L’ANNÉE DU TECKEL PAR PIERRE MIKAÏLOFF

Pierre MikaïloffGuitariste des Désaxés, journaliste rock, ardent contributeur de votre Gonzomusic et auteur émérite, quatre années après « L’affaire Dan Cooper », Pierre Mikaïloff publie son nouveau roman, « L’année du teckel » et l’on peut dire que l’animal n’est pas piqué des hannetons ! Car on peut carrément parler d’effet papillon avec ce teckel-là. Vous savez bien, cette idée qu’un simple battement d’ailes de papillon au Brésil pourrait déclencher une tornade au Canada, prouvant que de petites anomalies dans un système peuvent provoquer des changements drastiques, comme ce funeste jour où Felix Grossmann, journaliste people, croise la route du teckel Hindenburg et de son maitre Enguerrand et voit soudain sa vie basculer dans un absurde, qui finit forcément par atteindre son paroxysme, digne d’un roman de Boris Vian.

Pierre MikaïloffSi l’on cherchait à illustrer parfaitement toute la dinguerie de l’effet boule de neige, alors « L’année du teckel » y parviendrait on va dire intensément. Une situation banale va ainsi peu à peu se transformer pour grossir démesurément à l’instar de la grenouille de la fable qui voulait être aussi grosse qu’un bœuf. Un journaliste pour la presse à scandale doit rendre à son rédac chef un article sur le Palace ( Voir sur Gonzomusic RIP CLAUDE AURENSAN ) et débarque chez son pote photographe Martin pour récupérer des clichés d’archives, du club légendaire de Fabrice Emaert, pour illustrer son papier. Felix en pleine rupture amoureuse héberge son étrange et neurasthénique copain Enguerrand, accompagné de son teckel Hindenburg.  La saucisse sur pattes échappant à l’attention de son maitre va bientôt voler un rosbif sur un marché et finir par causer un accident sur la voie publique, impliquant une Austin Mini et un tramway parisien. La circulation de tout le sud de la capitale se retrouve bloquée des heures durant et la boule de neige commence à rouler rouler…. puis à grossir grossir lorsque la police émet un avis de recherche avec un portrait-robot qui ressemble à s’y méprendre à notre Félix suspecté d’être le maitre de l’affreux Hindenburg. De quiproquos en absurdités, l’intrigue se développe vitesse grand V, jusqu’à atteindre des proportions grotesques avec l’arrivée du GIGN et une intense mobilisation des médias en mode « breaking news » comme des assoces militantes de la gauche de la gauche qui forcément s’insurge contre « l’arbitraire policier » et qui organise des manifs.

Pierre MikaïloffPierre Mikaïloff ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=PIERRE+MIKA%C3%8FLOFF ) signe ici une magnifique ode aux multiples dérives auxquelles nous sommes de plus en plus confrontés. Politiques mais aussi médiatiques, la preuve par cette couve du magazine d’extrême droite Valeurs Actuelles avec « Hanouna for president », comme un nouveau Zemmour, qui a enflammé hier toute la journée les chaines d’infos en continues, avant de se dégonfler comme un ballon de baudruche, lorsque le trublion intéressé a fini par admette  à l’antenne qu’il s’agissait d’un canular. Comme un pari gagné sur l’absurde, « L’année du teckel » me fait un peu songer au « Vercoquin et le plancton » de Boris Vian. Les aficionados du rock apprécieront également les nombreuses références musicales et en premier lieu le choix du nom du personnage Félix Grossman, sans doute en clin d’œil au fameux manager de Bob Dylan. Vous l’aurez compris, vous n’avez décidément pas fini d’être toqués de ce « L’année du teckel ».

 

« L’année du teckel »Pierre Mikaïloff

par Pierre MIKAÏLOFF

 Éditions Héliopoles

 

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