JOHNNY GUITAR WATSON « That’s What time It Is »
Voici 41 dans BEST GBD saluait le retour du légendaire Johnny Guitar Watson avec ce nouvel album sur un nouveau label : A&M. Car pour une fois le funk intergalactique et allumé de ce guitariste expert était boosté par une production à la hauteur, le rendant enfin compétitif face à ses pairs George Clinton, E,W & F ou encore Kool and the Gang. Car après toutes ces années,« That’s What Time It Is » n’a rien perdu de son groove puissant. Flashback…
Depuis l’aube des 50’s le natif de Houston Texas, élevé par sa mère à LA avait traversé tous les courants de la blackitude agitée. Le blues d’abord à ses débuts, puis le rythm and blues, la soul-music des 60’s avant d’embrasser le funk. « Gangster of Love » son hit de 1957 sera repris par Steve Miler en 68, qui citera à nouveau la chanson dans son « The Joker ». Mais c’est au cours des 70’s que Johnny Guitar Watson impose son nouveau style : sur ses pochettes, vêtu comme un mac, il était toujours entouré de femmes pulpeuses à la sensualité torride. Hélas si le style guitaristique de Johnny a inspiré bien des instrumentistes tels que Stevie Ray Vaughan et carrément Jimi Hendrix. Et en 75 le fantasque Frank Zappa le convie à participer à son LP « One Size Fits All ». Hélas un tragique destin attend au tournant notre guitariste, lorsque le 17 mai 1996 alors qu’il est en tournée au japon, il s’écroule sur une scène de Yokohama terrassé par un arrêt cardiaque à seulement 61 ans.
Publié dans le numéro 162 de BEST
Après toutes ces années, tous ces LP, Johnny Guitar Watson a enfin découvert des partenaires sérieux pour l’épauler. Le problème de Johnny a toujours été simple : de son côté artistique notre funky brother a toujours bougé juste comme il faut. La voix, les compositions, le feeling, la guitare bien sûr et la classe, rien à redire, au contraire. Hélas, my brother, là où ça n’assurait pas trop, le côté son, la production et l’odyssée du studio, tu as fait une croix dessus. Il a fallu que tu attendes que DJM ta maison de disques fasse faillite, pour que tu te décides enfin à aller voir ailleurs comment va le funk. A & M t’a ouvert les bras et la grande porte en la personne de Herb Alpert, le prestigieux mentor des lieux. Joli coup Johnny ! « That’s What Time It Is » te donne enfin la dimension qui te convient. A & M n’a pas dû lésiner sur les moyens. Le LP est produit par Michael Zager, l’ex leader du funky Michael Zager Band. responsable du « Let’s All Chant » cet énorme gimmick disco de 77 que Studio 3 a utilisé comme générique à une époque (entre autres). Zager signe aussi tous les somptueux arrangements de cet album où notre Guitar reste complètement fidèle à lui-mème. Une chanson comme « Do the Guitar » pourrait figurer sur n’importe quel autre album; ce qui la différencie pourtant c’est une victoire totale sur l’espace sonore. Nous voici en direct de la « Planet Funk », Captain Guitar nous accueille sur un funk vraiment irrésistible. C’est un peu caricatural, mais l’image est criante de vérité : Man ! It’s a new Johnny Guitar… Johnny a dû bosser comme un cinglé, mais le résultat est assez vertigineux : d’un seul coup il devient complètement concurrentiel sur un marché musical pourtant bien saturé par les groupes super king size comme E, W & F, Commodores, Rick James… Comme toujours, Johnny multiplie les « crédits » au dos de la pochette, cette fois il y a même une dédicace; « First Timothy Six » est une funky reggae party à la mémoire de Bob Marley. Johnny défie notre pesanteur; en tout cas c’est un trip qui vaut le détour même si pour le rejoindre il vous faut aller jusqu’à la galaxie « magasin de disques », dans le système « funk », et filer jusqu’à la planète « Watson ».
Publié dans le numéro 162 de BEST daté de janvier 1982