LAUREN AUDER « The Infinite Spin »
Sa voix est empreinte de toute la nostalgie du monde et me rappelle celle de John Cale, la franco-british Lauren Auder met à vif toute sa sensibilité émotionnelle d’artiste transgenre, telle une nouvelle Antony and the Johnsons/Anohni pour nous séduire de ses chansons si aériennes qu’elles échappent à l’attraction terrestre. Décidément ce premier véritable CD après avoir publié un duo de maxis porte admirablement bien son titre : « The Infinite Spin » n’a décidément pas fini de nous faire indéfiniment tourner la tête.
Papa était journaliste au mensuel de rock-fort Kerrang et maman bossait au NME, comment voulez-vous qu’avec de tels géniteurs Lauren Auder ne se soit pas projeté dans une carrière de pop-star ? Entre Londres et Albi, l’auteure-compositrice-interprète s’est forgée son propre style ; des balades aussi évanescentes que légères, une douceur d’une ardente sensualité et des compositions généreusement intemporelles. C’est sûr et certain, il y a du John Cale chez cette jeune femme, mais pas que. On songe également à Kevin Ayers, à Syd Barrett, à Leonard Cohen, à Asaf Avidan, à Tame Impala… et à quelques autres inclassables de génie de notre galaxie rock. La presse British la qualifie de « cosmic pop » ou encore de « baroque pop », mais au-delà des étiquettes, « The Infinite Spin » se distingue par son ardent pouvoir émotionnel qui ne saurait laisser indifférent le cœur du véritable music-lover. Du post-Velvet Underground anachronique avec « All Needed Here » au feeling Bowie période « Hunky Dory » de « 73Okingfisher », on peut dire que Lauren nous en fait voir de toutes les couleurs. Bleu comme « Atoms » à la beauté ardente et dépouillée aux accents du mythique « Bird On the Wire » de Leonard Cohen. Blanc comme la pureté enneigée de « Being There » avec peut-être un je ne sais quoi de the Blue Nile. Rose comme la pop bubble-gum de « City In A Bottle » comme un version apaisée d’un hit des Pet Shop Boys. Gris comme le mélancolique climatique « Datta920 » rythmé par les violons et la puissance des cors qui me fait penser à Woodkid. Vert comme l’espoir pour « Equus » harmonieux et fragile comme un titre d’Antony and the Johnsons. Jaune comme le soleil pour cette lumineuse « Hawthorne81 », sans doute l’une des plus belles compositions de l’album. Argent comme « The Ripple » le titre le plus dansant du disque qui me rappelle Björk. Rouge crépusculaire sur « We2assume2manyroles » qui me fait carrément songer au « Sad Song » de Lou Reed. Parme comme la pop de Deacon Blue et de Prefab Sprout sur « 118 madonna ». Enfin couleurs rainbow multicolores pour la perle « 73Okingfisher » qui clôt en beauté ce premier et merveilleux premier album de miss Auder, peut être le seul rayon de soleil durable de ce mois d’aout 2023 en version novembre.