VERONIQUE SANSON « Le Maudit » Edition Deluxe CD et vinyle
Enregistré en 1974 avec Stephen Stills et son groupe, le fulgurant Manassas, soit la fine fleur des musiciens américains de l’époque, « Le Maudit » est considéré par les fans de « Véro » comme étant son plus bel album de tous les temps. Décryptage sérieux par JCM à l’occasion d’une réédition Deluxe + Blu-ray audio Dolby Atmos avec le disque original remastérisé et enrichi de 6 maquettes de travail, d’un document live, d’un nouveau remix et des versions alternatives et étrangères.
Par Jean-Christophe MARY
Une voix de légende, des mélodies fortes qui donnent aux textes cette ampleur exceptionnelle, les fans apprécient « Véro » autant pour son humour et sa gentillesse que cette proximité, cette intimité qu’elle crée avec eux. Cinquante ans après, les chansons de Véronique Sanson ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=veronique+sanson ) sont toujours là, fidèles à cette musique pop rock et folk américaine que lui a fait découvrir Stephen Stills lors de ces « années américaines ». Après deux premiers albums réalisés par son compagnon Michel Berger, «Amoureuse » et « De l’autre côté de mon rêve », ce dernier insiste pour que Véronique l’accompagne à l’Olympia voir Stephen Stills, membre du groupe Crosby, Stills, Nash and Young, cette année-là en tournée avec sa formation Manassas. Le lendemain du concert, Véronique Sanson rencontre le chanteur guitariste, dans le bureau de son producteur Bernard de Bosson. Le coup de foudre est immédiat. En février 1973, après six ans de vie commune Véronique Sanson quitte brutalement Michel Berger et s’enfuit aux États-Unis pour rejoindre Stephen Stills. Cet « exil » lui apportera énormément professionnellement. A commencer par « Le Maudit » qu’elle produit elle-même avec les musiciens de Stephen Stills. Il sera le premier album d’une série de cinq enregistrés aux États-Unis. Les chansons qui ont pris un virage beaucoup plus rock évoquent en grande partie son exil américain et les regrets d’avoir quitté la France. Plusieurs titres contribueront au succès de cet album « américain ».
Tout d’abord « Alia Souza » sorte de bossa nova ensoleillée aux sonorités brésiliennes qui est toujours aujourd’hui l’un de ses incontournables en live. Installé dans un ranch d’altitude perdu dans les montagnes du Colorado, le couple Sanson Stills s’agrandit avec l’arrivée de leur fils Christopher, le 19 avril 1974. « Christopher » est une balade émouvante à ce cadeau de la vie qui arrive en pleine écriture de l’album, un point d’encrage positif au milieu de la vie rock’n’roll que mène le couple entre la dope, de l’alcool et l’argent facile qui coule à flot. « Le maudit » dans laquelle Véronique parle d’elle-même à la deuxième personne du singulier est dédiée à son ancien compagnon Michel Berger, une chanson bluesy de toute beauté où la chanteuse s’arrache les tripes. Le piano dissonant de « Véronique » porte un texte énigmatique probablement existentiel sur la période qu’elle traverse depuis son exil. Le rock swinguant « Les cloches de carmel » fait référence à sa vie nouvelle aux côtés de Stephen Stills tandis que « Ma Musique s’en va » et « Bouddha » évoquent eux sa rupture avec Michel Berger. Boosté par les riffs rock tranchants de Stephen Stills « On m’attend là-bas » conclu album de très belle manière. Tout au long de cet album plus sombre que les deux précédents, on est sous le charme de sa voix ample, somptueuse au service de cette ténébreuse promenade pop rock. Pour ses 50 ans, ‘Le Maudit’ est réédité en 2 formats remasterisés : digipack CD + Blu-ray audio Dolby Atmos & Double vinyle noir. Outre l’album qui contient ‘Alia Soûza’, ‘Bouddha’, ‘Le Maudit’, ‘On m’attend là-bas’, chaque édition propose un nouveau remix de ‘On m’attend là-bas’ par Fred Falke, des démos instrumentales inédites de ‘Ma musique s’en va’ et ‘On m’attend là-bas’, la version italienne ‘Povero maledetto’ du titre ‘Le Maudit’, des versions alternatives de ‘Cent fois’ et ‘Un peu plus de noir’. Qu’on se le dise !