CHANCE THE RAPPER, LA REVELATION DES GRAMMYS

 

Tirer sur l'ambulance de l'infâme variété française 

Sortez les missiles sol-air et tirez à volonté sur l’ambulance qui transporte le cadavre de la musique française : les « Victoires de la musique » n’auront jamais été autant les « Déboires de la musique », un spectacle aussi affligeant pour les yeux que pour les oreilles. Heureusement dans la vie il y a les  Grammys où les vrais artistes reçoivent de véritables récompenses, comme cette flashante révélation hip-hop qu’est le prodigieux Chance the Rapper. En France dans le même temps on consacre …Jul… viiiiite…passez moi le sac à vomis…ça uuuuuuuuurge….

 

Originaire de Chicago, comme Common Lupe Fiasco ou Kanye West qui ont démarré sur les bords du lac Michigan, le jeune prodige Chance the Rapper, de son vrai nom Chancelor Jonathan Bennett, aura seulement 24 ans le 16 avril prochain. Il n’a sorti à ce jour aucun « album » au sens propre du terme, uniquement trois mix-tapes, dont la dernière intitulée « Coloring Book » est publiée directement en digital sur iTunes, ce qui ne l’empêche absolument pas de rafler le « Best rap album » aux Grammys Awards 2017, écrasant les poids lourds que sont Kanye West, Drake ou De la Soul. Comme la cerise sur le gâteau, notre ami Chance se voit également récompensé par un Grammy dans la catégorie « New artist » devant mon protégé Anderson. Paak ou encore les Chainsmokers à succès. Carrément. Il faut avouer que son « Coloring Book » ( littéralement cahier à colorier) a su nous en mettre plein la vue depuis sa publication en mai dernier. Et comment aurait-il pu en être autrement vu le nombre de sommités rapologiques qui se sont empressées de collaborer avec le jeune homme. De son concitoyen Kanye West à…Anderson. Paak (justement) en passant par Lil Wayne, Jeremih, Young Thug, Future, Ty Dolla Sign et même carrément Justin Bieber, les forces les plus vives de la musique noire contemporaine se sont penchées, telles les bonnes fées sur le berceau de Cendrillon, sur ce troisième épisode des aventures du chanceux Chance. Il faut dire que le jeune n’est pas n’importe qui. II appartient à cette aristocratie noire chicagolaise qui nous a donné Barack Obama. En effets, son père Ken Williams- Bennett travaillait pour Obama lorsqu’il était sénateur de l’Illinois. Et, aujourd’hui, Ken est le secrétaire général de Rahm Emanuel, le maire actuel de Chicago et lui-même ancien chef de cabinet de Barack Obama, durant sa première mandature à la Maison-Blanche. C’est dire si Chance aurait pu faire un brillant avocat ou un  politicien hors pair. S’il a choisi la musique, c’est qu’il se sentait encore plus doué pour les arts que pour le droit et la politique.

Chance n’est jamais aussi chanceux qu’avec Chance

Chance the Rapper

 

Et à l’écoute de son prodigieux « Coloring Book » nul ne saurait le blâmer, tant l’album est une réussite sur tous les plans. C’est en découvrant le tout premier CD de Kanye West, son lumineux « The College Dropout » à seulement 11 ans que notre Chancelor va tout faire pour appliquer à la lettre le précepte de West pour larguer les brillantes études qu’il aurait du suivre. D’ailleurs, quelques années plus tard, au lycée ses séchages systématiques se voient sanctionnés d’une exclusion de 10 jours de l’établissement. Mais Chancelor s’en balance comme d’un tube de Shakira. Nous sommes en 2011 et il profite de son ultime année scolaire pour achever son premier projet, un album virtuel en forme de mix-tape justement baptisé « #10 day », en hommage à sa mise à pieds. « #10 day » sort le 3 avril 2012 sous le pseudo de Chance the rapper et ne tarde guère à se distinguer pour ses compositions inventives et ses irrésistibles harmonies. Trois mois plus tard, il est déjà invité à contribuer au nouveau projet de Childish Gambino qui l’invite également sur ses scènes de tournées. Mais c’est avec sa seconde mix-tape « Acid Rap », sortie en 2013, que Chance the Rapper va véritablement entrer dans la lumière.  « Acid Rap » se classe dans de très nombreux Tops de l’année, de Rolling Stone US à Pitchfork en passant par bien d’autres. Un an plus tard, le boss de son père, Rahm Emanuel, lui remet le Prix du jeune talent de l’année. Son paternel ne pourra donc plus lui reprocher d’avoir largué ses études pour devenir saltimbanque. Car, non content d’écrire pour lui-même, il offre également d’autres compositions aux rappers les plus influents, tels Kanye West, dont il cosigne 5 titres de son « Life of Pablo », ou encore les gentils Macklemore & Ryan Lewis. Mais Chance n’est jamais aussi chanceux qu’avec Chance et le jeune homme le prouve de la manière la plus cinglante avec son inestimable « Coloring Book » lumineux comme la chorale enfantine, le Chicago Children’s Choir qui lui sert d’ouverture, aux côtés de Kanye West sur « All I’ve Got », chorale que l’on retrouve sur divers titres du projet. C’est bien entendu à l’église que notre Chance a ainsi pris gout aux chorales. D’ailleurs, ne revendique-t-il pas également son attachement à la foi ? Certains critiques lui accordent même la paternité d’un « gospel rap » particulièrement chargé d’émotion.

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Certes, l’ami Chance se lache quelque peu sur l’auto-tune, mais on va dire que c’est de son âge et que dans le genre c’est un virtuose à la Mozart comparée à notre pervers national de l’auto-tune (l’auto-thunes, plutôt…non ?) l’infâme Jul déclaré chez nous « Album de musique urbaine de l’année » beurk….La disco fait également partie des influences de Chance the Rapper, à l’instar du jazz vocal des Double Six, période Quincy Jones, et de ce gospel vibrant déjà susnommé. On peut également distinguer l’influence majeure d’un Kanye West, qui a su durablement inspirer le jeune rapper de Chicago. Mais, ce qui compte avant tout chez Chance, c’est cette incroyable imagination qui l’autorise à injecter à peu près tout ce qui lui passe par la tête dans sa moulinette rap, tel ce steel-band exotique sur « Angels » ou cette revisitation d’un titre virtuel de Kool and the Gang avec le funky « All Night ». Éclectique et impulsif, Chance n’a pas fini de nous éblouir, comme sur cette composition entre Stevie Wonder et Gangstarr « Finish Line » qui clôt son merveilleux album.

Riche en pipi de chat

Jul, le Benny B des années 00

Jul, le Benny B des années 00

Pendant ce temps, chez nous, la litière se révèle particulièrement riche en pipi de chat : Jain, qui chante en anglais avec un accent digne de celui de François Hollande, Vianney insipide comme l’eau distillée, Benjamin Biolay qui chuchote comme une chochotte, les LEJ en cocottes balôches et l’infâme Jul dont le style suffit à faire tourner au vinaigre le cépage le plus prestigieux, incarnent « le meilleur de la musique »…putain, mais qu’avons-nous donc fait pour mériter une telle infamie, tandis qu’aux States Adele, Beyoncé, David Bowie et Chance the Rapper sont si justement distingués. Fuck me !

 

 

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