DANS LA GENESE DU SERIOUS MOONLIGHT TOUR DE BOWIE
Voici 42 ans dans BEST, GBD assistait en unique invité privilégié aux répétitions de la tournée la plus ambitieuse menée par David Bowie depuis son « Last live show » des adieux de Ziggy Stardust. En effet, dans la foulée de son album le plus populaire de sa vie, le funky « Let’s Dance » réalisé sous la houlette du magicien Nile Rodgers, notre Thin White Duke s’apprêtait à parcourir le vaste monde. Convié par Nile et ses musiciens, il était alors le seul journaliste présent aux studios SIR de NY pour vivre la Genèse du mythique « Serious Moonlight Tour », avec entre autres, le regretté Stevie Ray Vaughn. Flashback…

Bowie
Au pays magique du rock, c’est souvent comme dans la vraie vie, tout se résume le plus souvent à une succession de rencontres en cascades. C’est ainsi qu’en juillet 1981 je rencontrai pour la toute première fois Nile Rodgers au mythique Power Station studio de New York ( Voir sur Gonzomusic CHIC… MA PREMIÈRE RENCONTRE AVEC NILE RODGERS… Part One et aussi CHIC… MA PREMIÈRE RENCONTRE AVEC NILE RODGERS Part Two ) et, ce même jour, je me liai d’amitié avec un musicien de Chic ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Chic ), le claviers Raymond Jones. Deux ans plus tard, lorsqu’il accompagne Nona Hendryx en tournée, à son invitation j’assiste au show de Washington DC et rencontre à cette occasion le bassiste Carmine Rojas. Et c’est ainsi que Carmine et Raymond, sachant déjà que Nile m’avait à la bonne, me lancent une invitation à laquelle nul rock-critic n’aurait pu résister : être le seul journaliste présent pour assister aux répétitions du « Serious Moonlight tour » de David Bowie ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=David+Bowie ) au SIR (Studio and Instruments Renting) de Manhattan avec Stevie Ray Vaughn, engagé pour l’occasion. Hélas, le Texan ne participera pas à cette tournée, remplacé au pied levé par le brillant Earl Slick. Plus de quatre décennies plus tard, j’écoute toujours cette cassette des répètes offerte sous le sceau du secret par Carmine Rojas et mon cœur sans doute bat un peu plus fort.
Publié dans le numéro 180 de BEST sous le titre :
CANTATE AU CLAIR DE LUNE
« Le « Serious Moonlight tour » de David Bowie illumine l’Europe. Jean-Éric Perrin et Claude Gassian interceptent les ricochets de Lyon, tandis qu’auparavant, à New York, Gérard Bar-David surveille les préparatifs et rencontre Nile Rodgers, le maître à sonner du maître à danser. »
Christian LEBRUN
« Por favor señora, adonde esta Carmine ? » Sans jouer les snobs ou les érudits de choc, New York est peut-être la seule ville où j’ai l’occasion d’exercer mon espagnol. Heureusement, la grand-mère du bassiste de Bowie parvient à me comprendre au téléphone. La répétition, sous la direction de Carlos Alomar, a lieu au SlR, le Studio and Instruments Renting, situé sur la 52e rue West. À New York, l’aventure débute souvent par un taxi jaune canari. Le mien zigzague avec adresse entre tous les motherfuckers qui bloquent te trafic jusqu’à la 8e avenue. Je paie et j’exile face au calicot géant SIR. Plus tard, un des choristes du groupe me donnera sa propre traduc’ du logo : Sorry I Rented it ! « Hi l’m looking for Carmine » : explications, discussions, indications, directions. Le sound-stage est au fond, à gauche. » Dans le studio de droite, Dave Edmunds se marre bruyamment dans l’écho de sa sono. Le gang de Bowie occupe la grande salle. À travers les deux battants des portes de bois filtre la mélodie de « Stay ». Bien sûr, Bowie n’est pas là, qu’est-ce que vous croyez. Peu importe, l’épisode conserve son excitante saveur. Avant même de rentrer dans le studio, je me sens totalement auditeur, un voyeur avec des oreilles : les membranes stéréo de mon microphone interne Lorsque j’ai rencontré Carmine Rojas, bassiste de Nona Hendryx, à son gig de Washington et qu’il m’a proposé ce petit avant-goût de la tournée Bowie, j’ai accepté sans hésiter. À quoi pouvait bien ressembler le patchwork assemblé par Bowie et Nile Rodgers, les co-géniteurs de « Let’s Dance »? Des blancs, des noirs, des blueseux, des rockeux, des funkeux, sous la poigne du thin black duke. Sans en avoir jamais discuté avec l’intéressé, je comprenais ses raisons d’avoir choisi de vivre à New York, la Grosse Pomme, et tous ses quartiers aussi dissemblables les uns des autres. Éclectiques mais soudés, la chance des musiciens de NY, c’est l’échangisme. C’est vrai, ici, les crédits des pochettes de disques ressemblent à ces cartes de cocktails des bars américains. Les rapports entre groupes ou familles de musiciens y sont franchement incestueux. Chic se mélange à Material, Material flirte avec Nona, Nona compte fleurette aux Talking Heads… Apprès avoir suivi Nektar, groupe de rock progressif des 70’s. Carmine pulse pour Bowie et Nona, mais dans le même temps, il vibre avec Driving School, son propre groupe, sur une pop n’ funk nerveuse Quel micmac.
