TALKING HEADS « Sp eak in gi n to ngu es »

Talking Heads Voici 42 ans dans BEST GBD prouvait qu’il savait toujours couramment  parler le Talking Heads. Normal, après avoir rencontré Tina et Chris dans leur Tom Tom Club, puis David et Jerry, dans la foulée de leur « The Name Of This Band Is Talking Heads », on peut dire qu’il maitrisait à la perfection la langue de ce groupe new yorkais, tellement art-punk-funk que décidément il ne ressemblait à aucun autre, la preuve par ce « Sp eak in gi n to ngu es » si vénérable et pourtant si novateur, à redécouvrir en pur flashback…

Talking Heads Trois longues années après leur révolutionnaire « Remain In Light » qu’on affichait alors fièrement en couve d’Actuel où je signais également, les Talking Heads ( Voir sur Gonzomusic TALKING HEADS: DES TÊTES ME PARLENT et aussi  TOM TOM CLUB « Tom Tom Club » ) publient ce 5ème épisode de leurs trépidantes aventures soniques et l’on reste un peu sur sa faim. Difficile de placer la barre encore plus haute après un tel chef d’œuvre, mais hélas malgrè toutes ses qualités ce « Sp eak in gi n to ngu es » ne pouvait que décevoir les adeptes de la bande à Byrne. Y compris moi-même qui me suis lancé dans une de mes chroniques délires volontairement décalée, que Christian Lebrun, notre rédac chef de BEST avait l’indulgence de nous autoriser. Il n’empêche que la cold funky « Burning Down the House » compte sans doute parmi les plus belles réussites du quatuor US. Tout comme la délicate « This Must Be the Place », inhabituelle balade insouciante, en tentative réussie de composer une authentique love-song. Sans oublier le hit classique et efficace Heads, façon « Psycho Killer », avec la frénétique « Girlfriend Is Better ». Vous l’aurez compris,malgrè les années écoulées, le jeu de langue de « Sp eak in gi n to ngu es » mérite largement cette réhabilitation.

 

 

Publié dans le numéro 180 de BEST sous le titre

 

ESPERANTO

Talking Heads

« Aujourd’hui, je veux organiser un festin, je veux faire la fête et que la Grosse Pomme s’en souvienne l’espace de quelques lustres. Je veux les plus jolies danseuses, les musicos les plus craquants, les mets les plus volupteux. Je veux un étalage de fastes hétéroclites et zarbis : du jamais vu. Roger ? » Le seigneur Byrne était dans tous ses états : après le succès de sa dernière party, il ne voulait courir aucun risque. « Seigneur Byrne, moi, je sais ce qu’il vous faut : je connais le plat ie plus subtil de tous, le plus musical aussi. Seigneur Byreie, tu dois servir de la langue à tes hôtes! » De la langue, après « Remain In Light », diantre… et pourquoi pas ? Ce chambellan-là ne pouvait se tromper, il ferait donc selon ses conseils. « Seigneur Byrne, un télex vient juste de nous parvenir Al « Pack Them In » débarque dans deux heures au palais à la tête d’une délégation de promoteurs. Quels sont vos ordres ? ». Byrne rappelle illico son chambellan : « Il faut que tu m’organises le banquet le plus raté de ta carrière, ces promoteurs-là sont trop habiles à l’arnaque et je veux leur faire sentir. Roger ? » Le chambellan avait les yeux fixés sur son bon maître. « Seigneur Byrne, moi, je sais ce qu’il vous faut je connais le plat le plus ripou de tous, le plus cacophonique aussi. Seigneur Byrne, tu dois servir de la langue à tes hôtes. » Le seigneur Byrne ne pigeait plus rien « Chambellan, tu te payes ma tête ? » « Et pourtant, elle cause, seigneur. Non, laisse-moi t’expliquer : la langue est la meilleure et la pire des choses, tout dépend de la manière dont tu l’utilises » Ainsi, donc, « Speaking In Tongues » virevolte de + à – l’infini en malaxant les genres Tom Tom Club, « Remain in Light », et le bon vieux style Talking Heads. Dès lors, on peut les démolir en leur reprochant de se livrer à un mauvais patchwork ou les encenser parce qu’ils sont parvenus à un stade parfait de fusion des genres. Pile ou face ? Pour moi, les dés sont pipés, ce Talking Heads-là ne créera pas la surprise comme son prédécesseur, c’est pourtant un album qui sait séduire. Comme je manie mieux le stylo que le marteau-piqueur, je ne glisserai pas dans le travers « ange exterminateur » comme mon confrère de Libé. Sans porter ces langues au pinacle, je ne crains pas de m’en délecter et je n’en ai pas honte.

 

Publié dans le numéro 180 de BEST daté de juillet 1983BEST 180

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