BENJAMIN BIOLAY À MARIGNY

Benjamin BiolayLaid laid laid comme Biolay … c’est sûr que ce n’est pas vraiment beau beau beau comme Bowie, Benjamin Biolay… devrais-je dire Benjamin Miauler ?  … faisait résonner ses feulements au joli Théâtre Marigny pour deux heures d’un concert acoustique où, histoire de doper le niveau des chansons de son petit dernier « Disque Bleu », il s’est offert un pot-pourri de hits de chanteurs refroidis depuis si longtemps qu’ils ne risquent plus de protester, soit Françoise Hardy, Serge Gainsbourg, Georges Brassens ou Henri Salvador dans un moment suspendu hors du temps qui a su ravir JCM l’ami des félins.

Benjamin BiolayPar Jean-Christophe MARY 

 

 

Il est 20h30 quand ( en toute simplicité : NDREC)  le « Moonlight Serenade » du Glenn Miller Orchestra s’élève dans les rondeurs du Théâtre Marigny.  Le rideau s’ouvre sur David Donatien (percussions), Laurent Vernerey (contrebasse), Pierre Jaconelli, (guitare), Martin Rodriguez (guitare), Gladys Ledoux (violon, claviers) qui apparaissent en ombre chinoises derrière une grande baie vitrée. Le décor représente un salon avec une grande table en bois où trônent cierges allumés, lampe art déco, bibelots, textes de chansons et ce trombone à coulisse qui rappelle que Biolay a été élève au conservatoire de Lyon. Une entrée élégante et rétro, presque cinématographique, où Benjamin Biolay apparaît lunettes sombres et costume noir comme s’il rejoignait des amis déjà installés. « Je voulais vous accueillir chez moi, mais c’était trop petit » lance-t-il au public d’un sourire amusé.

Les premières chansons « 15 octobre », « Miss Miss » et « Ooooooo » démarrent en douceur aux accents latino entre bossa et mélancolie avec ce balancement carioca qui irrigue le nouvel album hérité de ses escales entre Rio, Buenos Aires, Paris, Sète et Bruxelles. David Donatien fait groover l’ensemble avec une élégance discrète, tandis que Pierre Jaconelli et Martin Rodriguez tricotent devant des motifs de guitares feutrées. Sur « Adieu Paris », les images vidéo laissent imaginer une pluie d’hiver battant doucement le long de la baie vitrée. Livré dans un halo de lumières rouges où il s’allume une cigarette, « Le Penseur » rappelle combien le chanteur sait théâtraliser sans jamais basculer dans l’emphase. Benjamin Biolay module son tour de chant tantôt assis dans un fauteuil, tantôt debout micro en main esquissant quelques pas de danse. « Mauvais garçon »,« Testament », « Juste avant de tomber, «  Où as-tu mis l’été » déroulent un Biolay en pleine maîtrise de son langage musical. Ces titres montrent la cohérence du dernier double album qui glisse sans effort de la chanson française à la bossa nova.

Benjamin BiolayCe soir, le show est traversé d’hommages appuyés. Avec « Des lendemains qui chantent » Benjamin Biolay évoque Françoise Hardy qui avait souhaité enregistrer ce morceau en duo avec lui. Le public écoute dans un silence quasi religieux. Le chanteur s’amuse ensuite en racontant avoir « volé une cassette de chansons de Serge Gainsbourg à la Fnac Bellecour » lorsqu’il était ado avant d’embrayer sur un « Couleur Café » chaloupé qui semble naturellement trouver sa place ici. Le public sourit, complice. On y retrouve l’élégance bienveillante et la respiration ample du Biolay crooner, toujours au bord du murmure. Puis vient la parenthèse enchantée « Jardin d’hiver » écrit pour Henri Salvador, qu’il effleure avec une délicatesse nostalgique, presque aérienne suivi de « Les passantes » de Brassens dans une version inspirée et solaire. Trois covers qui confirment que Biolay sait reprendre les géants sans les imiter. On notera également ce clin d’œil au 01 décembre avec ce « Vive le vent » (Jingle Bells) qu’il réchauffe d’un rayon de son soleil sud-américain.

Une heure trente sans temps mort, c’est déjà l’heure du rappel. Et là, changement radicalement d’énergie. La salle va se transformer soudain en un club fiévreux. Après la douceur d’un set chaleureux et acoustique, Benjamin Biolay électrise le public d’une salve électro rock avec « Soleil profond », « Les joues roses » et « Comment est ta peine ? » trois titres joués sans pause, sans respiration comme une pulsation rock qui montre un Benjamin Biolay plus nerveux, plus urgent. Les spectateurs répondent, debout et se mettent à danser animés d’une énergie inattendue. Pour ce deuxième soir parisien, Benjamin Biolay a offert au public parisien un concert élégant et habité avec ce qui fait sa force depuis 25 ans :  brouiller les pistes entre chanson française et musiques latines tout en célébrant les ainés qui l’ont inspiré.

All pix by JCM

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