureux. Comment ne pas fondre d’émotion devant la simplicité folk de « Learning While I Lose ». Même les chansons les moins optimistes affichent un élan de positivité comme « Strawberries and Popcorn » qui nous explique que si vivre seul ne rend pas heureux, on peut toujours apprécier les petits avantages que procure la vie de célibataire. Le meilleur arrive à la fin avec le délicieux « I Know You’re Right » où cette descente de basse portée par refrain catchy est absolument délicieuse. À mi-chemin entre funk soul et blues pop « Extreme Witchcraft » est un véritable disque de rock qui combine les expériences musicales bien au-delà du cadre pop traditionnel. Un album que vous allez écouter en boucle. On parie ?

 

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