DARLINGSIDE L’AMERICANA QUI NOUS VIENT DE BOSTON

DarlingsideAvec quatre chanteurs, dont les voix se complètent et s’harmonisent Darlingside est encore un de ces groupes de Boston (MA), à l’instar des Cars ou des Modern Lovers, un quatuor qui a su faire gravement craquer l’ami OldClaude. Ce sont donc quatre jeunes hommes, qui se sont rencontrés à la chorale de leur Université, et qui ont décidé de former un groupe, en 2009. À cette époque, le batteur Sam Kapala complétait le quatuor, avant de partir en 2013, sans jamais être remplacé. Bref, un groupe qui mérite grandement sa séance de rattrapage de portrait brossé… rock on !

 

DarlingsidePar OldClaude

Avant toute chose il faut impérativement rappeler que nos quatre chanteurs de Darlingside jouent des instruments suivants :

  • Don Mitchell : guitare, banjo
  • Auyon Mukharji : mandoline, violon
  • Harris Paseltiner : guitare, violoncelle
  • David Senft : basse électrique, grosse caisse

Et tout démarre en 2010, lorsqu’ils produisent leur tout premier EP, très justement titré « EP1 », un disque assez rock, en fait, ne serait-ce que du fait de la présence du batteur. Les compositions ne sont pas parfaitement abouties, à l’exception de « Good Man », qu’on retrouvera ultérieurement. Mais surtout, les harmonies vocales, qui seront leur marque de fabrique, sont peu présentes ; chacun des quatre chante en solo, avec quelques chœurs. Pour un brouillon, il est plutôt de qualité.

DarlingsideCar avec leur 1er album officiel, paru en 2012, « Pilot Machines », c’est une toute autre histoire. Ils sont aidés, pour la production, par le très renommé Nathaniel Kunkel, le fils du brillant batteur Russ Kunkel, et ça s’entend. Les compositions sont beaucoup plus intéressantes ; le magnifique mélange de voix, les harmonies vocales qui font une grande partie de leur charme, sont bien présentes (il faut préciser que Kunkel a entre autres travaillé avec C, S & N), et il y a un certain nombre de grandes chansons (« The Woods », « The Company We Keep », » « Blow The House Down »), voire de chefs-d’œuvre (« Drowning Elvis », « The Ancestor »). Sam Kapala est encore présent. Je voudrais dire un mot d’un disque de 2014 qui ne fait pas, à proprement parler, partie de la discographie de Darlingside, puisqu’ils ne sont, ici, que le « backing band » de luxe de la merveilleuse chanteuse qu’est Heather Maloney. Il s’agit de « Woodstock », ainsi nommé car Heather y reprend (et de quelle magistrale façon !) Joni Mitchell. Un indispensable EP de 5 chansons.

DarlingsidePuis, en 2015, arrive « Birds Say ».  Le quatuor (puisque Sam est parti) a mis la barre très haut, et réalise un très grand disque, qui en fait l’un des groupes les plus talentueux que les USA nous aient envoyés au XXIème siècle, quatre jeunes types qui se hissent au rang des plus grands auteurs-compositeurs-interprètes de leur génération. Une nouvelle version de « The Ancestor » ouvre les hostilités et on mesure les progrès accomplis en 3 ans. Aucun titre faible dans cet album, même si brillent particulièrement, outre la chanson citée, « White Horses », « Go Back », « The God Of Loss » et « Volcano Sky ». La très bonne réception critique de Birds Say leur ouvre les portes d’une tournée américaine, en compagnie de Patty Griffin. L’année suivante paraît l’EP « Whippoorwill », cinq titres superbes parmi lesquels, une fois n’est pas coutume, ils osent une reprise des Smashing Pumpkins, le très bien choisi « 1979 ». Comme ils l’avaient fait avec « The Ancestor », ils donnent une version modernisée de « Blow The House Down ». Dans cet EP, Darlingside utilise beaucoup la guitare comme instrument rythmique, et l’ensemble, vif et accrocheur, donne du groupe une image bien plus « musclée » et entraînante.

DarlingsidePrécédé par 3 singles, le 3ème album studio du groupe, « Extralife », paraît en février 2018. C’est une grande réussite, même si les textes traduisent plutôt l’anxiété en face des temps à venir. L’instrumentation s’est enrichie ; on y entend une trompette, de la flûte, et surtout les sons électroniques d’un mignon petit synthétiseur à boutons. Leur maîtrise vocale est devenue impressionnante, et parmi la douzaine de chansons, je citerais particulièrement « Extralife », la somptueuse « Hold You Head Up High », « Old Friend », « Lindisfarne », la miniature « Rita Hayworth » et la plutôt rock n’roll « Best Of The Best Of Times ». En exclusivité pour Spotify, est paru un single avec un inédit et une version d’« Hold Your Head Up High » avec un simple accompagnement de piano. Magique.

