BASEMENT 5 « 1965-1980 »

Basement 5Voici 40 ans dans BEST, GBD explorait ce « cinquiéme sous-sol » pour y dénicher un certain Dennis Morris, d’abord photographe attitré de Marley puis des Pistols qui se distinguera ensuite comme vidéaste et finalement artiste contemporain. Mais cette année 81, avec Basement 5, il invente le reggae-punk mélange agressif de coolitude et de punkitude, comme la poudre rencontre les allumettes. Flashback…

Basement 5Véritable OVNI sonic à l’aube des 80’s, Basement 5, littéralement le 5ème sous-sol, ne ressemblait à rien d’autre. D’abord mené par Don Letts (Big Audio Dynamite), c’est finalement le photographe Dennis Morris qui devient le frontman du groupe pour l’enregistrement de cet unique album produit par le fameux Martin Hannett (Joy Division, PMD, New Order etc…). Too much, too soon… 40 ans plus tard, cet album n’a rien perdu ni de son énergie, ni de son étrangeté.

 

Publié dans le numéro 153 de BEST

Basement 5

La distorsion s’enflamme d’une balle à l’autre avec la violence d’un affrontement style barricades de Mai 68. Basement 5 porte en lui la douleur et l’espoir, la désillusion et les prières de toute une nouvelle rasta-génération. Marcus Garvey était peut-être un super visionnaire mais il n’avait pas tout prévu: le premier homme sur la Lune, la video, le microprocesseur et les flippers qui parlent sont la toile de fond tendue à l’horizon des jeunes Jamaïquains « albionisés ». Sans rejeter les roots de leurs parents, les enfants d’immigrés ont les yeux grands ouverts sur le monde qui les entoure. Avec Basement 5, ils assument pleinement leur « modernité ». « 1965-1980 » ressemble àtout ce qu’on veut, mais certes pas a du reggae crado et coincè. D’un seul coup, Marley et les autres ont vieilli de dix ans, c’est la révolution. La musique des B 5 est torturée a souhait a l’image du monde qui défile a toute allure et qui crie sa révolte. Est-ce vraiment un hasard si Richard Dudanski, le batteur, a scande pendant quelques mois la complainte Pilienne sur la voix tailladée au rasoir de John Lydon ? Lorsque l’ex- batteur de PIL a quitté le groupe, il n’a pas voulu oublier. Voilà pourquoi les B 5 balancent leur heavy metal punky reggae (ouf!) sur les deux faces de leur LP. « Riot » est construit sur la plainte d’une sirène de Police, « Heavy Traffic » reflète parfaitement le chant en canon du grondement des moteurs des bagnoles de la cite et « Hard Work » claque à nos oreilles comme la pointeuse-guillotine d’une usine. Dans « Oméga Man » (le Survivant), celui-ci est un mutant noir et blanc, c’est le thème de I’holocauste nucléaire qui est abordé. Les B 5 n’oublient pas que la politique tire les ficelles du monde où nous vivons: exprimer son message, c’est l’influencer. Voilà pourquoi « Last White Xmas » est un titre jeu de massacre: « Le Président Cacahuètes ne sait pas jouer aux échecs (…) Ian Smith n’est plus un homme de fer, il est dehors et git sur le sol», « 1965- 1980 » est une grenade dégoupillée, un cocktail Molotov prêt a incendier votre platine. La chose qui dort au 5ème Sous-Sol ressemble fort à un missile atomique qui pointe son nez, le pire, c’est que nul n’est capable de prévoir s’il va exploser ou non.

Publié dans le numéro 153 de BEST daté d’avril 1981

BEST 153

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.