RICOCHET
Le soleil se levait tout juste sur les ponts de Manhattan lorsque Nile et David se sont rencontrés dans un club parallèle, bien après l’heure légale de fermeture des boites. Peu importe qu’ils soient tombés l’un dans les bras de l’autre ou qu’ils se soient salués d’un « hi », seul le résultat compte ( Voir sur Gonzomusic LES 40 ANS DE LA RENCONTRE ENTRE DAVID BOWIE ET NILE RODGERS). « Golden years wap wap… », sur la poussée de « Modern Love », le même son puissant et qui caractérise le Bowie nouveau. Alomar au micro n’a certes pas le set des cordes vocales du boss, mais la musique a le frappé d’un direct sur la peau tendue d’un punching-ball. Blam ! Profitant d’une pause, Carmine me rejoint sur le canapé de cuir où je suis installé, au fond du studio. Carmine a conservé la chaleur de ses origines porto-ricaines ; lorsqu’il discute, il se laisse toujours emporter et son sourire, qui ne le quitte jamais, s’ouvre sur ses dents éclatantes. « Viens, je vais le présenter. » Et je serre successivement une bonne douzaine de mains. Tony Thompson, le batteur, ne lâche pas sa bière Bud’, Alomar est hilare et lance des vannes, Stevie Ray Vaughan, l’autre guitariste, reste plongé dans son rêve, les trois cuivres font la navette entre les chiottes et le téléphone, Nile Rodgers ne s’est pas encore pointé. Neuf mois de tour, c’est long », confesse Carmine, s heureusement que nous avons un 727 pour voler où nous voulons. » Je le questionne e Et le show, à quoi ressemble-t-il ? » Les indications de mon copain ressemblent à un puzzle ; par bribes, il me dépeint les décors, les costumes colorés, l’ambiance « Shangaï Express », l’Asie des années trente et la fumée âcre des tripots d’opium. C’est drôle, Stevie Ray a justement un dragon tatoué sur la poitrine, il lui suffira de jouer la chemise ouverte pour coller au décor ( En tait, cinq jours avant le début de la tournée, Stevie Ray Vaughan déclara forfait. On alerta en catastrophe l’ancien et fidèle compagnon, Earl Slick, qui dût ingurgiter en quelques heures la répétition d’une bonne trentaine de morceaux : NDR) . Détail touchant, les premières mesures du rappel seront celles de « Jean Genie ». Détail cocasse : Carlos utilise une guitare qui ressemble à un jouet. Détail inquiétant et si c’était l’ultime tournée de Bowie ? J’imagine les musicos transfigurés par le look « China Girl », je parie que le film d’Oshima_n’y est pas étranger. Le groupe attaque les premières mesures de « Fashion ». Nile Rodgers viendra sans doute demain puisque c’est l’ultime répétition avant le décollage du jet Bowie. Une dime dans la fente, je pianote le digital sensitif du téléphone. Nile à l’autre bout, m’invite à passer chez li à la maison. Adios Carmine, see you in Paris !

Carmine Rojas et Bowie
Un autre taxi, une autre course jusqu’à Colombus Circle. Ricochet… Dix minutes plus tard, le gardien moustachu en livrée grise effleure la touche de l’interphone de l’appart’ 28 B: Mister Rodgers… » Après le « Okaye » de l’intéressé, l’ascenseur speedé m’entraîne jusqu’au vingt-huitième niveau L’appart’ de Nile est somptueux, mes Nike Air s’enfoncent dans la laine profonde. Les baies vitrées dominent l’Hudson River comme un travelling sur écran géant. Nile m’offre un verre de vin. Je refuse poliment les cubes de glace qu’il me propose. Je suis littéralement subjugué par les chromes et les néons d’un Wuriitzer. Rodgers pourrait, s’il le souhaitait, le gaver en n’utilisant que ses albums et ses productions. Je trinque avec un Monsieur décidément très prolifique. Jugez vous-même : un LP solo. « Adventures In the Land of the Good Groove », un nouvel album de Chic à venir, une co-production de Bowie, une production du prochain Simon and Garfunkel, ainsi que celle du futur Southside Johnny. Nile m’entraîne dans son studio :
« J’ai aussi un poulain qui va faire des ravages, écoute un peu Michael Gregory c’est de la dynamite » Il enclenche le start d’un TEAC 4 pistes et, soudain, l’espace s’emplit d’un cool funk-rock qui vous élève bien au-dessus du sol. Technique mais passionné, Michael glisse avec aisance dans les nouveaux courants chauds à la the System ou Material.
