KODAK BLACK : « Painting Pictures »

 

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J’avoue : je n’ai pas encore écouté l’intriguant « DAMN » de Kendrick Lamar-, mais cela ne va pas tarder-, par contre, je sais quel album de hip-hop tourne en boucle sur ma platine virtuelle depuis deux semaines : « Painting Pictures », le premier album du (très) jeune Kodak Black, âgé de seulement 19 ans, mais qui compte déjà quatre mix-tapes à son actif. On songe immédiatement aux frangins Rae Sremmurd, héros du « Black Beatles »…mais pas seulement, car il y a incontestablement du 2Pac dans  dans ce Kodak Black…qui ne demande qu’à être développé. 😉

 

 

KODAK BLACK : « Painting Pictures »Clic clac Kodak…quel brillantissime alias a pris là le jeune Dieuson Octave. En 2013, lorsqu’il publie sa première tape et choisit son pseudo, Kodak s’est placé « sous la protection du chapitre 11 qui régie les faillites ». La société fondée par Eastman met la clef sous la porte, mais Kodak Black s’en fiche.  Le fils d’émigré haïtien, en s’inscrivant sur Instagram, adopte ce pseudo, surtout parce que Kodak rime avec…black, son alias depuis ses dix ans. Trouvaille géniale. Cependant ce futé en a fait une des plus menaçantes chansons du CD « Why They Call You Kodak »  où il proclame : je ne suis pas un cameraman, mais je sais tirer sur un blackos.   Et si le fils d’émigrés haïtien  a été élevé à Pompano Beach, laquelle sous ce nom fleuri sent surtout bon le ghetto, il n’est pourtant jamais en manque d’imagination. Pour la rime, qu’il commence dés ses 12 ans, au sein de diverses formations locales, mais, hélas également, pour les emmerdes. Par trois fois déjà il goute à la maison de correction. Et enchaine délits, arrestations et séjours en prison, le plus souvent pour des broutilles, comme détention de beu, mais hélas, également sur des chefs d’accusation nettement plus bad boy : port d’arme illégal, suspect dans une attaque à main armée, violences diverses et même accusation de viol de la part d’une fan qui était montée dans sa chambre d’hôtel. Bref, le jeune Kodak Black est un personnage aussi talentueux qu’il peut être dérangeant. Quelque part il est aussi polémique que feu 2Pac. D’ailleurs, est-ce un hasard si l’intro de ce « Painting Pictures » commence exactement comme celle de son album « Me Against the World » où, sur une séquence pulsée, des voix mixées de présentateurs télé balancent leurs infos. « Kodak Black va retourner en prison après son arrestation…il plaide non coupable pour les délits dont on l’accuse…il devra mettre sa carrière musicale entre parenthèses… ». Puis, soudain, le flow à la fois puissant et nonchalant du gamin nous emporte irrémédiablement dès ce premier titre, « Day For Day ». On songe immédiatement à la coolitude de voyou des premiers raps de Snoop sur « The Chronic ». « It’s my motherfucking album », achève-t-il…avant de rebondir immédiatement sur « Coolin and Booted ».

Kodak Black en Basquiat du rap

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Vous allez dire que GBD garde toujours un œil dans le rétroviseur, mais la manière de balancer ses rimes de Kodak, son phrasé, me fait aussi penser à mes chers Bones,Thugs n’ Harmony de Cleveland. Ce même staccato de mauvais garçon charmeur, en quelque sorte, que le Floridien développe tout au long de son addictif album. Prenez l’imparable « Twenty 8 », porté par ses séquences synthétiques et ses vocalises chaloupées qui nous ramènent droit au Kanye West de « The College Drop Out ». Plus swing, plus jazz, sur son piano, la subtile « Patty Cake » échappe à l’attraction terrestre comme un ballon gonflé à l’hélium. Sans doute ma favorite de tout l’album, voici « Save You » et son joyeux hip pop mélodique en forme de love-song adolescente. Premier guest de premier plan avec Future, from Atlanta, qui partage le micro de Kodak pour une brillante « Conscience ». Autre incontestable atout de ce « Painting Pictures », « Tunnel Vision » nous entraine sur son phrasé hypnotique d’entêtante mélopée rapolologique. Et toujours cette indolence insulaire absolument émotionnelle entre slow reggae et kompa halluciné  qui porte le rap façon Kodak, comme ce « Reminiscing » ou la joyeuse « Top Off Benz » ( la Mercos décapotée) en duo avec le bouillant Young Thug. Hélas, à l’heure où j’écris ces lignes, Kodak bouclé sous les verrous n’a pas été autorisé à sortir en versant une caution. La tournée,  qui devait accompagner la sortie de ce premier album, est reportée aux calendes grecques. Again on ne peut s’empêcher de tracer un parallèle avec 2Pac qui avait également connu le zonzon. La presse US dépeint désormais  Kodak Black en Basquiat du rap…je prie tous les Dieux du hip-hop de nous le conserver pour que sa carrière s’inscrive dans la durée …une véritable fucking longue durée !

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