KEREN ANN, THE RED HOT CHILI PEPPERS ET MON COUSIN DYLAN
What a fucking awesome week-end ! Keren Ann magique woman song-writer sur la scène de l’Olympia pour un super show samedi. Dimanche, les Red Hot Chili Peppers explosifs à Bercy. Et, en cerise sur le gâteau rock, ce mail tout simplement incroyable m’annonçant que le Prix Nobel de Littérature Bob Dylan…était un petit cousin. Tout simplement hallucinant… et pourtant toute ressemblance avec tous les personnages évoqués est avérée et ce n’est en aucun cas de la fiction, car ils s’inscrivent tous pleinement dans la réalité. Am I dreaming ?
Tout avait décidément admirablement bien commencé. Dès vendredi soir, j’avais reçu ce coup de fil en forme d’électrochoc positif de mon avocate, maitre Saada, m’annonçant que la procédure engagée depuis deux fucking années et demie devant les Prud’hommes pour licenciement abusif « sans cause sérieuse ni réelle » par Rolling Stone avait enfin abouti : les juges ont, comme on dit, « lavé mon honneur bafoué », en nous donnant intégralement gain de cause sanctionnant lourdement le cynisme et la mauvaise foi d’un éditeur véreux et de son rédacteur en chef vénal. Nous aurons très largement l’occasion d’en reparler, dans mon prochain édito sur Gonzomusic. Mais, avant de tirer sur l’ambulance Rolling Stone, restons positifs et évoquons plutôt ce moment magique que nous a offert Keren Ann (Zeidel). Réalisateur voici 17 ans du petit doc qui accompagnait son tout premier album « La biographie de Luka Philipsen », j’ai immédiatement été subjugué par son talent, la finesse de son écriture, sa sensibilité extrême empreinte d’une rare poésie. Au printemps dernier, j’avais déjà fondu comme neige au soleil sur les dernières compositions de son CD « You’re Gonna Get Love » ( voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/keren-ann-youre-gonna-get-love.html ) et durant ce laps de temps de presque deux décennies, Keren Ann n’a jamais déçu. Au contraire, choisissant l’Anglais, elle s’est également taillé une belle carrière internationale. Normal, lorsqu’on a un pied à Tel Aviv, un autre à Paris…un troisième à Amsterdam – où vit encore sa maman- et un dernier à Brooklyn où elle a choisi d’élever sa fille Nico. (Bon, je sais, là cela nous fait quatre pieds en tout, mais avec KA rien n’est jamais aussi simple qu’il n’y parait). Une autre qualité que l’on peut mettre à son actif, c’est cette fidélité sans faille qui la distingue de tant d’artistes qui ont sans cesse besoin de tirer un trait pour repartir sur une nouvelle base, une nouvelle équipe. Bashung était de ceux-là, par exemple.
Victoire par KO pour KA
Ce soir à l’Olympia, entourée de huit musiciens d’excellente facture et de deux guests, elle joue le changement dans la continuité. Pari sur l’élégance, elle a choisi une section de 4 cordes pour porter ses chansons…où l’on retrouve la violoniste Karen Brunon, qui figurait déjà au casting de « La biographie… ». Une autre violoniste est aussi sous les projos, ce soir, avec Anne Gravoin, la compagne de Manuel Valls. Et parmi les invités, on retrouve un autre « rescapé » de « La biographie… » un certain Benjamin Biolay qui s’était alors beaucoup investi dans cette première aventure de KA, co-signant les titres et vocalisant avec elle sur l’émotionnelle « Décrocher les étoiles ». Mais, ce soir, « celui qui a tout piqué à Serge y compris les rayures de sa veste 😉 », interprète un autre duo, encore plus symbolique, puisqu’il s’agit du fameux « Jardin d’hiver », dont la reprise par Henri Salvador avait à nouveau ensoleillé la carrière au crépuscule de sa vie. Moment privilégié, « Jardin d’hiver » emporte la salle. Biolay et Keren Ann s’offrent ensuite un second duo au titre qui leur colle à la peau: « The Separated Twin . Comme la chanson-titre qui ouvre son dernier disque, le show avait commencé par le vibrant « You’re Gonna Get Love » en forme de promesse tenue. Love is in the air…Je demeure toujours aussi ému, lorsqu’elle entonne « Where Did You Go », la chanson dédiée à son père disparu trop tôt pour avoir pu assister à la naissance de sa petite-fille.
L’autre moment de bravoure le plus marquant de cette soirée, c’est lorsque KA partage sa scène avec un nouvel invité : le rapper/slammer de San Francisco Raashan Ahmad. Et, soudain, la magie du groove emporte l’Olympia dans la foulée des ATCQ et autres De la Soul. Le talent de KA, c’est aussi cet art du grand écart entre ses influences incontestables de women song-writers, la trilogie Carole King, Joni Mitchell et Rickie Lee Jones et son imagination. Il faut aussi noter le choix discret et élégant d’un light show tout en clair-obscur, sans « poursuite » agressive sur la « star ». L’humilité dont fait ainsi preuve la chanteuse a, par contre, un revers de médaille: cette timidité extrême qui fait, qu’en dehors des chansons, la jeune femme semble absolument tétanisée lorsqu’elle tente de s’adresser à son public, portant très largement conquis. On va dire que cela fait partie du charme de la demoiselle. En résumé victoire par KO pour KA !
