SHAKIRA « Las mujeres ya no lloran »
Mieux vaut tard que jamais, JCM s’est offert en guise de séance de rattrapage au titre lacrimal « La Mujeres Y No Lloran » de Shakira sorti depuis le printemps. La chanteuse libano-colombienne publiait alors ce sanglant album « règlement de comptes » sans doute piquée par la rupture avec son ex-footballeur. Surprise, après moult analyses, le disque s’avère être quelque part le « Blood on the Tracks », voire le « Here, My Dear » de la tornade blonde. Ne dit-on pas Shaki rira pleurera le premier ?
Par Jean-Christophe MARY
Avec ses millions de disques écoulés, la chanteuse et compositrice d’origine libano-colombienne est devenue en l’espace de trois décennies l’une des plus grandes artistes crossover de la pop latine. Après avoir sorti au début des 90’s deux albums albums marquant « Pies Descalzos (1996), suivi de « Dónde están los ladrones ? » (1998), la bomba latina s’est hissée en tête des charts de la scène mondiale avec un premier titre en anglais « Laundry Service » (2001). Boosté par le puissant « Whenever, Whereve, elle est vite devenue l’une des sensations pop internationales. Depuis, elle est longtemps restée en tête des charts avec plusieurs albums « Fijacion oral, Vol. 1 », « She Wolf » (2009), et « Sale el Sol » (2010) et « El Dorado » (2017), classé numéro un au Billboard et qui a obtenu le Grammy du meilleur album pop latino. Et puis… plus rien. On désespérait de réentendre un jour Shakira, impératrice du groove latino qui mis à part quelques singles avait disparu de la circulation en 2017. C’est donc avec un plaisir extrême que l’on apprend son retour. Retour d’autant plus satisfaisant que « La Mujeres Y No Lloran » reprend l’histoire là où elle l’avait laissée. Ce nouvel opus rassemble en effet tous les singles sortis entre 2017 et 2024, des hits en collaboration avec les chanteurs et rapper portoricains Anuel AA, Ozuna, Rauw Alejandro, les Black Eyed Peas, le rapper columbien Karol G, le quatuor mexicain Fuerza Regida ou le DJ argentin Bizarrap. Si la recette pop latine reste identique, on comprend que côté textes « Las Mujeres Ya No Lloran » est le grand album de rupture de Shakira, et est quelque part son « Blood on the Tracks » , voire son « Here, My Dear » ( composé par Marvin après son divorce avec la fille de Berry Gordy considérant qu’ avec ce LP il travaillait désormais pour elle vu l’argent qu’il lui devait : NDREC)- à elle.
Cette rupture est visible dès la pochette qui présente en gros plan son visage en pleurs, où les larmes se transforment en diamants. Car ici la tornade blonde exorcise sa séparation très médiatisée avec le footballer Gerard Piqué. Soient 15 morceaux collaboratifs diffusés sur les ondes entre 2022 et 2024 qui alternent avec quelques nouveautés. Marquées par la tristesse et la colère, ces chansons sont une plongée dans les sentiments d’une femme blessée qui utilise la musique pour se reconstruire. Et cette musique est joyeuse pleine de vie. Dès le premier titre bondissant « Puntería » puissant hymne féministe sur lequel Shakira partage la vedette avec Cardi B, le ton est donné. On y trouve des textes très introspectifs que soit sur le très explicite « Shakira: Bzrp Music Sessions, Vol. 53 » puissant titre remixé par DJ Tiësto, sur l’electro pop “La Fuerte” en compagnie de Bizarrap ou sur “Entre Paréntesis” avec le groupe mexicain Grupo Frontera. Petite bombe sonore « Cohete » nous propulse en orbite sur une rythmique disco irrésistible dont la couleur musicale et les « ‘ouhoouh ouh » rappellent la chanteuse belge Angèle. On notera le très rock « Cómo Dónde y Cuándo » qui devrait plaire lui aux fans de la première heure. Sur « Última » ballade déchirante qu’elle interprète seule au piano, Shakira livre l’une des plus belles chansons jamais écrites. Les reste de l’album passe en revus les derniers single de la star faisant de « Las Mujeres Ya No Lloran » une sorte de « Greatest Hits 2022-2024 ». En conclusion « Las Mujeres Ya No Lloran » est un album latin pop coloré qui prouvent que la jolie tornade blonde peut encore surprendre