LE FAT BOYS PRINCE MARKIE DEE TERRASSÉ PAR UNE CRISE CARDIAQUE
Je l’avais rencontré en 1988, avec ses Fat Boys, pour la sortie de leur LP « Coming Back Hard Again », Prince Markie Dee, membre fondateur du fameux trio de rap en surpoids est décédé hier, à seulement 52 ans, d’une crise cardiaque foudroyante, à Miami où il vivait depuis des années. Les rimes insouciantes et le concept fun du groupe auront largement contribué à populariser la culture hip-hop. RIP Antony « Prince Markie Dee » Morales.
Mark Anthony Morales, connu sous le nom de Prince Markie Dee du groupe de rap Fat Boys et auteur producteur à succès de Mary J. Blige, Mariah Carey et de bien d’autres, est décédé d’une crise cardiaque, selon son manager, Louie « Oncle Louie » Gregory. Il n’avait que 52 ans. À l’instar de Grandmaster Flash, des Beastie Boys, des Run DMC et autres A Tribe Called Quest, j’avais interviewé le trio costaud, lors de son tout premier passage à Paris, dans la foulée de leur 5ème LP « Coming Back Hard Again ». Prince Markie Dee est né Mark Anthony Morales le 19 février 1968. Il forme le groupe Disco 3 au début des années 1980 avec Darren (the Human Beat Box) Robinson et Damon (Kool Rock Ski) Wimbley, des amis des quartiers Est de Brooklyn, à New York. Ils remportent un radio-crochet en 1983 au Radio City Music Hall, et décrochent un contrat de management signé par le promoteur du show, qui leur suggère alors de changer leur nom en Fat Boys. Leur tour de taille est ainsi devenu leur identité.
Le groupe aura publié sept albums, avant de se séparer au début des années 1990. Hélas en 1995, Darren « Beat Box » Robinson décède à l’âge de 28 ans, après être tombé d’une chaise et avoir perdu connaissance, alors qu’il rappait pour des potes. Prince Markie Dee a ensuite sorti deux albums solo, dans les années 1990, dont le premier a donné naissance au hit single « Typical Reasons (Swing My Way) ». À la même époque, il commence à travailler comme auteur-compositeur et producteur pour Uptown Records, collaborant avec Mary J. Blige. Il aura ainsi contribué à l’écriture et à la production du tube de Mary J Blige « Real Love », sorti en 1992, et a collaboré à son premier album, « What’s the 411 ? » Il a également composé des chansons et des remixes pour Destiny’s Child, Mariah Carey et bien d’autres. Le troisième larron, Damon « Kool Rock-Ski » Wimbley reste à ce jour l’unique survivant des Fat Boys. Le 6 octobre 1988, pour la quotidienne « Drevet Vend La Mèche » sur FR3, j’interviewais ces trois Fat Boys… dans un fast food de la place de la République. Leur 33 tours « Coming Back Hard Again » était propulsé par leur cinglante reprise de « The Twist » de et avec le héros des 60’s Chubby Checker… Flashback…
Installés à une table du fast food, les membres du groupe répondent à mes questions. Ils se présentent d’abord à la caméra, puis me racontent comment ils sont devenus les « Fat Boys ». « Nous avons participé à un concours de rap, dont le 1er prix était un contrat d’enregistrement et nous avons gagné », se souvient Prince Markie Dee, « Durant la tournée qui a suivi, comme nous faisions les goinfres à chaque petit déjeuner, en descendant les buffets des hôtels où nous résidions, notre manager nous a surnommés les Fat Boys, et nous avons conservé le nom. »
Puis ils évoquent le quartier difficile dans lequel ils ont grandi à Brooklyn, ce n’était pas loin du ghetto, mais tous les respectaient. Nul n’aurait osé leur chercher noise, car ils étaient déjà les rois de la rue. « Moi je suis devenu the Human Beat Box, car c’est moi qui fait la beat box » explique naïvement Darren « Beat Box » Robinson… et il en fait la démonstration devant notre caméra . Puis, c’est au tour du regretté Mark « Prince Markie Dee » Morales de me raconter la façon dont il a endossé son surnom de prince du rap, en étant capable de rapper en improvisant sur n’importe quel sujet. Enfin, le troisième larron Damon « Kool Rock-Ski » Wimbley me révèle l’étymologie de son blaze : « c’est juste parce que je suis un mec cool ».
Puis scoop puisque les trois expliquent que, désormais, ils faisaient attention à ce qu’ils mangaient, précisant que les hamburgers disposés devant eux sur la table n’étaient que des accessoires, pour mon interview télévisée. Prince Markie Dee assure : « On a beau etre gros, on doit pouvoir rester en forme et tenir le coup sur scène durant nos shows de plus de deux heures. Et quand on n’est pas en tournée, j’avoue qu’il nous arrive de passer par la salle de sport, bon peut être pas tous les jours…. Darren, par exemple, soulève non seulement de la fonte en s’adonnant aux haltères, mais il fait aussi du punching ball. »
Ils évoquent avec fierté le fait que, désormais grâce à leur succès, « big is beautiful » est en train de devenir une expression populaire. « On est devenus des rôles-modèles », avoue-t-il, avant d’évoquer le successeur de leur film « Krush Groove », « Disordelies », dans lequel ils ont tourné et qui doit sortir ce mois de Novembre 1988. « On joue nos propres rôles, soit trois personnes engagées pour s’occuper d’un vieux millionnaire par le neveu de celui-ci qui espère que notre maladresse légendaire hâtera le jackpot de son héritage en le tuant par accident, mais bien entendu, il se trompe. On a tourné le film à la Nouvelle-Orléans. », raconte Prince Markie Dee en se marrant.
Enfin, il évoque tous les produits dérivés Fat Boys qui vont sortir pour Noël, comme des poupées à leur effigie, mais aussi des bandes dessinées dont ils sont les héros. On croit toujours naïvement que les héros ne meurent jamais, la disparition si soudaine de Mark « Prince Markie Dee » Morales prouve hélas à nouveau qu’il n’en est rien. So long mon gros garçon !