DROPPERZ
Une fois n’est pas coutume, let’z go to the United Kingdom… pour découvrir l’une des séries les plus fun du moment avec DROPPERZ, qui détourne avec art et humour un mouvement musical urbain local: le Grime ? Quezaco ? Le Grime est bien entendu la fameuse fusion au carrefour du garage et de la jungle, boostée par une pointe de hip-hop, en vogue outre-Manche depuis le début des années 2000. Et DROPPERZ le tourne magistralement en dérision dans un « moquecumentaire » hilarant qui nous fait partager les aventures des Dropperz, un groupe de loosers qui aspire aux cimes des charts sans le moindre espoir d’y parvenir.
Depuis bien des années déjà, nos amis british ont acquis une véritable expertise dans l’art des comédies pastiches bien souvent irrésistibles. On songe bien entendu à Ali G du fou furieux Sacha Baron Cohen, qui incarnait le personnage de l’aspirant rapper gag Alistair Leslie Graham. De même, le détournement des films de zombies de Roméro, revus à la sauce anglaise, dans le film « Shaun of the Dead ». Ou encore le corrosif « Four Lions » qui se moque outrageusement des « martyrs » djihadistes ( on se souvient du morceau d’anthologie du corbeau kamikaze qui se fait exploser). Bref les Anglais savent se jouer des contre-cultures pour nous offrir des comédies drolissimes, car tant ancrées dans l’air du temps. Diffusée sur ITV 2, DROPPERZ est bien de cette trempe-là. Entre télé-réalité et EPK promo déjanté, la série s’attache à quatre héros : Flashman ( Adam Deacon), le chanteur, forcément star, Judas J (Kiell Smith-Bynoe) le chanteur back-up, forcément frustré, Big Gib (Guz Khan), le DJ gentiment retardé mental et Kelly (Laetitia Hector), la groupie aux gros seins, qui rêve toutes les cinq minutes à son quart d’heure de fame d’Andy Warhol, comme Mr Jourdain faisait de la prose sans le savoir. Bien entendu, on retrouve également Esther (Matilda Freeman) la directrice marketing du label qui ne connait rien à la musique ce qui ne l’empèche nullement de poser inlassablement entre les disques d’or de son bureau et sa villa hollywoodienne où nos aspirants stars du Grime vont tourner LE vidéoclip qui doit propulser leur carrière jusqu’au sommet. La force de DROPPERZ réside dans l’écriture soignée de ses dialogues que l’on déguste avec plaisir, dans leur pur accent cockney. Jugez-en par vous-mêmes, dans cet extrait de fake interview d’Esther :
« Qu’est ce qui vous touche dans le Grime ?
J’ai toujours aimé la musique noire et le Grime, en particulier.
Pouvez- vous me citer vos artistes Grime favoris ?
Bien entendu…Stevie Wonder, Michael Jackson, Janet Jackson…(silence) the Jackson 5.
Et parmi les artistes plus récents ?
Boyz II Men ».
De même comment résister à cette succulente interview de Kelly-la-potiche?
« Quelle est ta position au sein du groupe?
Je suis le quatrième membre.
Mais tu ne fais pas vraiment partie du groupe?
Ça n’a jamais vraiment été défini.
Mais as-tu jamais chanté sur un de leurs titres?
Non. On va dire que je suis putôt leur danseuse.«
Pendant ce temps-là, les DROPPERZ bossent en studio et se défoncent face au micro…sauf que Big Gib est si préoccupé par les seins de Kelly qu’il en oublie d’appuyer sur la touche « enregistrement ». Plus tard, en visite dans leur label, ils apprennent qu’ils se sont trompés de Festival le week-end dernier…ce qui explique qu’on ne le sait pas laissé monter sur scène, malgré tous leurs efforts. On comprend vite que le chaos intégral fait partie du processus créatif de ce groupe de Grime. Et c’est pour notre plus grand bonheur.
Diffusée depuis novembre 2016 sur ITV 2 au Royaume-Uni