DarlingsideEn 2020 paraît un album dont je dirais qu’il s’agit d’une curiosité. Ce groupe dont les performances vocales sont portées aux nues aux 4 coins du globe (disons, aux 4 coins de ma chambre) nous gratifie d’un CD nommé « Instrumentals vol. 1 », une sorte de best-of, 20 chansons parfaitement choisies, mais pratiquement sans voix humaines, mis à part quelques interventions chorales. Sans compter qu’il me semble que tout a été réenregistré ou réarrangé pour pallier l’absence des voix ! Ont-ils voulu nous dire « Arrêtez de nous parler de nos qualités vocales, et écoutez la beauté de nos mélodies ! » ? Très agréable, mais anecdotique.

DarlingsideEn 2020, également, donc terminé pendant la pandémie, avec nos quatre amis coincés dans leurs appartements respectifs, publient  « Fish Pond Fish », produit par Peter Katis (The National) et qui poursuit la courbe ascendante que connaît Darlingside depuis ses débuts : encore plus beau, mieux écrit, mieux produit, mieux chanté ; où vont-ils s’arrêter ? Il faudrait citer tous les titres de l’album, tant on cherchera en vain une chanson faible, de la miniature « Woolgathering » jusqu’au sublime « A Light On In The Dark », sans oublier « Keep Coming Home », « Green + Evergreen », ou encore « See You Change ».

DarlingsidePar la suite, Darlingside va s’ouvrir à des collaborations avec quelques artistes, parfois assez éloignés de leur champ stylistique, (Henry Jamison, Moby, Novo Amor, STL GLD) leur permettant de sortir quelques singles, tous recommandables. Mais la grande affaire de cette période fut la décision de David Senft d’arrêter, pour des raisons purement familiales, les tournées avec le groupe. Toutefois, David continue et continuera à écrire et à participer aux enregistrements de Darlingside. Ce ne seront pas moins de 3 musiciens (ou musiciennes) que le groupe recrutera pour remplacer David, sur la route (mais également, pour apporter leur contribution en studio) : Ben Burns (batterie, guitare), Deni Hlavinka (claviers, voix) et Molly Parden (basse, voix). Et on aboutit, à ce qui est, à ce jour, la dernière œuvre de Darlingside, leur 5ème galette studio, qu’ils publient en juillet 2023, le magnifique « Everything Is Alive ». La première chose qui frappe, quand on commence à écouter cet album, ce n’est pas qu’il y avait beaucoup plus de monde en studio qu’auparavant, c’est que le quatuor, dont on n’entendait sur les albums précédents, que l’extraordinaire réunion de leurs quatre voix, présente quasiment toutes les chansons avec un « lead singer ». Certes, celui-ci est souvent rejoint par les harmonies des autres, mais, tout le monde n’est plus sur le même plan. C’est une véritable révolution chez Darlingside, qui leur permet de se renouveler, tout en restant eux-mêmes. Bien entendu, la pandémie est en grande partie responsable de cette évolution, mais le groupe y a gagné, car nous avons maintenant, outre les toujours présentes harmonies à 4 voix, 4 magnifiques chanteurs avec leur personnalité unique. Il faudrait citer les 12 chansons de ce disque essentiel : « Green Light », « Lose The Keys », « Right Friend », « All The Lights In The City », « Eliza I See », « Darkening Hour » (ma préférée), « How Long Again » (dans laquelle on entend bien les voix de leurs nouvelles recrues féminines), « Baking Soda », « Can’t Help Falling Apart », « The Breaking Of The Day ».

DarlingsideAinsi, loin d’être un groupe plutôt doué de l’Americana, Auyon, David, Don et Harris représentent, à côté d’artistes comme Sufjan Stevens, par exemple, ce que les USA nous ont donné de plus important au cours de ce siècle, des artistes géniaux ayant absorbé la Tradition pour créer une œuvre personnelle, irréductible à toute autre, et qui nous prouve que, sur le plan de cette musique, qui plonge ses racines dans un passé lointain, il reste des choses inouïes à écrire, à jouer et à chanter.

 

 

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.