« Je l’ai rencontré dans un club de jazz, il jouait comme un Dieu, je ne pouvais pas m’abstenir de bosser avec un type pareil. »
SHAKE IT

Nile et Bernard
Nile s’interrompt pour décrocher un téléphone qui bippe : c’est le Japon. En dix minutes, il récite son interview au rock critique nippon. L’autre, pendu à son fil à douze mille bornes de là, a juste le temps de placer un yes ou deux. Sayonara et notre dialogue reprend :
« J’ai l’impression que tu rencontres beaucoup de gens dans les clubs Michael, Bowie au Continental ?
C’est justement « Adventures in the Land Of the Good Groove ». Je sors tous les soirs. Sinon, je bosse. Comme je n’ai pas envie d’écrire tous les soirs, je rode. En ce moment, ça me permet de rassembler mes idées pour le nouveau Chic.
Honnêtement, je n’étais pas très emballé par le précédent.
Honnêtement, moi non plus, Mais, ce soir, je peux te faire une promesse : si tu as un tant soit peu aimé « Adventures… », si tu as vibré sur le Bowie, tu craqueras sur le nouveau Chic. Comme « Let’s Dance », il aura ce je ne sais quoi de puissant. —
Rock ?
Complètement. Toute ma vie, j’ai essayé d’être un rocker black, mais le système « rock oriented » a toujours écarté les n….., non pour leur musique, mais à cause de la couleur de leur peau. Aujourd’hui, grâce à Bowie ou à Debbie Harry, je peux me squeezer hors du ghetto. Historiquement, le rock et la musique black n’ont jamais été autant imbriqués. Mais j’ai tout juste trente ans et ça me fait mal au ventre. J’aurai pu être lead guitar d’un rock band depuis plus de douze ans. Des gens comme Bowie font vraiment avancer les choses. Lorsqu’on écoute l’album, on comprend que « Let’s Dance » et « Shake it » sont les deux seuls R and B, le reste est typiquement 8owie. Heureusement, sinon, pour moi, c’est le cul-de-sac, Si Chic avait sorti une chanson comme « Let’s Dance », j’imagine aisément les réactions : « Puff… ces noirs savent tout juste parler d’amour ou de danse. Mais si j’écrivais « Ricochet » nul ne lui prêterait attention… L’industrie musicale est une industrie raciste.
Pourtant depuis quelques mois j’ai une impression d’ouverture ; regarde un groupe aussi improbable que Dexys cartonner ici ?
Mais l’Amérique n’est pas fermée aux Européens ; elle l’est juste pour ses Blacks.Tout ce qui est blanc a ses chances, ici, même les Noirs étrangers sont pius vernis que nous. La semaine dernière, j’étais à un séminaire black et l’on parlait de l’influence de la musique africaine. Moi, je leur at dit : « Vous vous excitez aussi tardivement sur l’Afrique, alors qu’à dix-sept ans, c’est le genre de musique que je jouais et aucun d’entre vous n’aurait bougé le petit doigt pour m’aider. » Tout le monde parle de Sunny Ade, mais uniquement parce que des blancs s’y sont intéressés, hélas les Noirs américains n’y sont pour rien.
Quelle fut la connexion pour Simon and Garfunkel et Southside Johnny ?
En ce qui concerne Southside, le guitariste m’a expédié une cassette. Je me suis dit : « Bof, Southside », et je l’ai laissé traîner une semaine. J’ai décidé de l’écouter en voiture et j’ai failli me planter dans une borne d’incendie. Dès les premières mesures (Nile se met à chanter), j’ai écrasé les freins de la bagnole : c’était incroyable. Quelques jours plus tard, je leur ai parlé, pour leur part, ils avaient écouté « Land of the Good Groove » et c’est ce qui les a décidés à m’envoyer leur cassette. C’est marrant, mais si je produis Simon and Garfunkel, c’est pour la même raison : ils ont aussi craqué sur le son de batterie, comme Bowie. Ce soir où l’on s’est rencontré, il m’a tout de suite parlé de son album. Mais Bowie ne savait pas exactement ce qu’il voulait. On a petit-déjeuné à la maison. Je lui ai passé les premiers mixes de « Adventures in… » et ça l’a fait bondir sur le fauteuil, « J’ai vraiment envie que nous fassions ce disque ensemble » : il s’était décidé d’un seul coup. Le problème avec Chic, c’est que nous sommes cinq et je dois bien composer avec les goûts de tout le monde.
