THE BLACK KEYS « No Rain, No Flowers »

The Black KeysCette belle éclaircie rock a pour nom “No Rain, No Flowers” et en effet tout le flower power des Black Keys se révèle comme la meilleure surprise rock de cette terne rentrée. Car avec leur treizième album studio, Dan Auerbach et Patrick Carney poursuivent une œuvre déjà riche de deux décennies avec ce disque de consolidation, lumineux et fidèle à l’ADN blues-rock cradingue du duo, ponctué d’irrésistibles élans pop assumés, que des collaborations extérieures viennent nuancer sans le trahir. Une œuvre de continuité traversée de moments pop cinglants qui ont su éblouir JCM à l’instar de toute la rédaction de Gonzomusic. Vous avez-dit disque de l’année ?

The Black KeysPar Jean-Christophe MARY

 

Un an à peine après le tumulte promotionnel d’« Ohio Players », les Black Keys ( Voir sur Gonzomusic THE BLACK KEYS “Brothers” Remastered Anniversary Edition  , THE BLACK KEYS “Delta Kream”  et aussi  THE BLACK KEYS « Ohio Players » )  reviennent avec « No Rain, No Flowers ». Fidèles à leur formule blues-rock musclée qui a construit leur réputation dans les années 2000 et toujours partants pour des collaborations inattendues, Dan Auerbach et Patrick Carney ont recruté cette fois les services de trois hitmakers : Daniel Tashian (Kacey Musgraves), Rick Nowels (Madonna, Lana Del Rey) et Scott Storch (Beyoncé, Dr. Dre). Résultat, le disque garde les racines brutes du duo tout en s’autorisant des éclats de lumière pop.Enregistré entre Nashville, Philadelphie et Los Angeles, l’album respire une vitalité contagieuse. Musicalement, le disque reprend les fondamentaux : riffs saturés, rythmiques carrées, voix éraillée de Dan Auerbach. Mais il ne s’interdit pas des parenthèses de douceur ou des refrains plus accessibles. Là où « El Camino » lorgnait vers la pop orchestrée par Danger Mouse, « No Rain, No Flowers » ne cède jamais à la tentation du formatage. Chaque morceau reste solidement ancré dans une nostalgie vintage, un mélange de garage rock abrasif, indie rock immédiat et blues rugueux, agrémenté de touches modernes. La chanson-titre « No Rain, No Flowers » donne le ton : riffs nerveux, refrain pop solaire, et un message optimiste qui sonne presque comme un mantra, la douleur engendre la beauté. Ce titre entrainant est à la croisée de « Gold on the Ceiling » et « Everlasting Light ». Vient ensuite « The Night Before », morceau incandescent qui rappelle la fougue d’Attack & Release. Avec cette ambiance pop garage énergique, cette batterie martiale, cette guitare fuzz agressive qui entraine une montée euphorique, c’est le morceau le plus fiévreux de l’album. Un titre qui ne cesse de tourner sur la platine.

The Black KeysLe catchy « Babygirl » délivre lui une pop rock plus sucrée, plus légère et groovy, rehaussée de claviers scintillants comme seul Scott Storch sait les jouer. Le très soul et chaloupé « Down to Nothing » est un retour aux racines porté par la guitare wha wha, l’orgue et la voix trainante d’Auerbach, un titre qui rappelle « Thickfreakness » en plus élégant et sophistiqué. Plus loin l’hypnotique « On Repeat » est porté par une rythmique lancinante, un riff de guitare circulaire et un délicieux refrain catchy. Inspiré des ballades 60’s, avec un parfum de Motown passé au filtre garage « Make You Mine » développe une ambiance rock rétro soul où le piano et les orchestrations luxuriantes en font un arc en ciel des plus coloré. Le crunchy « Man On a Mission » et le musclé « Kiss It » rappellent la face la plus sauvage du duo. Ces titres renouent avec la saleté originelle, ce grain cradingue qui fit leur renommée. On ici retrouve la rage des débuts, le son brut et sans fioriture quand une ballade comme « All My Life » ouvre elle une respiration plus tendre. Là où Danger Mouse avait jadis infléchi « El Camino » et « Turn Blue » vers une sophistication pop et psychédélique, ce nouvel album opte pour un dosage subtil : garder l’ossature blues-rock et y injecter juste assez de vernis moderne pour séduire sans trahir. Ce n’est pas un album de surprises, mais un album d’authenticité, où l’énergie brute s’allie à la mélodie. Enfin, le disque se referme sur « Neon Moon », une ballade aux parfums folk-rock-blues avec ces guitares réverbérées qui rappelle une Amérique cinématographique imaginaire. Ce magnifique titre est sans doute l’une des plus belles conclusions de leur discographie.« No Rain, No Flowers » est un album de continuité, fidèle à l’identité du groupe. Ni aussi brut que leurs débuts, ni aussi pop que « El Camino », ni aussi psychédélique que « Turn Blue », il rappelle par son équilibre et sa cohérence un disque comme « Brothers » (2010), où l’énergie garage et l’ouverture mélodique trouvaient leur juste point d’équilibre. Un disque qui, sans chercher à séduire par l’innovation, réussit à rappeler pourquoi le duo Auerbach et Carney reste, plus de vingt ans après ses débuts, l’un des derniers artisans authentiques du rock américain.

 

 

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