DAVID BOWIE « Ziggy Stardust and The Spiders From Mars : The Motion Picture Soundtrack 50th Anniversary Edition »
« This is the last show that we’ll ever do…. goodnight » cette annonce sur la scéne de l’Hammersmith Odeon de Londres fait l’effet d’une bombe; un peu plus d’un an après avoir publié son 5ème LP « The Rise And Fall Of Ziggy Stardust And the Spiders From Mars » et enchainé une tournée-marathon, David Bowie/ Ziggy zigouille son illustre alias face aux fans tétanisés par la nouvelle. Filmé par le fameux D.A Pennebaker ce concert historique voit le film et sa BO sacrément reliftés pour célébrer dignement son demi-siècle et JCM a analysé pour nous ce « Ziggy Stardust and The Spiders From Mars : The Motion Picture Soundtrack 50th Anniversary Edition ».
Par Jean-Christophe MARY
« Ziggy s’est mis à la guitare et puis décida… tout envoyer balader ». Ce 3 juillet 1973, face à 3.500 fans abasourdis, David Bowie mettait un terme à une ascension fulgurante faite d’effervescence et de folie musicale à travers l’une des performances les plus légendaires de toute sa carrière.
Pour bien comprendre l’importance de l’évènement, il faut se replonger dans le contexte de l’époque. Après avoir végété pendant des années dans le milieu underground londonien, David Bowie devient en quelques mois une star internationale grâce à son album « Aladdin Sane », sorti au mois d’avril 1973. C’est l’aboutissement d’un long cheminement créatif suite à la création l’année précédente du personnage de Ziggy Stardust. En effet David Bowie et son groupe, « Ziggy Stardust and the Spiders from Mars » tournent inlassablement au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et au Japon, grimpant une à une les marches de salles de plus en plus grandes. En l’espace de 18 mois et de deux albums, les Spiders From Mars auront assuré près de 200 concerts à un rythme effréné. La santé mentale de David Bowie en est fortement fragilisée, à tel point qu’il ne fait plus vraiment la différence entre son alter ego de Ziggy et lui-même. L’autre raison de ce sabordage est d’ordre financier. En effet, le label RCA refuse de financer une nouvelle tournée aux Etats-Unis pour promouvoir « Aladdin Sane » car le groupe a du mal à s’y imposer. Autant de raisons pour que David Bowie veuille en finir avec sa créature mais peut –être aussi avec l’idée qu’un Ziggy mort et enterré continuera de vivre dans le cœur des fans. Comme il le montrera tout au long de sa carrière, David Bowie est un créateur en perpétuelle mutation. En ce début d’été 1973, il lui faut donc se réinventer au plus vite autant pour des raisons artistiques que commerciales . Annoncer face public sur la scène de l’Hammersmith Odeon de Londres la fin d’un groupe alors au sommet de sa gloire est un remarquable coup de théâtre doublé d’un génial coup marketing. Entre électricité et émotion, l’atmosphère qui règne sur scène est parfaitement rendue ici. On redécouvre combien la palette musicale de Bowie était large à l’époque.
Ce double live est une succession de chansons qui vont à de la comédie musicale au cabaret « Changes » et « Oh You Pretty Things », « Time », au hard rock « Sufragette City, « The width of a Circle », en passant par le folk « My Death » ou le space rock « Moonage Daydream », « Space Oddity ». Outre trois reprises « My Death » (Jacques Brel, Mort Shuman), « Let’s Spend the Night Together » (Mick Jagger, Keith Richard) et le « White Light/White Lou Reed on notera ici « Jean Genie/Love Me Do « , medley d’anthologie avec un Jeff Beck à la guitare qui vous colle la chair de poule. En amont du bien nommé « Rock ‘n’ Roll Suicide » le discours d’adieu de Bowie à ses fans est lui aussi émouvant. L’annonce a choqué et surpris tout le monde, y compris les membres de son propre groupe. Si le réalisateur Donn Alan Pennebaker ( Voir sur Gonzomusic SO LONG D.A PENNEBAKER ROCKING DIRECTOR ) a capturé l’événement ce 03 juillet 1973, le film et l’enregistrement audio resteront dans les tiroirs pendant une décennie. Alors que le label RCA souhaitait sortir le film, Tony Visconti et Bowie remixent la partie audio en 1981. Dix ans plus tard, le label EMI sortira un coffret 2CD pour le 30e anniversaire. Aujourd’hui pour la réédition du 50e anniversaire, la bande originale a été nouvellement remasterisée et comprend enfin le medley de « The Jean Genie/Love Me Do » et « Round And Round » (Chuck Berry) avec Jeff Beck. Ces ajouts ont été mixés par Tony Visconti. Le film a également été restauré numériquement par le fils de D.A., Frazer Pennebaker et est publié sur Blu-ray. Côté formats, le fan aura le choix entre une édition 2CD+blu-ray qui contient le film et audio, un coffret 2LP pressé sur vinyle doré et un coffret 2 CD. Qu’on se le dise !