Contre les années Trump les Black Eyed Peas lèvent le poing
À des années-lumière de la pop standardisée funky à laquelle ils nous avaient habitués, profitant de l’absence prolongée de leur Fergie pour cause de carrière solo, les trois Black Eyed Peas lancent un pesant pavé politique dans la mare de l’Amérique de Trump, avec la publication du très revendicatif « Street Livin’ ». Sur la piste des géants du combat pour les droits civiques et du mouvement Black Lifes Matter, les BEP inscrivent désormais leur démarche artistique sous le signe de la revendication et de l’égalité. Comme des superhéros black.
On a tous dansé sur leurs hymnes légers et funky, la grosse basse en avant, et la sexy Fergie se déhanchant. Pour le moment, officiellement consacrée à sa « carrière solo », la chanteuse laisse les coudées franches à ses collègues. Du coup, Will.i.am, Taboo et apl.de.ap retrouvent leur âme rebelle. Certes, on se souvient des odes amourachées de Will.i.am à Obama, comme le fameux « Yes We Can » de 2008, suivi du fracassant et ouvertement Obamaphile « It’s a New Day ». Cette fois, plus question de rester juste un fan, il passe à la vitesse supérieure, avec ce « Street Livin’ » porté par des slogans militants percutants comme « il y a plus de noirs en prison aujourd’hui en Amérique qu’il n’y avait d’esclaves ramassant le coton dans les plantations ». Néanmoins, en se livrant au LA Times, Will.i.am balaie d’un revers de la main cette métamorphose de pop artist en protest singers : « Ne croyez pas que ce soit soudain « oh les BEP sont de retour et se refont une virginité politique ». Mais dans notre tout premier hit « Where Is the Love » nous dénoncions déjà la brutalité du système éducatif et exigions une réforme du système carcéral. Nous avons toujours su rester présents dans notre communauté. » Will.i.am déplore également que désormais les athlètes soient plus engagés que ne le sont les musiciens.
Toutes ces années de racisme institutionnel en Amérique
La vidéo absolument bluffante tournée par les Black Eyed Peas pource brulot qu’est « Street Livin » est constituée exclusivement d’images d’archives en noir et blanc illustrant toutes ces années de racisme institutionnel en Amérique à l’égard des Afro-Américains. Grâce à un ingénieux bidouillage numérique, les bouches des personnages figées sur les vieux tirages argentiques s’animent et vocalisent ces slogans « Les avions de la CIA rapportent la drogue colombienne » ou « Oublie la statue du Général Lee ( source des manifestations de Charlottesville entre manifestant pour la défense des droits de l’homme et des néo-nazis racistes qui défilaient et où l’un d’entre eux avait foncé avec sa voiture tuant sur le coup la jeune militante Heather Heyer : NDR) car le statut des blacks est de généralement finir dans un genre de pénitencier ». Will ;i.am conclut son entretien, en comparant le futur du Hip-Hop au punk rock en pariant sur l’émergence d’un groupe tel que le Clash en version black. En attendant, avec la complicité de Stan Lee, nos BEP se glissent dans la peau de superhéros de la franchise Marvel avec la BD « Masters of the Sun : the Zombie Chronicles », prouvant que black devient ENFIN beautiful au pays des surhommes avec l’arrivée prochaine de Black Panther (Marvel) et de Black Lightning (DC) à l’écran.