SPACE ODDITY
Mais j’ai toujours pensé que Chic, d’un point de vue décisionnaire, c’était avant tout Bernard (Edwards) et toi ?
Oui, mais nous pensons aussi aux autres. S’ils n’aiment pas ce qu’ils chantent ils n’y mettront pas autant de flamme et d’émotion. Mais je n’ai pas envie de passer ma vie à faire et re-faire « Good Times ». D’ailleurs, au début, David voulait qu’on fasse « Let’s Dance » exactement sur le même tempo. J’ai joué sur ma guitare ce qu’il souhaitait, mais je n’aimais pas cela Je lui ai dit :« David, s’il te plait, écoute-moi ; je ne peux pas jouer comme ça, c’est comme si j’exigeais de toi que tu me fasses à nouveau « Space Oddity ». Même si j’adore cela, tu l’as déjà fait, alors c’est inutile. » On a laissé tomber « Good Times » pour trouver le son parfait de « Let’s Dance », J’étais heureux je pouvais faire sonner ma guitare exactement comme je le souhaitais.
Tu aimais Bowie avant de travailler avec lui ?
Bien sûr j’ai tous ses disques, même « Pin Ups » que je trouve assez décevant. Pour moi, cet album n’a pas la magie habituelle de Bowie, un must comme « Ziggy Stardust » où chaque chanson est un trait de génie. Même « Low » et ses côtés Intellos d’avant-garde, c’est du Bowie qui sait rester excitant. J’ai tous ses disques, tous ses singles ».
Nile s’interrompt car l’écran en couleurs PAL branché sur MTV s’anime d’instantanés de New York : les néons, les ponts, les bagnoles. les visages pâles, les black s’enchainent à toute vitesse.
« C’est une de mes vidéos, une des premières que le réalise seul, elle passe de temps en temps sur MTV.»
Nile, sur sa télécommande, module le volume. On voit des gosses danser en training, des rappers du corps, Ils sont si souples qu’ils se contorsionnent et rebondissent dans tous les sens.
Et quels sont tes rapports avec le rap, justement ?
Les kids que tu vois sur la vidéo viennent très souvent ici, on fait des figures en écoutant du rap. Et puis « Good Times n’est-il pas le premier de tous tes raps. Aujourd’hui, j’en suis fier, mais la manière dont je l’ai découvert est un vrai gag. Un soir, j’ai déboulé dans un club. Le DJ que je connaissais est venu me chercher au bar : « Nile, il faut que je te fasse écouter un truc c’est super. En plus, ça va t’amuser. » Il a posé le maxi du Sugarhill Gang sur la platine. J’ai tout de suite trouvé cela génial pour un mixage de DJ, j’ignorais bien évidemment qu’ils avaient commercialisé les disques. —
Tu fais à la fois du rock, du funk, du jazz. Y a-t-il un genre que tu détestes ?
Lorsque tu vis à New York, c’est le choc culturel perpétuel ; si tu aimes la musique, tu aimes toute la musique. Moi, j’ai touché à tout, de l’africain au folklore arménien, c’est la meilleure des approches.
Tu es donc presque comme ton Wurlitzer ?
En quelque sorte. Mais les Français auront l’occasion de le vérifier à Auteuil, car il y a de fortes chances pour que je fasse quelques dates avec Bowie. Comme je n’ai pas souvent l’occasion de monter sur une scène, je deviens fou dès que je vois le public En plus, j’ai une dette envers Paris puisque /e seul gig de Chic avait été annulé en catastrophe pour une histoire de tension électrique (50/60 Htz : NDR). Je suis sûr que Paris est une terre de bonnes vibes (good grooves), je brûle de les expérimenter ».
Carmine Rojas pousse le battant de la porte du dealer Aïwa « Salut, il faut que vous me répariez mon Walkman avant la fin de la semaine je pars pour l’Europe et je crois bien que j’en aurai besoin. » Carmine connaît l’engrenage : neuf mois de tournée et la circonférence du globe, l’aventure s’épelle B-o-w-i-e. A Manhattan, les kids ont déjà recouvert les affiches sold out des concerts par d’autres qui proclament : « David, s’il te plaît, rajoute une date car nous n’avons pas de billet ». Bowiemania « Let’s Dance » fait déjà bouger la moitié de la planète et l’autre ne va guère tarder à suivre. Snobisme, on s’excite déjà su rie cinéma et la musique jap : grâce à Bowie, les têtes de cons découvrent enfin Ryuichi Sakarnoto. Quelques jours plus tard, un avion argenté s’engage sur la piste de la Guardia airport « Vol XXX Bowie demande l’autorisation de décoller, et la tour de contrôle de répliquer : autorisation accordée XXX. Bonne route… et heu, il ne vous reste pas un billet ou deux en rab pour le show ?»
Publié dans le numéro 180 de BESTdaté de juillet 1983