LA RÉVOLUTION ERASURE
Voici 31 ans dans BEST, GBD assistait au grand show d’Erasure, donné cette fois après le Palace, à la Cigale, avant de tendre son micro à Vince Clarke, vieille connaissance des années Yazoo/ the Assembly/ Erasure et génie précurseur de la musique électronique, comme de la culture gay, dans la foulée de leur 4ème et révolutionnaire album à succès « Wild ».
Si Cadet Rousselle a trois maisons, le duo Erasure fait encore mieux en enregistrant leur « Wild » dans 3 studios en simultanée ( Voir sur Gozomusic https://gonzomusic.fr/erasure-wild.html ). Sous son élégante pochette signée de nos compatriotes Pierre et Gilles, ce 4éme album, aux compositions baroques, s’impose comme une nouvelle fièvre du samedi soir, à l’aube des années 90. J’avais déjà rencontré Vince Clarke voici dix ans, peu de temps après son départ de Depeche Mode, à l’Astoria theater de Londres, juste avant son tout premier concert donné avec Alison Moyet, sous leur pseudonyme de Yazoo. Retrouvailles donc avec Vince Clarke pour évoquer ce 4éme Erasure et la quête du duo de territoires inexplorés de l’autre côté de ce rideau de fer qui n’avait pas encore été tiré. Bientôt Gorbachev accéderait au pouvoir, Solidarnosc mettrait le feu aux poudres communistes en Pologne et le mur de Berlin finirait par s’écrouler. Mais en janvier 90 rien de tout cela ne s’était encore produit et notre musique de djeuns n’avait pas encore pris la pleine mesure de son pouvoir révolutionnaire. Qui aurait pu imaginer que les tenues flashy d’Andy Bell alliées aux séquences synthétiques de Vince Clarke agiraient tel un « Cuirassé Potemkine » neo-disco. Flashback…
Publié dans le numéro 258 de BEST sous le titre :
DUO A LA GOMME
Voici deux ans, Andy Bell et son petit camarade Vince Clarke en cyclistes noirs- débardeurs nous faisaient découvrir, sur les planches du Palace, leur nouvelle ligne estivale. Preuve de ce succès, l’été dernier, un aoutien sur deux avait ses fesses cyclistement moulées dans un short à la Erasure… Oh l’amour ! Cette fois, sur la scène de la Cigale, Andy et Vince semblent avoir particulièrement assaisonné leur image. Dans un ensemble doré short-maillot de bains à bretelles, Andy se déhanche avec ferveur sur les séquences de Clarke. Diva futuriste aux pectoraux poilus, comme un Gary Glitter en version gay-déshabillé, si le look du chanteur d’Erasure est aussi massivement pompé, les jeux de plages cette année risquent d’être tout particulièrement fendarts. Au-delà de la bagatelle et des jeux du cirque, le duo est une implacable dance-machine totalement rodée. Vince derrière ses machines assure seul toute la musique, tandis qu’Andy fait dangereusement monter nos taux de glycémie par ses vocalises sucrées, épaulé par deux choristes femelles à croquer comme le cacao.
En Angleterre, où la Erasuremania assure un max, notre techno-paire crée des vagues puisqu’ils pulvérisent le record de remplissage détenu jusqu’a présent par Tina Turner en investissant pour sept nuits le NEC de Birmingham, le plus grand stade du pays. Mais Paris est une toute autre paire de manche et face à son express serré I’ex-Depeche Mode, ex-Yazoo, ex-Assembly et Erasure distingué, Vince Clarke fait la grimace.
« Ça ressemble a un gag, mais au fur et a mesure des tournées européennes, les salles sont de plus en plus vastes, à l’exception de Paris, où elles semblent au contraire rétrécir. (Rire).
Avec cet album « Wild », on a la sensation que vous avez modifié votre manière de bosser ?
C’est juste un pas en avant, une évolution. L’enregistrement était hyper-simple, alors qu’en général c’est un véritable enfer. Nous avons eu je crois beaucoup plus de liberté qu’auparavant.
Dans quel sens, puisque tu possèdes ton propre studio, tu peux travailler aussi longtemps que tu le souhaites ?
Ce feeling de liberté vient du simple fait qu’Andy et moi avons enregistré I’album en parallèle dans deux studios séparés. Moi, je faisais la musique dans un studio, tandis qu’Andy plaçait sa voix dans un autre. Puis nous avons mixé dans un troisième studio. On a fait chacun notre truc de notre côté et le résultat sonne beaucoup plus libéré.
As-tu utilisé de nouvelles et inédites machines ?
Au contraire, je me sers d’un équipement de plus en plus vintage, car je me suis mis a collectionner les tout premiers synthès. Lors de la dernière tournée aux USA, j‘ai racheté tout un tas de vieilles boites à rythmes désormais introuvables. Mon studio à la maison n‘est pas très vaste et du sol au plafond il y a des bécanes. Mais ces machines sont très prisées et donc elles deviennent extrêmement rares.
Rock and rollement parlant, tu es né avec les 80’s. Or il semble qu’avec ta manie des vieux synthés tu cherches à revenir aux sources de la musique électronique?
Au début des 80’s, tant de groupes électroniques avaient du génie : je songe aux premiers Soft Cell ou à OMD, or cette musique n’a jamais eu le succès commercial qu’elle méritait. Tous les groupes électroniques aujourd’hui ont le même son, car ils n‘utilisent le synthé qu’en succédané pour imiter les authentiques instruments qu’ils n‘ont pas les moyens de se payer ; moi je crois qu’il existe encore une foule de territoires inexplorés au pays du synthé et je suis bien décidé à les découvrir.
En parlant de territoires inexplorés, vous avez joué a Prague la semaine dernière.
Oui, dans un stade de 10 000 places où plus de 15 000 personnes s’étaient entassées, des gens de tous ages qui avaient fait la queue des heures et des heures pour acheter un billet qui pesait 1/10° du salaire ouvrier mensuel, cela échappait hélas a notre contrôle. Émotionnellement, c’était génial ; dans ce pays où I’on ne peut pas acheter de disques, ils connaissaient tous les textes de nos chansons et ils les chantaient en même temps qu’Andy. Dans la foule, tu voyais des ghetto-blasters tenus à bout de bras durant des heures pour enregistrer notre gig, c’était hyper-émouvant. La-bas, nous avons rencontré ce groupe synthétique Ocean, le seul du pays et nous allons les importer en Angleterre pour qu’ils assurent nos premières parties, c’est notre contribution au mouvement de liberté qui secoue le déjà défunt bloc Est. »
Erasure n‘a pas fini d’assurer ; pour attaquer les 90’s Vince et Andy ont déjà deux LP sur le feu : un nouvel album et un second qui sera enregistré en Suède, puisqu’il ne contiendra que des reprises d’Abba dont ils sont fans. Gasp !
Publié dans le numéro 258 de BEST date de janvier 1990
Merci pour ce témoignage du passé !
Administrant le groupe Facebook « ERASURE – Les Fans Francophones », je viens d’y relayer cet article.
Comme vous semblez apprécier le fantastique duo britannique ERASURE, injustement méconnu en France, n’hésitez pas à nous rejoindre : https://www.facebook.com/groups/262807307863
Erwann
THANX !