JULIETTE ARMANET « Brûler le feu »
Certes, je ne comprends pas toujours tout ce qu’elle chante, mais qu’importe Juliette Armanet a débarqué dans ma vie et cette nouvelle héroïne se révèle fichtrement addictive. Normal, quelque part entre Véronique Sanson, France Gall et Michel Berger, elle joue la séduction d’une pop élégante et cool, se distinguant très largement de trop d’autres chanteuses hexagonales si souvent aussi captivantes que l’eau tiède. Son deuxième CD aussi incandescent que… dansant , aussi insouciant qu’entêtant « Brûler le feu » porte admirablement son nom car il est si… volcanique.
À des années-lumière de la chanteuse midinette-type voici Juliette Armanet, surdouée de la pop hexagonale qui a toujours pris son temps. Elle attend en effet ses 34 ans pour sortir son tout premier album « Petite amie » en 2017 et il nous faudra encore patienter sagement quatre longues années pour découvrir son radieux successeur « Brûler le feu », soit treize compositions qui oscillent entre pop légère, soul insouciante et rock délicat. Attention il ne s’agit pas ici d’un Taylor Swift francophone à l’instar d’Angèle ou d’une Biolay miauleuse chanteuse à gonzesses du type Clara Luciani. Non non trois fois non, Juliette Armanet est bien d’une toute autre trempe, d’une vigoureuse et séduisante maturité. Et d’emblée si je ne comprends pas toujours toutes ses paroles, j’apprécie qu’elle les répète inlassablement un peu à la manière des frères Gallagher d’Oasis. On a ainsi tout le loisir de les vocaliser avec elle. Et tout démarre par le puissant « Le dernier jour du disco » qui est à Juliette ce qu’était « Le dernier slow » de Joe Dassin, un hit imparable reflet nostalgique d’une époque révolue qui fait encore battre nos cœurs. Et le show se poursuit avec la France Gallienne assumée au piano /voix, avant de d’accélérer pop et sensuelle « Qu’importe », portée par sa superbe mélodie. Avec son joyeux franglais « Tu me play » pulse sa délicate énergie entre un Etienne Daho au féminin et une Véronique Sanson juvénile, tandis que la nostalgique « Boum Boum Baby » chantée de sa voix haute, téléporte notre Juliette dans la soul cool Motown de la fin des sixties et c’est juste irrésistible.
Retour vers la case Sanson avec « Je ne pense qu’à ça », qui nous arrache littéralement à l’attraction terrestre ; puis avec « HB2U » magistralement gospelisé jamais « Happy birthday » n’avait autant ému depuis celui de Stevie ou de Marilyn… carrément ! Quant au slow spleen piano voix, « Le rouge aux joues » là on surfe carrément entre Carole King et Françoise Hardy, belle réussite ! Avec « L’épine » c’est retour à la case Sanson/ Berger (« L’amour est là »). Avec sa référence au « quart d’heure américain », sa nostalgie rétro 50’s et ses faux airs de « Comme d’habitude/ My Way », « J’te l’donne » est assurément un des piliers de ce bel album. Dépouillée directe et romantique « Imaginer l’amour » emprunte des accents à la Barbara pour projeter toute sa détresse amoureuse. Quant à la chanson-titre la torride « Brûler le feu », Juliette joue le grand écart entre France Gall et… Donna Summer, sans jamais perdre l’équilibre d’une composition forcément radieuse. Enfin, cette belle aventure s’achève avec ce titre emprunté à Hitchcock « Vertigo » ( Sueurs froides) qui devient ici une parfaite composition propulsée par sa voix et son piano qui balance ( pas mal à Paris) comme une autre ( Michel) Bergerie imaginaire et si émotionnelle. C’est comme un passage de flambeau d’une génération à une autre. Ainsi nul ne saurait reprocher à Juliette Armanet de revendiquer ses influences assumées et puisées dans ce que la pop rock hexagonale a su imaginer de mieux pour mieux inventer tout ce qu’elle sera.
ah , quand même , Sissi valide totalement elle aussi ……….;