Red Hot Chili Peppers
Autre scène, autres retrouvailles, avec les Red Hot Chili Peppers. En kroniquant leur dernier CD « The Getaway » ( voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/the-red-hot-chili-peppers-the-getaway.html ) je remontais voici 32 ans lorsque j’ai flashé pour la toute première fois sur la formation de LA en flashant vigoureusement sur leur maxi « Hollywood Africa » écouté dans un bureau d’A&R dans la mythique tour Capitol, leur label d’alors. Ce même été 1984, j’avais pu mesurer en live toute la puissance de leur incroyable fusion. Sur la scène du légendaire Hollywood Bowl, les Red Hot « ouvraient » pour mes copains Ron et Russell des Sparks. Un moment absolument inoubliable. Si Rick James n’avait pas inventé le terme de « punk-funk » pour qualifier sa blackitude agitée, l’expression définissait totalement la performance des Red Hot Chili Peppers, ce mélange inédit de rage punk et de groove vrombissant comme un turbo réacteur. À l’époque, les Fishbone ou les Living Colour étaient un peu sur cette même longueur d’onde. Durant les trois décennies suivantes, je n’ai jamais cessé de suivre et de succomber aux albums d’Anthony Kiedis, de Flea et de leur bande de mauvais garçons. Idem en live. Sans doute le concert le plus marquant étant cet Olympia VIP, voici une dizaine d’années où les Red Hot nous avaient offert un show aussi puissant qu’intimiste, comme s’ils avaient retrouvé l’esprit des premiers concerts donnés dans les clubs de LA comme le Lingerie, Madame Wong ou le Palace.
Joyeux anniversaire Flea
Bref, c’est dire si hier soir je me faisais une fête de vibrer à nouveau aux good vibes des RHCP à Bercy. Et bien entendu je n’ai pas été déçu. Normal, c’était l’anniversaire de ce bon vieux Flea et les fans locaux n’ont pas oublié de célébrer ses 54 ans ans à grand renfort de bannières et d’un « joyeux anniversaire » interprété par la salle en français dans le texte. Du coup, le bassiste à traversé la scène…sur les mains avant d’être rejoint par sa fille de 11ans… qui tombe dans les bras de son papa …après un impeccable salto…tel père…bref, c’est dire si notre Flea avait la pèche. Et de l’amour de Paris à revendre. À plusieurs reprises, il a loué notre capitale, notre way of life et la douceur de vivre de notre société, bon sang cela change des invectives de Trump. L’autre moment d’émotion en bleu blanc rouge, reste incontestable la reprise live de « Je suis venu te dire que je m’en vais »- toujours en français dans le texte- ,de notre Gainsbourg national, par le guitariste Josh Klinghoffer – qui a rejoint les RHCP depuis 2011 et les deux derniers albums- Si Serge était encore là, il aurait été si fier de l’hommage. Durant plus de deux heures, à eux seuls, les RHCP génèrent l’énergie d’au moins deux centrales nucléaires, revisitant les hits qui nous font craquer depuis toujours, de « Snow (Hey Ho ) » à « By The Way » en passant par l’incontournable et funky-sexy « Californication » ou le body-buildé énervé « Give It Away ». Sous un light show époustouflant, à base de « lampions » digitaux multicolores télécommandés qui montaient et descendaient comme des yoyos au-dessus de la fosse, les Red Hot Chili Peppers ont encore largement prouvé que le « piment rouge » n’avait décidément rien perdu de son inexpugnable pouvoir incendiaire. On comprend que leurs trois Bercy soient aussi largement sold-out !
Bob et moi sommes cousins
Enfin, et sans doute la news la plus incroyable de mon wek-end, c‘est ce mail m’annonçant que j’étais le cousin de Bob Dylan. Déjà jeudi, son Prix Nobel de Littérature m’avait ému aux larmes. Pour la première fois, son immense talent poétique était enfin loué par le mainstream, mais surtout, pour la toute première fois, un rocker, jadis considéré comme un « voyou », se retrouvait sur le même plan culturel qu’un grand auteur. Quelle avancée, quelle victoire pour la musique que cette reconnaissance ! Vous me direz, à 74 ans, il était temps. C’était déjà l’occasion de se réjouir pour mon cher vieux Zimmerman. Mais le mail du site généalogique Geni reçu dimanche soir m’a bien scotché, m’annonçant que Bob et moi étions cousins, certes lointains, mais cousins anyway. Bon, je dois avouer que le même site avait déjà tracé des liens familiaux avec Dustin Hoffman, Leonard Nimoy, Bernie Sanders et plus étrangement Albert Einstein, Robert Redford et même Paul McCartney- via Linda-. Mais dans l’alignement planétaire, mon KO au poing contre Rolling Stone, ces deux concerts festifs et mon nouveau cousin Bobby ont ce délicieux arrière-gout de victoire que l’on souhaite largement partager. Vae victis !