QUAND LES GROS CONS SONT AU POUVOIR C’EST BON POUR LE ROCK !
Depuis l’assassinat de JFK en 1963, un sacré paquet de gros connards s’est succédé à la Maison-Blanche. Et vous savez quoi ? À chaque fois, l’effet aura été le même sur la culture, et principalement sur la musique : le gros facho ne fait que booster le potentiel révolutionnaire du rock. Un rock qui ne s’est jamais aussi bien porté que lorsqu’il se retrouvait en totale opposition avec la rigueur extrême du pouvoir en place. Sans ces gros bœufs de Johnson, Nixon, Reagan, Bush 1 et 2, jamais la musique qui nous unit n’aurait été aussi rebelle et offensive. D’abord contre la guerre du Vietnam, puis pour les droits civiques, la paix, contre les dictatures sud-américaines, contre la dictature du complexe militaro-industriel, contre la course au nucléaire, pour le respect de la nature, contre le développement industriel aveugle…en un peu plus de 50 ans, le combat-rock n’aura jamais cessé de s’opposer à la logique capitalistico-productiviste, forgeant ainsi dans l’action ses plus beaux moments de bravoure. (Voir dans Gonzomusic le combat-rock durant les 80’s des groupes British contre la droite dure de Margareth Thatcher https://gonzomusic.fr/combats-rock.html )
Welcome…welcome…mister Donald Trump. On connait désormais vos positions. On a pu vous voir à l’action, paraphant vos premiers décrets réactionnaires. Welcome…welcome à votre « réalité alternative », dont le tout premier choc sensible aura été de booster drastiquement les ventes du roman d’anticipation « 1984 » de George Orwell. Welcome…welcome à vos amis du site alt-right Breitbart dont le premier effet est de redonner une virginité à la véritable presse comme CNN ou le New York Times d’ores et déjà ostracisé par le nouveau pouvoir en place à Washington. Vous me direz, c’est business as usual, un business qui a démarré un certain 22 novembre de 1963, dans le Boeing qui ramenait la dépouille de John F Kennedy, lorsque Lyndon B. Johnson, son vice-Président, a prêté serment, devenant le 36 éme Président des USA. Immédiatement, ce Démocrate de droite cède aux faucons de l’armée et des services de renseignement, intensifiant la présence militaire US dans le Sud-est asiatique. La guerre froide qui oppose le bloc occidental au bloc communiste bat son plein par pays-pions interposés. Six mois après la prise de fonction de Johnson, les Beatles débarquent au Ed Sullivan Show en février 1964 et tous les jeunes Américains se retrouvent scotchés par le pouvoir des quatre de Liverpool dès le tout premier titre en live « All My Loving » suivi de l’indomptable « She Loves You ». Les Beatles seront le détonateur de cette explosion, de ce désir si puissant de se libérer du carcan imposé par la société. Les Beatles vont faire bien des émules en Amérique. D’ailleurs simultanément un certain Bob Dylan lance son prophétique « Times They Are A Changin’ » Johnson est toujours au pouvoir lorsqu’en novembre 1966, les autorités veulent imposer un couvre-feu au « Quartier latin » de LA, le Sunset Strip, où se trouvent la majorité des clubs rock. De violentes manifs opposent la jeunesse aux CRS locaux, la Garde Nationale. Une chanson du Buffalo Springfield, le super-groupe qui réunissait Neil Young et Steve Stills, « For What It’s Worth » documente ces combats pour la libération de la jeunesse. De même, la composition de Graham Nash « Chicago » dans son LP « Songs For Beginners » évoque les manifs qui ont émaillé la convention Démocrate de 1968 et leur terrible répression, comme le procès des « Chicago Eight », le huit activistes accusés d’avoir alimenté et provoqué les désordres, dont le militant Bobby Seale carrément entravé et bâillonné dans la salle d’audience auquel la chanson fait directement référence.
Jusqu’à ce que Donald devienne sourd !
En janvier 69, le Républicain Richard Nixon succède à Johnson…et c’est encore pire. Avec lui, le Laos et le Cambodge sont à leur tour entrainés dans le bourbier vietnamien. Il soutient et manipule les dictatures d’Amérique du Sud au nom d’un anticommunisme qui autorise toutes les exactions contre les droits de l’homme. Six mois après sa prise de fonction, en aout 69, le Festival de Woodstock réunit près d’un demi-million de jeunes pour « Trois jours de paix et de musique »…et aussi d’amour. Après ces 15, 16 et 17 aout, la jeunesse US découvre que l’union fait la force. Le rock se radicalise contre l’establishment. Marvin Gaye publie son « What’s Going On » contre la guerre ; un an plus tard Sly Stone lui répondra d’un insurgé « There’s A Riot Going On ». Les cheveux longs s’opposent à la coupe militaire des 50’s, les fringues aux couleurs éclatantes à la grisaille des costumes trois-pièces de papa, la beu et le LSD à l’alcool et la contre-culture finira par imposer sa nouvelle norme. Y compris dans le journalisme, lorsque deux reporters du Washington Post exposent le scandale du Watergate et poussent Nixon, pris la main dans le bocal à confitures des écoutes du Parti Démocrate, à la démission juste avant qu’il ne soit destitué. Un précédent modèle « plus dure sera la chute » qui devrait inspirer notre Donald. Le VP de Nixon, le fat Gerald Ford lui succède au bureau ovale, mais il met enfin un terme à la guerre du Vietnam. Retour de balancier en 1976, avec le Démocrate Jimmy Carter. Il faudra attendre l’avènement de l’ex-acteur de série B Ronald Reagan en 1981 pour voir le rock prendre à nouveau le maquis contre les institutions US. Ronnie n’inspirera pas seulement la chanson « Ronnie Talk To Russia » à Prince mais un sacré paquet d’autres dont l’excellentissime « Jokerman »- le clown- de Bob Dylan sur son LP « Infidels » de 1983. Ce long tunnel de plus de douze ans de droite dure se prolonge avec Bush père qui voit l’avènement du rap militant des Public Enemy aux titres radicaux tels « It Takes A Nation of Million To Hold Us Back » ou encore « Fear of A Black Planet ». À chaque fois que le pays se droitise, c’est comme si les artistes, en réaction de pure self défense, devenaient soudain plus incisifs, plus radicaux…plus créatifs, maybe ? Avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, ils ont du pain sur la planche tant le personnage est caricatural. Les artistes, la société civile et les différents contre-pouvoirs sauront ils se montrer à la hauteur de la tache immense qui les attend pour contrer les délires du Donald ? L’Histoire nous a appris que dans les situations les plus désespérées l’imagination pouvait faire des miracles. Trump n’a décidément pas fini d’inspirer le rock, le rap, la world, le jazz et tant d’autres expressions musicales. Et nous n’avons pas fini de vibrer sur des rock insurgés, des raps brûlots et de l’électro révolutionnaire jusqu’à ce que Donald devienne sourd !